Quand l’aidant est une femme : entre oubli et don de soi
  • Accueil
  • >
  • Quand l’aidant est une femme : entre oubli et don de soi

Quand l’aidant est une femme : entre oubli et don de soi

Qui sont les aidants ? C’est un fait : le travail de “care” - le fait de prendre soin de ses proches - est essentiellement féminin. Cette mission qui incombe bien souvent aux mères, aux compagnes, aux filles ou aux sœurs a souvent de lourdes répercussions sur leur vie et leur santé…

  • Accueil
  • >
  • Quand l’aidant est une femme : entre oubli et don de soi

Quand l’aidant est une femme : entre oubli et don de soi

Qui sont les aidants ? C’est un fait : le travail de “care” - le fait de prendre soin de ses proches - est essentiellement féminin. Cette mission qui incombe bien souvent aux mères, aux compagnes, aux filles ou aux sœurs a souvent de lourdes répercussions sur leur vie et leur santé…

La fonction de « proche aidant » bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance officielle, bien que tardive.  

 

De très nombreux aidants… 

Selon les estimations, il y aurait en France entre 8,3 et 11 millions d’aidants familiaux, accompagnant au quotidien un proche dépendant pour des raisons d’âge, de handicap ou de maladie [1]. 

Aidante : quand les femmes s’effacent au profit de leurs proches

C’est une réalité encore méconnue dans notre société : la femme s’occupe de ses proches au détriment de sa propre santé. On retrouve ce schéma dans la figure de l’aidante, donc, mais aussi, au quotidien dans l’accompagnement des enfants. 

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’étude sur la santé des femmes d’AXA Prévention révèle deux données essentielles à ce sujet [2] : 

 

  • 81 % des femmes ans se soucient plus de la santé des autres que de la leur  
  • 71 % des femmes ne manqueraient jamais un rendez-vous médical pour un enfant ou un parent, mais n’hésiteraient pas à attendre ou à le reporter pour elles 
Soins des enfants : des disparités flagrantes

Les différences sont d’autant plus marquées concernant le suivi médical des enfants, assuré de façon quasi-exclusive par la mère. Là aussi, les chiffres de notre étude sont sans appel [2] : 

 

  • 58 % des femmes gèrent les rappels de vaccin et le suivi dentaire, contre respectivement 4 et 6 % des hommes ; 
  • 57 % d’entre elles s’occupent notamment du suivi pédiatrique (bilans de santé réguliers), contre 5 et 3 % des hommes ; 
  • 69 % des mères prennent en charge les rendez-vous liés au suivi gynécologique de leur fille, contre 5 % des pères. 

 

La proportion des ménages où les soins des enfants sont suivis au même niveau par les hommes et les femmes varie entre 35 et 38 % (sauf pour le suivi gynécologique des adolescentes, où elle est de 19 %).

La charge mentale de l’aidante

« La personne qui prend en charge un proche souffrant mobilise beaucoup de temps et d’énergie pour le soutenir et l’accompagner. Cet investissement peut devenir un véritable fardeau et la plonger dans une grande détresse psychique », explique Perrine Saada. 

 

Cette “charge mentale” touche en effet particulièrement les femmes qui s’investissent pleinement dans l’accompagnement de leurs proches.  

Plusieurs baromètres évoquent la statistique de 57 % de femmes assurant la fonction d’aidante. Ce chiffre déjà élevé semble pourtant assez loin de la réalité, lorsqu’il s’agit de l’accompagnement de pathologies graves et de soins contraignants.

Les femmes doublement concernées par le recours l’assistance

A la fonction d’aidante s’ajoute la forte probabilité d’être à son tour aidée dans la perte d’autonomie [8]. En cause : une espérance de vie plus longue par rapport aux hommes (85,1 ans contre 79,1 ans) [9]. Les femmes sont donc doublement concernées par la probabilité d’un recours à une forme d’assistance, de leur part ou envers elle-même. 

Les aidantes de la « génération pivot »

Agées de 50 à 70 ans, les aidantes de l'actuelle génération "pivot" connaissent une double contrainte. Encore dans la vie active pour la plupart, elles sont nombreuses à concilier travail, soutien aux enfant et fonction d'aidante auprès de leurs parents âgés [11].

Autre marqueur d’inégalité : le financement de la dépendance est globalement plus difficile à assumer pour les femmes. Dans la population âgée, elles sont davantage en situation de précarité que les hommes en raison d’une retraite souvent plus faible [10]. 

Dispositifs d’aide : une assignation à la sphère domestique ?

Ces dernières années, les pouvoirs publics ont reconnu le rôle de l’aidant en mettant en place des dispositifs d’aide financière. Bien qu’indispensables, ces derniers illustrent une forme d’assignation de la femme à la sphère domestique [8]. 

 

Pour preuve : lorsque l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) est employée à la rétribution d’un aidant, 88 % des bénéficiaires sont des femmes [8]. Ce chiffre démontre que le manque à gagner pour le foyer est souvent moins important si une femme assume la fonction d’aide en raison de revenus moins élevés

 

Les inégalités femmes-hommes en matière d’aide ont toutefois tendance à diminuer au sein des ménages grâce à l’évolution des mentalités et à un partage plus équitable du travail domestique [10].  

 

Mais la situation demande encore de nombreux ajustements et nécessite une réflexion individuelle sur les situations familiales, le rapport au travail, la gestion du foyer et l’éducation des enfants.

Sources