Conduite et stupéfiants : un constat préoccupant sur les routes françaises

La conduite sous l’emprise de stupéfiants représente un très grave danger. Pourtant, le nombre d’infractions de ce type augmente chaque année, en lien avec la multiplication des contrôles. Explications.

Conduite et stupéfiants : un constat préoccupant sur les routes françaises

La conduite sous l’emprise de stupéfiants représente un très grave danger. Pourtant, le nombre d’infractions de ce type augmente chaque année, en lien avec la multiplication des contrôles. Explications.

Bien que strictement interdite en France, la consommation de drogue est constatée dans près d’un accident mortel sur cinq, représentant environ 700 personnes tuées chaque année sur les routes [1]. Règlementation, risques routiers, sanctions… AXA Prévention fait le point.

Conduite et stupéfiants : un facteur important de la mortalité routière

Les accidents mortels impliquant la consommation de stupéfiants bénéficient d’un large écho médiatique ces dernières années. Au-delà de la rubrique fait divers, il s’agit d’un véritable fléau qui rattrape petit à petit l’alcool en matière de mortalité routière.

D’après l’ONISR*, 18% des accidents mortels impliquent un conducteur ayant consommé des drogues (contre 30% pour la consommation d’alcool) [2]. Dans 3 cas sur 5, la personne tuée est un conducteur positif aux stupéfiants.

Le cannabis est la drogue la plus fréquemment retrouvée lors des accidents mortels. Cela se vérifie dans 6 cas sur 10.

>>Sécurité routière : le bilan de l’accidentalité en 2024

Accidents mortels : les jeunes en première ligne

Les jeunes âgés de 18 à 34 ans constituent la catégorie la plus exposée au risque mortel dans un accident mêlant conduite et usage de stupéfiants. 58% d’entre eux sont en effet concernés, d’après les chiffres de la MILDECA, la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives [3].

Autres statistiques marquantes, toujours selon la MILDECA : 65% des accidents mortels impliquant un conducteur sous l’emprise de stupéfiants concernent des automobilistes. Ces derniers sont très majoritairement des hommes (91%).

>>Découvrez notre article sur le protoxyde d’azote dont la consommation augmente chez les jeunes

Au volant, quels sont les risques ?

Au même titre que l’alcool, la consommation de drogues représente un véritable risque sur la route. Parmi ses conséquences, on peut citer l’augmentation du temps de réaction et de décision du conducteur, ou encore l’altération de la conscience de son environnement [4].

Les effets sur la conduite peuvent être différents selon les drogues consommées, à savoir :

  • Cannabis : somnolence, ralentissement de la coordination, facultés visuelles et auditives réduites ;
  • Ecstasy : altère les capacités mentales et favorise un comportement irrationnel ;
  • Cocaïne : encourage une conduite agressive et des erreurs de jugement ;
  • Opiacés (héroïnes, morphine…) : baisse de l’attention et de la conscience du danger ou des obstacles ;
  • Drogues hallucinogènes (LSD, champignons psilocybes…) : troubles de la perception, délires, sentiment de profonde confusion ou d’angoisse.
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Quelques chiffres

La prise de cannabis multiplie par 1,65 le risque de causer un accident mortel. La nuit, au cours des week-ends, la consommation de stupéfiants est à l’origine d’un accident sur trois, contre un sur cinq le reste du temps. Le mélange drogue et alcool multiplie par 29 le risque de provoquer ou d’être victime d’un accident routier mortel. [4]

Une réglementation sans ambiguïté

L’usage de stupéfiants étant strictement interdit en France, le fait de conduire après avoir consommé de la drogue est tout aussi illégal, quelle que soit la quantité ingérée. S’il s’agit d’une logique implacable au regard de la loi, cela ne constitue pas forcément une évidence pour tous les usagers.

Le nombre de délits routiers liés à la consommation de drogues est en effet en augmentation constante ces dernières années, en lien avec un renforcement des contrôles effectués par la police en zone urbaine et la gendarmerie en zone rurale.

D’après une enquête menée par France Info, le nombre de ces délits a plus que doublé en 6 ans [5]. En 2017, 55 398 délits liés à la conduite sous l’empire de la drogue avaient été enregistrés, contre 126 526 en 2023.

Cette augmentation est liée à la multiplication des tests de dépistage – notamment salivaires - réalisés sur le terrain, à la demande du ministère de l’Intérieur. Près d’un million de tests ont été pratiqués en 2023, soit 200 000 de plus qu’en 2022.

Il y a toutefois une bonne nouvelle par rapport à ces opérations de dépistage : le taux de contrôles positifs est en baisse avec 13,7% de tests positifs constatés en 2023 contre 16% un an auparavant.

Rappelons que le dépistage de drogue est obligatoire en cas d’accident mortel ou corporel de la route.

>>La prise de médicaments peut aussi avoir des effets à risque sur la conduite, consultez notre article

Sanctions : que risquez-vous en cas de conduite sous stupéfiants ?

Les peines encourues pour conduire après avoir consommé de la drogue peuvent aller jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 4500 € d’amende. Votre permis de conduire est quant à lui délesté de 6 points [6].

Vous encourez également les sanctions suivantes :

  • 3 années ou plus de suspension du permis de conduire ;
  • L’annulation du permis et jusqu’à trois ans d’interdiction de repasser l’examen ;
  • Une peine de travail d’intérêt général ou de jours-amende ;

L’interdiction de conduire certains véhicules pour une durée de 5 ans ou plus ;

  • La confiscation de votre véhicule ;
  • Le financement, à vos frais, d’un stage de sensibilisation.
Pros de la route : vers un renforcement des contrôles

Chauffeurs routiers, de bus, de cars et de transports scolaires, livreurs, taxis, VTC… Les professionnels de la route font l’objet d’une vigilance particulière de la part de l’État, notamment lorsqu’il s’agit de transporter du public.

Suite à un tragique accident survenu fin janvier à Châteaudun, ayant coûté la vie d’une lycéenne, le gouvernement a décidé d’augmenter les contrôles des conducteurs de transports scolaires [7].

Selon le ministère de l’Intérieur, gendarmes et policiers ont été mobilisés sur tout le territoire national avec près de 9000 cars scolaires contrôlés début février 2025 et 8270 dépistages de stupéfiants auxquels 44 conducteurs ont été testés positifs.

Une des solutions mises en avant par l’État est de responsabiliser les entreprises de transport routier afin d’améliorer la prévention et la sensibilisation auprès de leurs équipes et de mettre en place en interne des dispositifs de dépistage.

 >>Trajets pros : découvrez les principaux comportements à risque et sensibiliser les responsables et conducteurs de flottes grâce à nos formations en ligne sur En sécurité au travail.

Pour aller plus loin, regardez l’émission « Tous responsables sur la route » avec AXA Prévention.

*Office national interministériel de la sécurité routière

Sources