Des femmes à bout de souffle ? Et pour cause : depuis le début de la crise sanitaire, celles-ci sont particulièrement sollicitées. Elles sont bien souvent en première ligne sur tous les sujets du quotidien.
Ce nouveau confinement est peut-être l’occasion de mettre en application les enseignements de l’expérience du printemps. Une opportunité de reprendre le contrôle sur sa santé, en s’assurant un suivi médical régulier et un soutien psychologique adapté si l’on en ressent le besoin.
Télétravail, garde et suivi de la scolarité des enfants, gestion des tâches domestiques… Les femmes ont été considérablement mises à contribution depuis le premier confinement, ce qui a lourdement impacté leur charge mentale.
Une étude de l’INSEE le prouve [1] : les femmes ont été omniprésentes « sur le pont ». Dans le cas d’un foyer avec enfants, 83 % des femmes se sont occupés de leurs enfants plus de 4 heures par jour (contre 57 % des hommes).
Et lorsque les deux conjoints sont salariés, les femmes sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes (21 % contre 12 %) à avoir renoncé à travailler pour garder leurs enfants [1].
Une charge mentale décuplée qui n’est pas sans conséquence sur l’état de santé psychologique des femmes.
La crise sanitaire a plongé de manière inédite les Français dans un état d’anxiété permanent, et notamment les femmes, visiblement surexposées au risque de dépression.
Inquiétude pour sa propre santé et celle de ses proches, risque de perdre son emploi, isolement social lié aux restrictions de sortie, augmentation des violences domestiques… Un climat anxiogène qui favorise les crises d’angoisse et autres troubles dépressifs touchant particulièrement les femmes, comme le souligne une étude menée par Santé Publique France :
- pendant le confinement du premier semestre, 23 % des femmes (et 18 % des hommes) se sentaient en état dépressif ;
- lors du déconfinement, l’écart tend à se réduire - autour de 11 % quel que soit le sexe -, mais les femmes restent toujours plus fragiles que les hommes sur ce point.
Des résultats commentés par la Professeur Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, et psychiatre à l’hôpital Henri Mondor (Créteil) [3] : « La prévalence de l’anxiété en population générale était déjà, en mars 2020, de 26,7 %, soit deux fois supérieure au taux observé avant la pandémie, tout particulièrement chez les femmes ».
Intimement lié à l’état dépressif et aux troubles anxiogènes, le manque de sommeil contribue à fragiliser la santé de celles et ceux qui en pâtissent.
Pendant les 2 mois de confinement (de mi-mars à mi-mai 2020), 72 % des femmes ont déclaré souffrir de problèmes de sommeil. Cette situation touchait aussi 60 % des hommes [4].
Des chiffres en légère baisse au déconfinement de mai, mais qui font néanmoins apparaître une différence persistante de plus de 10 points entre les femmes et les hommes [4].
Or le manque de sommeil amorce un cercle vicieux avec des conséquences importantes sur l’état de santé générale [5] :
- une diminution de la vigilance, donc un risque accru d’accidents ;
- un affaiblissement du système immunitaire qui rend plus vulnérable aux maladies ;
- des troubles de l’humeur qui peuvent induire un état dépressif ;
La médecine préventive est essentielle pour préserver la santé physique et mentale des femmes.
S’occuper de soi est primordial : rappelons l’importance d’un suivi régulier annuel chez un médecin gynécologue (programmation d’une mammographie pour le dépistage du cancer du sein, frottis pour celui du col de l’utérus, prises de sang pour le suivi de contraception, le cas échéant…).
Un check-up régulier chez le médecin généraliste - ou votre spécialiste, selon les besoins - est aussi important pour programmer les dépistages et examens préconisés à chaque âge.
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le nombre de mammographies réalisées a connu une forte baisse. Rien qu’en Île-de-France, les professionnels enregistrent une chute de 50 % de cet examen [6]. Ce qui leur fait prédire une recrudescence des diagnostics de la maladie à un stade plus avancé comprise entre 1 et 5 %, dans les 10 prochaines années.
Un chiffre préoccupant, lorsque l’on sait que 9 femmes sur 10 peuvent guérir du cancer du sein lorsqu’il est dépisté à un stade précoce [6].
[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4513259#titre-bloc-9
[3] https://www.fondation-fondamental.org/10-octobre-journee-mondiale-de-la-sante-mentale
[4] Prévalences et évolutions des problèmes de sommeil selon les profils sociodémographiques (% ; données pondérées). Source : Enquête CoviPrev, France métropolitaine, 2020