La dégénérescence maculaire est une maladie de l'oeil qui résulte d'une détérioration graduelle de la macula, petite zone située au centre de la rétine qui permet de voir avec précision les détails et les couleurs. Cette dégénérescence due au vieillissement (elle est rare chez les personnes de moins de 50 ans) entraîne une perte progressive ou rapide de la vision centrale, sans pour cela provoquer de douleur. Sauf exception, elle ne conduit pas à la cécité et la vision latérale est maintenue. On estime qu'en France de 800 000 à un million de personnes seraient atteintes par la DMLA, dont plus de la moitié sont âgées de plus de quatre-vingts ans.
On distingue deux types de DMLA :
- la dégénérescence maculaire sèche, qui représente 80 % des cas et se traduit par un rétrécissement de la rétine accompagné d'une accumulation de protéines colorées à l'intérieur de celle-ci. Lors d'une dégénérescence maculaire sèche, la vision centrale (au centre du champ visuel) commence à s'affaiblir dans un oeil. Les couleurs restent visibles, mais les détails sont flous. Cette évolution se fait sur une dizaine d'années. Souvent, les premiers signes passent inaperçus, en particulier si l'autre oeil est en bon état. Malheureusement - la dégénérescence maculaire ne touche que rarement un seul oeil ; l'autre finit toujours par présenter les mêmes symptômes.
- la dégénérescence maculaire humide où de nouveaux vaisseaux sanguins se développent autour et en arrière de la macula. Des protéines s'échappent de ces vaisseaux et s'accumulent sur la macula. Ces protéines finissent par disparaître, mais elles laissent une cicatrice. Lors d'une dégénérescence maculaire humide, la perte de la vue est beaucoup plus rapide. La partie centrale du champ de vision s'amenuise et finit généralement par disparaître complètement en laissant une large zone aveugle. Un des premiers signes de la dégénérescence maculaire humide est l'apparition de lignes qui ondulent au centre du champ visuel. Ce phénomène s'explique par l'écoulement de liquides qui s'échappent des nouveaux vaisseaux sanguins, soulèvent la macula et la déforment. La dégénérescence maculaire humide est celle qui cause le plus grand nombre de cécités, même si elles sont rarement totales.
Les causes de la dégénérescence maculaire demeurent en grande partie inconnues, mais les risques s'accroissent avec l'âge et cette maladie présente parfois une composante héréditaire. Fumer augmente les risques d'apparition de la maladie et semble accélérer sa progression. Les rayons ultraviolets semblent également accélérer l'évolution de la maladie, surtout chez les personnes aux yeux de couleur claire. L'exposition intense à la lumière du jour, par exemple lors d'une vie professionnelle en extérieur dans une région très ensoleillée, augmente le risque de développer une DMLA.
Des concentrations élevées de cholestérol dans le sang et l'hypertension artérielle ont également été associées à la dégénérescence maculaire. La dégénérescence maculaire humide semble plus fréquente chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires.
La consultation annuelle auprès d'un ophtalmologiste permet de dépister la dégénérescence maculaire lors de l'examen de la rétine. Si vous notez des zones de votre champ visuel où il vous semble voir moins bien, si vous avez des difficultés à lire ou que les mots apparaissent irrégulièrement flous, ou si vous percevez une zone noire au centre de votre champ de vision, il est indispensable de consulter rapidement un ophtalmologiste.
La dégénérescence maculaire humide peut être décelée à l'aide d'un test appelé grille d'Amsler (voir encadré). Il s'agit d'un réseau de lignes verticales et horizontales enfermant un point en son centre. Pour une personne atteinte de cette affection, les lignes du centre semblent infléchies vers le milieu et disparaissent dans une région sombre où le point central reste visible.
Cette grille peut vous aider à dépister les premiers signes d'une DMLA humide. Pour l'utiliser, tenez d'une main la grille, à environ 30 cm de vos yeux. Mettez l'autre main devant un oeil (vous pouvez porter vos lunettes). Fixez le point noir au centre. Les lignes horizontales et verticales doivent apparaître droites et les carrés de la même taille. Changez de main et d'oeil. Si les lignes apparaissent tordues ou si certains carrés apparaissent plus grands, consultez rapidement un ophtalmologiste.
La prévention de la DMLA consiste surtout à éviter les facteurs aggravants.
Portez des lunettes de soleil : les rayons ultraviolets de la lumière solaire pourraient favoriser l'apparition de la dégénérescence maculaire, en particulier chez les personnes aux yeux clairs. Protégez-vous avec un chapeau et des verres solaires adaptés.
Arrêtez de fumer : les fumeurs courent deux à trois fois plus de risque d'être atteints de DMLA. Pour arrêter, demandez conseil à votre médecin traitant.
Surveillez votre taux sanguin de cholestérol et votre pression artérielle : les complications des maladies cardiovasculaires semblent augmenter le risque de développer une DMLA.
Mangez des aliments riches en substances antioxydantes. La DMLA est une des quelques maladies où la supplémentation en substances antioxydantes (bêta-carotène, vitamines C et E, zinc), en plus de l'alimentation habituelle, a un effet largement prouvé. Cet effet justifie sa prescription systématique par les ophtalmologues dans le cadre du traitement des formes intermédiaires ou avancées. On ignore si cette supplémentation peut être recommandée pour prévenir l'apparition de cette maladie, mais l'on sait à partir des études épidémiologiques qu'à une alimentation riche en légumes vert foncé, et en particulier en épinards qui contiennent des quantités notables de caroténoïdes, est associée une réduction du risque de développer une DMLA. Les aliments particulièrement riches en caroténoïdes sont les choux verts, les courgettes, les brocolis, les petits pois, le maïs, les kiwis, les oranges, les mangues et le jaune d'oeuf. Le zinc est présent en quantités intéressantes dans les huîtres, le germe de blé, le foie, les
viandes, les crustacés et les graines de sésame.
Dans le cadre du traitement de la DMLA, les ophtalmologues prescrivent un mélange d'antioxydants : chaque jour, 500 mg de vitamine C, 400 UI de vitamine E, 15 mg de bêta-carotène, 80 mg d'oxyde de zinc, auxquels sont associés 2 mg d'oxyde de cuivre pour compenser les effets du zinc qui diminue l'absorption du cuivre par l'intestin. Cette supplémentation a prouvé son efficacité pour ralentir la progression des symptômes de la DMLA avérée.
Attention, chez les fumeurs ou ceux qui ont arrêté de fumer depuis moins d'un an, le bêta-carotène n'est pas administré car il augmente le risque de cancer du poumon : les personnes qui fument ne devraient pas dépasser la dose quotidienne de 20 mg de bêta-carotène (aliments inclus). En effet, une étude finlandaise a montré que le risque de cancer du poumon était augmenté de 18 % chez les fumeurs qui en recevaient 20 mg par jour.
La simple supplémentation en zinc a également montré une efficacité significative dans le ralentissement de l'évolution de la DMLA. Attention, la prise de doses de zinc supérieures à 40 mg par jour expose les hommes à une hypertrophie de la prostate et à une baisse des fonctions immunitaires. Cette prise doit se faire impérativement sous contrôle médical.
Ces deux substances font partie de la famille des caroténoïdes et possèdent des propriétés antioxydantes. Les résultats de quelques essais cliniques semblent indiquer qu'un supplément de lutéine, pris à long terme, pourrait ralentir la progression de la dégénérescence maculaire. Toutefois, pour de multiples raisons, il est préférable d'enrichir son alimentation en fruits et légumes riches en lutéine et en zéaxanthine plutôt que de prendre des compléments alimentaires contenant ces substances.