En pratique, ce qui est dangereux dans la cigarette, ce sont les produits de la combustion du tabac. Or dans la cigarette électronique, il n’y a ni tabac, ni combustion, le e-liquide étant chauffé à 60°C, contre 850°C dans une cigarette conventionnelle.
La e-cigarette ne produit donc ni goudrons, ni monoxyde de carbone, ni particules fines solides. Elle produit essentiellement de la vapeur d’eau à partir du propylène glycol (un liquide sirupeux) contenu dans le e-liquide.
Outre le propylène glycol (un produit largement utilisé dans l’industrie agro-alimentaire), les autres composants d’un e-liquide sont :
- la nicotine : si elle est addictive, elle n’est pas dangereuse pour la santé. Diverses concentrations de nicotine existent (entre 3 et 20 mg/ml), à choisir selon le nombre de cigarettes fumées avant de passer à la e-cigarette. Depuis plus de 20 ans que l’on prescrit des substituts nicotiniques, on a acquis assez de recul pour savoir que la nicotine n’est responsable d’aucune maladie liée au tabac, hormis l’addiction.
- l’alcool : il peut représenter 2 % du e-liquide. Sur une journée de vapotage, cela ne représente que la quantité d’alcool apportée par moins d’un demi-millilitre de vin.
- les arômes : s’ils sont d’usage courant, on ignore à ce jour quel pourraient être leurs effets néfastes par voie inhalée. Il s’agit là de la principale incertitude de la cigarette électronique, outre ses effets à long terme.
En 2018, une analyse de l’ensemble des études a été menée sur l'utilisation des cigarettes électroniques comme outil de sevrage tabagique. Cette analyse rapporte que l'utilisation de cigarettes électroniques par les fumeurs est associée à un arrêt du tabac à court terme, avec une bonne tolérance mais une efficacité modeste. Une autre étude, menée auprès de patients atteints de cancer, montre que les cigarettes électroniques ne sont pas efficaces pour soutenir un arrêt du tabac sur une période de 6 à 12 mois. Il n'existe pas de données décrivant l'efficacité des cigarettes électroniques chez les femmes enceintes.
En mai 2019, une étude anglaise menée auprès de 19.000 fumeurs a montré que l’usage de la e-cigarette doublait les chances de parvenir à arrêter de fumer (comparé à aucune aide de sevrage). Cette étude va dans le même sens qu’une étude américaine publiée en février 2019 où l’efficacité de la e-cigarette a été comparée à celle des dérivés nicotiniques au cours d’un essai randomisé. Menée sur 900 personnes, cette étude a montré que, après une année, la e-cigarette était deux fois plus efficace que les dérivés nicotiniques, mais que 80 % des vapoteurs continuaient à utiliser leur e-cigarette (alors que l’usage de dérivés nicotiniques ne persistait que chez 9 % des utilisateurs de cette méthode).
En 2013, un rapport de l’Office Français de prévention du tabagisme a conclu que la cigarette électronique était infiniment moins dangereuse que le tabac. De plus, une analyse croisée de 99 études, publiée en juillet 2014 dans la revue Addiction, confirme que la cigarette électronique est largement moins nocive que les cigarettes traditionnelles. Ces conclusions sont confirmées dans un avis rendu par le Haut comité de santé publique en février 2016.
Aucune de ces études n'a relevé la survenue d'effets indésirables sérieux. Les effets indésirables habituels de la e-cigarette sont minimes : sécheresse de la bouche, irritation de la gorge, toux sèche.
En 2015, une étude américaine avait relevé des taux inquiétants de formaldéhyde (formol, une substance cancérigène) dans la vapeur d’une cigarette électronique utilisée dans des conditions extrêmes de puissance électrique. Cette étude a été rapidement contredite par une autre étude qui a montré que, dans des conditions normales d’utilisation, la vapeur de cigarette électronique contient 32 fois moins de formaldéhyde que la fumée de tabac.
Ces résultats ont été confimés et renforcés en 2018 avec une étude évaluant l’émission de formaldéhyde selon les parfums des e-liquides. Cette étude a également montré que les cigarettes électroniques de dernière génération émettent moins de formaldéhyde que les modèles plus anciens.
Malheureusement, ces études n’évaluent pas les effets négatifs d’un usage prolongé de la cigarette électronique. En effet, si celle-ci est, en théorie, une aide temporaire vers un sevrage total, de nombreuses personnes semblent avoir choisi de l’utiliser en permanence, comme source de nicotine. Des études sont en cours sur le sujet.
La vaste majorité est due à l’inhalation d’acétate de vitamine E.
Au cours de l’été 2019, les autorités de santé américaines ont alerté sur des cas de pneumonie, parfois mortels, chez des usagers de e-cigarettes (805 cas, dont 12 décès). Après enquête, environ 80 % de ces accidents sont survenus chez des personnes qui utilisaient leur e-cigarette pour vapoter des liquides contenant du THC, un des principes actifs du cannabis. En particulier, ces pneumonies sont souvent survenues lorsque les usagers utilisaient des liquides (vendus sous le manteau ou concoctés « maison ») contenant de l’acétate de vitamine E.
Suite à ces signalements, l’Inde et les états américains du Michigan, du Massachussetts et de New York ont décidé d’interdire la vente de liquides pour e-cigarettes. Dans le cas de l’Inde, les experts pensent qu’il s’agit davantage de protéger l’industrie indienne du tabac que de prévenir des accidents, la e-cigarette étant relativement peu utilisée dans ce pays. La ville de San Francisco a également interdit la vente des e-cigarettes, mais pour prévenir l’addiction à la nicotine chez les adolescents.
Le 23 septembre 2019, le directeur de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a tenu des propos rassurants sur la e-cigarette en précisant que « les liquides commercialisés en France n'ont rien à voir avec ceux commercialisés dans d'autres parties du monde. La vitamine E, ou des produits à base de cannabis, sont strictement interdits en Europe. (…) Clairement en France, pour les produits qui sont autorisés, il n'y a pas de problème sanitaire. » De plus, il a précisé que les liquides commercialisés aux États-Unis peuvent contenir jusqu’à trois fois plus de nicotine qu’en France.
En décembre 2019, un article publié dans le New England Journal of Medicine a confirmé la présence d’acétate de vitamine E dans les poumons de 94 % des cas étudiés, ce qui semble confirmer l’hypothèse d’une toxicité de la vitamine E inhalée sur les poumons.
De plus, une étude américaine a détecté, dans la vapeur de cigarettes électroniques particulières (à très gros réservoir et forte puissance électrique, dont la température de combustion peut atteindre 300°C), des traces de métaux lourds (nickel, chrome, plomb, par exemple), en particulier aux plus fortes températures. La question se pose de la sécurité à long terme de ces gros vapoteurs, promus par les fabricants pour la durée de leur batterie et la taille de leur réservoir.
L’étude sur la concentration en formaldéhyde dans des conditions normales d’utilisation
L’étude sur l’impact des parfums sur l’émission de formaldéhyde
Le rapport de l’Office français de prévention du tabagisme, mai 2013.
L’analyse croisée de la revue Addiction, juillet 2014.
L’avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique ou e-cigarette étendus en population générale, Haut comité de santé publique, février 2016.
Les cas identifiés aux États-Unis
Les conclusions du directeur de l’Anses
L’étude sur la présence d’acétate de vitamine E dans les poumons des victimes, décembre 2019
L’étude sur les métaux lourds dégagés par les gros vapoteurs
Trois études sur l’efficacité de la cigarette électronique :
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1808779?query=featured_home
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29573440/
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.14656