75%
En 2021, l’exploitation des énergies fossiles a généré 75 % de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre. [1]
Avant toute chose : qui était présent au temps fort de la COP 28 ? Il s’agit des représentants des pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et les acteurs majeurs du climat.
Le premier jour, le pays d’accueil défendait une vision pragmatique de la COP 28, traduite en 5 objectifs :
- « Rendre la conférence plus inclusive et accessible » ;
- « Appuyer les solutions d’atténuation pour augmenter les ambitions » ;
- « Se concentrer sur les conditions du Global Goal on Adaptation et améliorer le financement de l’adaptation » ;
- « Progresser sur l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages créé à la COP 27 » ;
- « Assurer un accès plus équitable aux financements climat ». Les pays les plus riches devraient financer leur dette climatique et ne pas pénaliser les pays les plus pauvres, moins responsables du dérèglement climatique.
Qu’en est-il après deux semaines de négociations ?
Évoquée lors des dernières COP, notamment la COP 26, pendant laquelle un engagement avait été pris pour éliminer progressivement le charbon, la sortie des combustibles fossiles n’a pas été soutenue depuis ni par une action, ni par un engagement. L’accord de la COP 28 devait y remédier.
Le texte de l’accord final de la COP 28 précise donc la volonté des pays de « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».
Pour Sultan Al Jaber, ministre de l’industrie émirien, patron de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi et président de la COP 28, cet accord est une décision « historique pour accélérer l’action climatique ». [2]
Chaque terme de cette phrase a été soigneusement choisi pour s’assurer pour que tous les pays la valident puisque l’accord doit être voté à l’unanimité pour être adopté. Si l’on rentre dans le détail :
- le mot « transition », « transitioning away » en anglais dans l’accord, semble être un compromis pour embarquer les pays les plus frileux, que sont les pays producteurs de pétrole et principalement l’Arabie Saoudite.
- la précision « d’une manière juste, ordonnée et équitable » implique un rythme de transition différent selon les pays.
- le jalon « dans cette décennie cruciale » a été ajouté sur demande explicite de l’Union Européenne.
- le rappel de l’objectif de la neutralité carbone en 2050 rassure les pays les plus ambitieux.
- et on notera enfin l’absence d’obligation, d’objectif chiffré ou de date de sortie définitive des énergies fossiles.
François Gemenne, spécialiste du climat et co-auteur du sixième rapport du GIEC : « C’est quasiment historique. On dessine un futur largement décarboné pour les énergies fossiles. » [3]
Suite à la création du fonds « pertes et dommages » à destination des pays en développement pour couvrir le coût des dégâts causés par les catastrophes naturelles lors de la COP 27, la COP 28 a acté l’indemnisation de ces pays en première ligne face au réchauffement climatique. Ce fonds est financé par les pays du Nord, mais aucun montant n’est imposé.
800 millions de personnes manquent d’accès à l’électricité dans les pays en développement. [4]
1. Le gaz présenté comme une énergie de transition
En précisant que « les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique », la COP 28 considère le gaz comme une énergie de transition et non une énergie fossile. Un point rassurant pour les pays producteurs de gaz, notamment la Russie et les États-Unis, mais qui démontre que l’accord ne permettra pas la sortie totale des énergies fossiles puisque les recherches montrent que le gaz est chargé en méthane.
2. Des énergies renouvelables à tripler
L’accord fixe un objectif de triplement des énergies renouvelables d’ici 2030. Concrètement, les pays doivent être capables de produire 11 000 gigawatts d’ici 6 ans, sachant qu’aujourd’hui, ils en produisent 3 400.
3. Une efficacité énergétique à optimiser
Les pays se sont aussi engagés à améliorer leur ratio entre la quantité d’énergie produite et celle consommée pour améliorer leur efficacité énergétique.
4. Des innovations technologiques au service de la transition
Hydrogène bas carbone, captage de carbone, stockage… sont des dispositifs technologiques « bas carbone » ou « zéro carbone » qui pourraient aider à atteindre la neutralité carbone, mais certains restent controversés parce qu’ils peuvent être coûteux en eau et en énergie.
5. Le déploiement du nucléaire
Un texte a été signé entre une vingtaine de pays, dont la France, les États-Unis et les Émirats, pour tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050.
Malgré toutes ces mesures qui vont globalement dans le bon sens, une question reste cependant en suspens, celle des financements notamment pour le développement des alternatives aux énergies fossiles.
[1] https://www.carbone4.com/analyse-faq-energie-climat
[2] https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/13/cop28-ce-que-propose-le-texte-de-compromis-de-la-presidence-emiratie_6205530_3244.html
[3] https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop/cop28-francois-gemenne-auteur-du-giec-salue-un-accord-quasiment-historique_6240339.html
[4]https://www.connaissancedesenergies.org/afp/cop28-les-pays-du-monde-entier-approuvent-un-appel-historique-une-transition-hors-des-energies-fossiles-231213