Canicule océanique et impact sur les écosystèmes marins
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Comprendre la canicule océanique

Fin juillet 2022, la mer Méditerranée a été anormalement chaude puisqu’elle a atteint 30,7°C en surface en Corse, soit 4 à 6°C au-dessus des normales saisonnières. On parle alors de « canicule océanique ». AXA Prévention décrypte ce phénomène, son origine et son impact sur les écosystèmes marins.

Comprendre la canicule océanique

Fin juillet 2022, la mer Méditerranée a été anormalement chaude puisqu’elle a atteint 30,7°C en surface en Corse, soit 4 à 6°C au-dessus des normales saisonnières. On parle alors de « canicule océanique ». AXA Prévention décrypte ce phénomène, son origine et son impact sur les écosystèmes marins.

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Le saviez-vous ?

Entre mars et mai 2023, la température moyenne à la surface des océans dans le monde a atteint un record absolu : +0,83 °C par rapport à la moyenne du 20e siècle. [1]

Qu’est-ce que la canicule océanique ?

La canicule océanique est un phénomène, rare ou extrême, qui se produit quand la température de la mer est anormalement élevée et qu’elle vient perturber la faune et la flore marines. Elle peut causer des dégâts irréversibles sur la biodiversité.

>>Pour aller plus loin, parcourez notre article « Pourquoi et comment préserver la biodiversité ? ».

Comment s’explique la canicule océanique ? Elle est liée au dérèglement climatique (effet de serre), et plus particulièrement à l’association de températures très fortes et à l’absence de vent et de nuages. Concrètement, les rayons du soleil réchauffent la surface de l’eau, mais le vent ne vient pas la refroidir. Et c’est un cercle « vicieux » puisque la température de la mer va également influencer la météo des jours suivants et à terme, les conditions climatiques générales.

En mer Méditerranée, le 24 juillet 2022, la bouée au large d’Alistro en Corse enregistrait un pic à 30,7 °C et encore 30,5 °C le 6 août. Le même phénomène est observé dans l’océan Atlantique Nord avec des anomalies de températures de +5°C autour du Royaume-Uni et de l’Irlande. Pour trouver l’origine de cet océan en chaleur, plusieurs hypothèses sont avancées comme la réduction des poussières provenant du désert du Sahara ou encore celle des émissions de soufre des navires qui ne joueraient plus leur rôle de refroidissants de l’atmosphère.

Entre 1982 et 2017, les chercheurs du CNRM (Météo-France / CNRS) ont identifié 29 canicules océaniques en Méditerranée. [2]

Les conséquences de la canicule océanique

Une vie sous-marine en péril

Des mortalités massives sont attendues là où sont observées les canicules océaniques, à la surface comme dans les eaux profondes, à 20m, 40m et 55m. En Méditerranée, une cinquantaine d’espèces sont en danger : les oursins, les mollusques, les bivalves mais aussi les espèces « ancrées » comme les herbiers de Posidonies (plantes aquatiques) et les gorgones. Ces coraux, qui ne peuvent pas se déplacer vers les eaux plus froides, subissent un phénomène de blanchiment et de dégradation.

Quant aux poissons, ils s’adaptent et migrent vers les eaux plus fraîches, et même vers les pôles, ce qui déséquilibre la vie aquatique. Les eaux norvégiennes et islandaises devraient devenir plus poissonneuses dans les années à venir.

Des espèces invasives tropicales remonteraient également du canal de Suez pour vivre dans des eaux plus froides. Par exemple, le poisson-lapin, qui mange la flore sous-marine, ou le poisson-lion qui dévore des larves de poissons méditerranéens et leurs habitats naturels. La disparition de cette flore marine est catastrophique. Les plantes sont des habitats vitaux pour de nombreuses espèces et des organismes vivants clés pour le climat puisque ce sont aussi des puits de carbone naturels. Une des solutions est l’établissement d’aires marines protégées pour rétablir les espèces et les aider à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques.

Une pêche professionnelle perturbée

Plus les eaux sont chaudes, plus les méduses prolifèrent et viennent gêner les pêcheurs dans leur travail. Selon le WWF, ces derniers passeraient des heures à s’en débarrasser au lieu de pêcher du poisson.

Une activité touristique impactée

La présence de méduses sur les plages est aussi un gros frein pour le tourisme et donc l’économie locale.

Des pluies intenses craintes

La surchauffe de l’eau peut également entraîner des pluies intenses voire des inondations en automne. En effet, plus l’eau de la mer est chaude, plus elle s’évapore et plus il y a de l’eau disponible dans l’atmosphère.

Comment vont évoluer les canicules océaniques ?

Les chercheurs du Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM), qui étudient les canicules océaniques passées et à venir, constatent que les épisodes sont de plus en plus longs (Vs. 20 jours en moyenne aujourd’hui), de plus en plus étendus (Vs. 40% de la surface de la mer Méditerranée actuellement) et de plus en plus intenses.

Dans leurs simulations, ils prévoient une augmentation de ce phénomène avec une multiplication par 4 de la fréquence des canicules océaniques - au moins un épisode intense par an d’ici la fin du siècle -, qui pourraient durer 4 mois de plus, être 4 fois plus intenses et avoir encore plus d’impact sur les écosystèmes.

Peut-on agir pour lutter contre la canicule océanique ?

Il est indispensable d’éduquer et de sensibiliser le grand public à ce phénomène aux effets dévastateurs et pourtant peu visibles. Chacun peut à son échelle adopter des comportements respectueux de l’environnement quand il part en vacances, soutenir des initiatives de recherche, de préservation et de restauration des écosystèmes marins...

Et comme la canicule océanique est liée à l’effet de serre, il est aussi urgent de réduire nos émissions en adoptant des modes de mobilité douce, des sources d’énergie renouvelables, en consommant moins de viande rouge…

>>Pour en savoir plus, découvrez comment réduire l’impact de nos déplacements et diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans notre article dédié.

Enfin, pour finir sur une note optimiste, Jean-Pierre Gattuso, co-auteur d’une publication sur les vagues de chaleur marine et les mortalités massives récurrentes en mer Méditerranée, déclare que « si les émissions de gaz à effet de serre suivent une trajectoire compatible avec l'Accord de Paris, on peut complètement stopper le réchauffement et l'acidification de l'océan. »

Tout ne semblerait donc pas perdu…

Sources

[1] Données de l'Administration océanographique américaine NOAA.

[2] Centre national de recherches météorologiques – CNRM - (Météo-France/CNRS)

https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/canicule-oceanique-la-mer-mediterranee-toujours-anormalement