Trouble affectif saisonnier : mythe ou réalité ?

Largement employé dans le langage courant, le concept de « dépression saisonnière » est pourtant débattu scientifiquement.

Trouble affectif saisonnier : mythe ou réalité ?

Largement employé dans le langage courant, le concept de « dépression saisonnière » est pourtant débattu scientifiquement.

La saison en elle-même n’étant pas un facteur de dépression, la recherche s’interroge sur ses possibles influences sur notre santé mentale. Pour commencer, interrogeons-nous : le changement de saison affecte-t-il vraiment la santé mentale, et quelles sont les caractéristiques du « trouble affectif saisonnier » (Tas) ?

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1984 : c’est la date à laquelle la notion de trouble affectif saisonnier est apparue pour la première fois dans la recherche scientifique. [1]

« Dépression saisonnière », ou « Trouble affectif saisonnier » : de quoi s’agit-il ?

Il est courant d’entendre que le changement de saison affecte l’humeur et la santé mentale, au point de déprimer. Des opérations de communication se sont même saisies du sujet, au point de créer un jour de l’année : le Blue Monday.

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Plus que de « dépression saisonnière », la littérature scientifique aborde la question sous le nom de « trouble affectif saisonnier ». Ainsi, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) reconnaissait en 2015 les troubles dépressifs à caractère saisonnier. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), quant à elle, le classifierait comme un trouble dépressif récurrent. [4]

Un trouble affectif saisonnier pourrait se présenter sous forme d’irritabilité, la difficulté à se lever, la perte d’intérêt, l’appétit pour des aliments riches et le manque d’activité physique. [5]

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Trouble affectif saisonnier : qui est concerné ?

Le trouble affectif saisonnier affecterait tous les groupes d’âge et toutes les cultures. Certaines études identifient toutefois que les femmes seraient davantage concernées, entre 30 et 35 ans, et dans les pays du Nord. [4]

Dépression saisonnière : existe-t-elle vraiment ?

D’un point de vue scientifique, la saison ne constitue pas un critère suffisant pour expliquer des symptômes dépressifs. En effet, plutôt qu’une réelle relation de causalité, il semblerait que le changement de saison ne soit qu’un élément pouvant éventuellement influencer l’humeur. [2]

Dans ce contexte, les statistiques de dépression saisonnière varient considérablement selon les études. Elles représenteraient entre 0,4% et 15% des dépressions en France [3]. Selon d’autres sources, les dépressions saisonnières concerneraient 15% des troubles de l’humeur [4].

Dépression saisonnière : la question de la luminosité

D’après le premier « questionnaire de saisonnalité » établi en 1984, la saison aurait un impact sur six facteurs de trouble affectif saisonnier : le sommeil, l’activité sociale, le poids, l’humeur, l’appétit et l’énergie. [3]

40 ans plus tard, la majorité des études tendent plutôt à réfuter un lien direct entre saison et dépression.

Au cœur des recherches scientifiques : la question de la luminosité. La luminosité semble en effet jouer un rôle sur l’humeur et le dérèglement de la production de certaines hormones, comme la mélatonine et la sérotonine, responsables du sommeil et de l’humeur. [3] La saison d’hiver, associée aux températures froides et au manque de luminosité, jouerait un rôle sur l’humeur et le sommeil. [5]

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Confirmant le lien potentiel entre humeur et luminosité, la luminothérapie constituerait, selon certains spécialistes, une solution efficace dans 70% des dépressions saisonnières associées à l’hiver. [4].

La dépression : un trouble multifactoriel

L’influence de la saison demeure toutefois insuffisante pour justifier et expliquer à elle seule une dépression.

Les études concordent en effet sur le caractère multifactoriel des origines de la dépression, parmi lesquelles la saison interviendrait comme un « sous-groupe » de la dépression, plutôt que comme une cause. [3] Les facteurs intervenant dans les troubles dépressifs sont en effet d’ordre psychologique, biologique, et environnemental. [6]

La dépression peut aussi affecter les personnes âgées, quelle que soit la saison.

>> Lire notre article sur la souffrance psychique après 70 ans

Vous ou vos proches êtes concernés par un mal-être, des symptômes dépressifs, une souffrance psychique : n’hésitez pas à demander de l’aide sans attendre en passant par les lignes d’appel nationales et gratuites. Retrouvez toutes leurs coordonnées ici.

Sources

[1]https://www.larevuedupraticien.fr/article/lumiere-sur-la-depression-saisonniere

[2] https://www.vidal.fr/actualites/19187-etude-la-depression-saisonniere-existe-t-elle-vraiment.html

[3] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/01/26/depression-hivernale-qu-est-ce-que-le-trouble-affectif-saisonnier_5247346_4355770.html

 [4] https://www.larevuedupraticien.fr/article/lumiere-sur-la-depression-saisonniere

[5] https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/depression-hivernale-quest-ce-que-le-trouble-affectif-saisonnier-tas-122916.html

[6] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/depression-troubles-depressifs/comprendre-depression