86%
des femmes françaises déclarent avoir vécu une situation sexiste, soit 9 femmes sur 10 (HCE, 2024) [1]
Dans l'imaginaire collectif, le sexisme se résume souvent à des stéréotypes de genre : la place d'un homme serait au travail, celle d'une femme à la maison et auprès d'enfants.
Mais le sexisme concerne aussi une série d'agissements punis par la loi. Violence, parole dégradante, insulte, outrage ou encore harcèlement : les comportements sexistes ne sont pas seulement problématiques, ils sont aussi illégaux en France. [2]
À l'origine, le sexisme prend racine dans « une représentation du monde fondée sur l’inégalité entre les femmes et les hommes, considérée comme naturelle. » [1] Il s'exprime sous des formes multiples, parfois hostiles, parfois insidieuses et masquées, voire même ambivalentes aux apparences bienveillantes pour finalement renforcer les inégalités. [3]
Même sous leurs formes dites « ordinaires », les situations sexistes constituent le terreau des violences sexistes et sexuelles aux conséquences potentiellement dramatiques. [1]
On pensait le combat en bonne voie et les jeunes générations plus engagées contre le sexisme. Pourtant, alors que les paroles des femmes se libèrent, le sexisme perdure et se consolide. Au point qu'en 2024, la lutte contre le sexisme est qualifiée d'« urgence » par le Haut conseil à l'égalité (HCE). [1]
Les chiffres sont sans équivoque :
- 92% des Françaises et Français estiment qu'il y a des différences de traitement entre les hommes et les femmes ;
- 37% des hommes se sentent menacés par l'émancipation des femmes ;
- 37% des femmes ont déjà vécu une situation de non-consentement ;
- les violences sexuelles enregistrées ont doublé entre 2017 et 2022. [1]
Dans la vie quotidienne, les inégalités de traitement perdurent dans toutes les sphères de la vie des femmes. Elles s'accompagnent d'« injonctions de performance », incitant les femmes à céder à la pression sociale pour répondre aux stéréotypes qui leur sont imposés. [4]
Le sexisme pèse lourd sur la santé mentale des femmes, tout au long de leur parcours de vie.
Dès l'adolescence, les filles subissent le sexisme sur les réseaux sociaux, qui peut être source de souffrance psychologique. [4] On estime que 68% des contenus diffusés sur Instagram et 88% des vidéos sur Youtube véhiculent au moins un stéréotype de genre . Les injonctions à correspondre à une image stéréotypée validée par sa communauté peuvent engendrer la mésestime de soi.
>>En savoir plus sur les dispositifs pour un Internet plus sûr
La pression sociale sur les jeunes filles n'est pas améliorée à l'école, qualifiée par le HCE de « fabrique du sexisme ». [1] Les orientations genrées excluent encore les filles de certaines formations et de certains métiers. [1, 4]
À l'âge adulte, les femmes subissent la charge familiale, assignées aux tâches domestiques deux fois plus souvent que les hommes. [4] Une posture valorisée par plus de la moitié des Français·es qui, en 2024, trouvent « normal ou positif » qu'une femme cuisine quotidiennement pour sa famille. [1]
« La charge importante et constante de la famille est un facteur de risque de maladie psychique chez la femme. Un autre facteur de risque majeur est la violence interpersonnelle et notamment les violences sexuelles et conjugales, dont les victimes sont essentiellement des femmes. Ces violences existent dans tous les milieux socio-économiques et peuvent entraîner de nombreux troubles psychiques, outre des états de stress post-traumatique. » (2)
Dans le monde du travail, le sexisme n'est pas moins absent. Les femmes y sont soumises à une « ségrégation sexuelle du travail et des tâches » qui les exposent davantage à la charge mentale et à des comportements hostiles. 66% des pathologies psychiques au travail enregistrées par l'Assurance maladie concernent ainsi des femmes. [5]
La charge mentale, accompagnée d'une injonction à la perfection, impacte la santé mentale des femmes et peut conduire à un phénomène de burn-out domestique ou professionnel. [4]
>>Retrouvez le film d'Axa Prévention pour lutter contre la charge mentale
Chez les femmes séniores, le sexisme se cumule avec l'âgisme, et poursuit ses ravages sur la santé mentale.
Largement invisibilisés, il est pourtant prouvé que les stéréotypes de genre et d'âge affectent la santé mentale des femmes séniores et accentuent le risque de dépression. [4]
De plus, les femmes séniores sont davantage sujettes à la maltraitance, aux abus sexuels et aux atteintes graves à leur dignité. 21% des femmes victimes de féminicides avaient plus de 70 ans, en 2019. [4]
90 % des femmes françaises indiquent avoir déjà changé de comportement ou renoncé à une action de peur d'être victime de sexisme. [1] Pourtant, prévenir le sexisme ne devrait pas dire s'autocensurer par peur des conséquences !
Il s'agit au contraire, d'agir sur les « incubateurs » du sexisme en France : la famille, l'école et Internet. [1]
Sensibiliser les parents, lutter contre le sexisme dans le secteur des jouets, veiller à ne pas reproduire des inégalités dans les tâches domestiques, éviter les biais sexistes à l'écoles, stopper l'orientation professionnelle genrée, éduquer à l'égalité, sécuriser Internet, sont autant de leviers pour inverser la tendance du sexisme en France. [1]
Les recommandations visant à protéger la santé mentale des femmes intègrent également des propositions visant à lutter contre le sexisme. Cela concerne notamment la lutte contre les stéréotypes dans toutes les sphères de la vie des femmes (école, santé, médias, services publics, Internet), la lutte contre le harcèlement et la sensibilisation au consentement. [4]
Lutter contre le sexisme est l'affaire de toutes mais aussi de tous ! La science a en effet démontré que le sexisme influe aussi négativement sur la santé mentale des hommes et est propice à la dépression. Un combat à mener collectivement pour la santé de tous.
[1] Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, Rapport annuel 2024, https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2024_sur_l_etat_du_sexisme_en_france.pdf
[2] Ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique, novembre 2022, Fonction publique https://www.fonction-publique.gouv.fr/files/files/Publications/Coll%20outils%20de%20la%20GRH/guide_violences-sexistes-2022.pdf
[3] Rapport du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes n°2015-01 du 6 mars 2015, « Le sexisme dans le monde du travail »
[4] Assemblée nationale, Rapport d'information déposé par la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes sur la santé mentale des femmes https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/ega/l16b1522_rapport-information
[5] Sénat, Rapport d'information sur la Santé des femmes au travail, 2023 https://www.senat.fr/rap/r22-780-1/r22-780-14.html
[6] Sciences et Avenir, https://www.sciencesetavenir.fr/sante/cerveau-et-psy/le-sexisme-des-hommes-nuit-a-leur-sante-mentale_108371