En France, la réglementation des eaux de boisson, qu’elles soient du robinet ou en bouteilles, est stricte. La présence de bactéries, virus ou autres micro-organismes est interdite et les eaux que nous buvons sont saines. Pour information, selon l’Organisation mondiale de la santé, 2,1 milliards d’êtres humains n’ont pas cette chance.
L’eau du robinet contient des composés chlorés qui peuvent lui donner un mauvais goût « de javel ». L’usage de carafes filtrantes à base de charbon enlève ce goût. Mais également le simple fait de laisser l’eau du robinet reposer au réfrigérateur (pour éviter les contaminations) pendant 12 à 24 heures. Les composés chlorés s’évaporent.
Le goût de l’eau, quelle qu’elle soit, varie selon son origine, en particulier pour les eaux minérales, plus ou moins salées et avec un goût plus ou moins métallique.
Les nitrates présents dans l’eau du robinet proviennent des nitrates utilisés comme engrais en agriculture, et qui se retrouvent dans les nappes phréatiques ou les rivières. Dans le corps, ces nitrates se transforment en nitrites, cancérigènes.
Fréquemment, en zone agricole, des villages se retrouvent sans eau potable parce que leur nappe est contaminée au-delà du seuil acceptable. Le taux de nitrates des eaux du robinet est régulièrement contrôlé, ainsi que celui des sources d’eau en bouteilles.
Des perturbateurs endocriniens ont été retrouvés dans des eaux en bouteille, en particulier le DEHF, utilisé pour rendre le plastique des bouteilles plus souple, voire provenant des sources elles-mêmes contaminées. En 2009, deux chercheurs de l’université Goethe, en Allemagne, avaient annoncé avoir trouvé de nombreux perturbateurs endocriniens dans des bouteilles d’eau. Cette découverte reste à confirmer, mais il est néanmoins préférable d’éviter d’exposer les bouteilles d’eau à des températures supérieures ou égales à 30°C pour éviter le passage de composés liés au plastique. En revanche, contrairement à certaines rumeurs, pas de bisphénol A dans l’eau en bouteille.
Mais l’eau du robinet n’est pas vierge de ces perturbateurs : en 2017, l’ONG Générations futures a signalé avoir identifié (à partir de documents d’analyse publics) des perturbateurs endocriniens dans les rivières, les nappes phréatiques et les canalisations d’eau du robinet. Parmi les plus fréquents de ces perturbateurs, le glyphosate et l’atrazine, deux herbicides employés en agriculture.
Les trihalométhanes (THM) sont des substances qui se forment lorsque les composés chlorés utilisés pour désinfecter l’eau du robinet interagissent avec des débris organiques (restes de végétaux par exemple). Elles ne sont a priori présentes que dans les eaux du robinet issus de lacs ou de rivières (les nappes phréatiques ne contiennent pas ces débris).
La présence de fortes concentrations de THM (plus de 100 microgrammes par litre) dans l’eau de boisson est liée à une augmentation du risque de cancer de la vessie. Les contrôles de l’eau du robinet prennent en compte les THM, dont la concentration varie selon les saisons (elle est plus forte en été). Comme pour les composés chlorés, laisser l’eau reposer 24 heures élimine naturellement les THM.
En 2018, une étude a retrouvé des microparticules de plastique dans 93 % des échantillons testés d’eau en bouteille (11 marques à travers le monde) : en moyenne 10 particules par litre et jusqu’à 930 ! Ces microparticules proviendraient du processus d’embouteillage. Elles étaient suffisamment petites pour être absorbées par l’intestin. Mais on ignore encore leur éventuel impact sur la santé.
L’eau du robinet en contient également, mais à une concentration deux fois moindre.
Vous vous en doutiez, l’eau du robinet est moyenne 100 fois moins chère que l’eau en bouteille : 0,3 centimes par litre contre 30 centimes par litre. Selon les marques, ce prix peut atteindre 90 centimes par litre, voire plus.
Là aussi, le match est inégal. On estime que le marché de l’eau en bouteille en France mobilise 25 millions de bouteilles en plastique (9,3 milliards de litres d’eau) dont seulement la moitié est recyclée.
De plus, le transport des bouteilles d’eau génère une empreinte carbone considérable : on estime que pour produire et livrer 1 litre d’eau en bouteille, il faut 0,1 litre de pétrole, 80 grammes de charbon, 42 litres de gaz et… 2 litres d’eau ! (source L’emballage écologique).
L’eau du robinet n’est pas sans empreinte carbone, mais bien plus réduite.
« Eau en bouteille vs. eau du robinet : match amical en 5 rounds », Veolia
« Devrait-on se méfier de l’eau en bouteille plastique ? », Le Matin, 15 mai 2016
« Les perturbateurs endocriniens, poison dans l’eau du robinet », Libération, 13 janvier 2017
« Les trihalométhanes dans l’eau potable », brochure du gouvernement du Québec, 2009
« L’eau en bouteille, deux fois plus contaminée par des particules de plastiques qu’au robinet », Science et Avenir, 15 mars 2018
Une infographie sur l’impact écologique de l’eau en bouteille par L’emballage écologique