Les deux confinements du printemps et de l’automne 2020 ont rebattu les cartes : 43% des femmes songent à passer à temps partiel, contre 32% des hommes [1].
Réduction du temps travaillé, gestion du télétravail, impact psychologique et charge mentale : les grandes problématiques des carrières au féminin relèvent à la fois d’enjeux économique et sociétaux. Elles posent des questions de fond, plus que jamais exacerbées par la crise sanitaire.
Les deux confinements du printemps et de l’automne 2020 ont révélé un besoin de réorganisation des sphères professionnelles et privées, notamment auprès de la population féminine. Une prise de conscience qui a ses vertus, mais attention au revers de la médaille…
En 2019, les femmes représentaient déjà 80% des travailleurs à temps partiel, or seulement 2 sur 3 avaient délibérément choisi ce mode de vie [2]. Un tiers des femmes concernées vit donc cet aménagement comme une contrainte.
Travailler 4 jours sur 5 permet à celles et ceux qui fonctionnent ainsi de « souffler », ou de dédier du temps à leur proche, mais au prix d’une réduction de salaire de 20%, et aussi bien souvent d’un frein à l’évolution de carrière. Plus de temps pour soi, contre un impact financier et professionnel : à chacune de peser le pour et le contre…
Plus exposées aux métiers précaires (ceux-là mêmes lourdement impactés par la crise sanitaire), les femmes sont de surcroît victimes d’inégalités économiques avec un salaire en moyenne 15% inférieur à celui des hommes [3], à fonction égale.
A cette « discrimination économique » hommes-femmes, s’ajoute des inégalités plus insidieuses que les confinements et le télétravail généralisé n’ont fait qu’accentuer.
Taille et qualité de l’espace de vie, composition du foyer familial, accès et maniabilité des outils numériques… autant de facteurs qui affectent le quotidien des télétravailleurs : ils sont d’ailleurs près de 70% à souffrir de ces inégalités [3].
La crise sanitaire oblige chacune et chacun à remettre son quotidien et ses choix personnels et professionnels en perspective. Des questionnements qui amènent également leur lot d’anxiété, de fatigue physique et psychique, et affecte la charge mentale des femmes.
L’impact psychologique de cette crise est lourd, et c’est une réalité : une étude de l’INSEE montre d’ailleurs qu’en confinement, 2 fois plus de femmes que d’hommes étaient en première ligne sur la gestion des tâches domestiques et parentales, tout en continuant d’assurer leur activité professionnelle [4]. Attention au surmenage…
Une fatigue et une lassitude touchées du doigts par beaucoup, qui peuvent aussi expliquer qu’actuellement 1 femme sur 3 songe à passer à temps partiel voire à quitter le monde de travail [5].
Or ce point de vue engage souvent les femmes vers un projet erroné : le sociologue François de Singly souligne à ce sujet le fait que, « pour de nombreuses femmes, la sphère d’autonomie est liée au lieu de travail » [3]. Un aspect à garder en tête au moment de réenvisager, peut-être, vos projets 2021.
L’objectif d’une bonne qualité de vie au travail suppose un engagement de la part des entreprises auprès de la population salariée féminine, particulièrement exposée aux risques psycho-sociaux.
Télétravail, stress de perdre son emploi, isolement… 35% des salariés, hommes et femmes confondus, déclarent être en état d’épuisement émotionnel sévère [3] depuis le début de la crise de la Covid-19.
Dans les faits, 1 entreprise sur 2 met réellement en place un protocole d’accompagnement des salariés [6] sur la prévention des risques psycho-sociaux. Or seulement 1 employé sur 3 ressent un engagement formel de son employeur quant aux sujets de santé psychologique.
Un décalage de perception qui met en lumière des actions insuffisamment adaptées ou probantes pour améliorer la santé mentale des salariés, et prendre en compte les inégalités qui touchent notamment les femmes.
[1] Enquête OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine
[2] Site insee.fr, étude dédiée
[3] Article disponible sur le journal lemonde.fr
[4] Site insee.fr, étude dédiée
[5] étude "Women in the Workplace 2020 » cabinet McKinsey, Etats-Unis