Le virus de la grippe existe sous de très nombreuses formes : virus A, B ou C, et souches distinctes selon les protéines qui le composent (les initiales H et N, comme dans H1N1).
Chaque année, une pandémie de grippe parcourt la planète et les virus responsables ne sont jamais exactement les mêmes.
Six à neuf mois avant le début de la saison grippale, les scientifiques décident des souches qui seront concernées par le vaccin de l’année. Comme le virus de la grippe possède une capacité d’évolution importante et imprévisible, il arrive parfois que la composition choisie pour le vaccin ne soit pas adaptée du fait de l’apparition inopinée d’une mutation imprévue, réduisant significativement l’efficacité vaccinale.
Une fois les souches de l’année identifiée, elles sont cultivées dans des œufs de poule. Le virus est ensuite extrait, désactivé et testé sur des… furets. En effet, le furet est le seul animal d’élevage sensible au virus de la grippe humaine. Ces tests permettent de mesurer la défense immunitaire provoquée par la vaccination.
Depuis quelques années, cette méthode de production est critiquée. En effet, la production dans des œufs pousse le virus de la grippe à muter et ces mutations nuiraient à l’efficacité du vaccin. De plus, pour des raisons encore non identifiées, les furets réagissent moins bien au vaccin depuis une dizaine d’année et ne sont plus d’aussi bons indicateurs de l’efficacité. D’autres méthodes sont en cours d’évaluation pour mieux prédire l’efficacité du vaccin.
En 2016-2017, les prédictions des scientifiques sur les souches circulantes ont été particulièrement mauvaises et diverses études ont montré une efficacité du vaccin allant de 20 à 30 % dans l’hémisphère Nord (c’est-à-dire que seulement 20 à 30 % des personnes vaccinées étaient efficacement protégées).
Selon Santé Publique France, l’efficacité du vaccin 2017-2018 en Europe a varié entre 38 % (population générale) et 44 % (personnes de plus de 65 ans). En France, l’étude FLUVAC (qui mesure l’efficacité du vaccin à éviter une forme sévère de grippe conduisant à une hospitalisation chez les adultes) a montré une efficacité vaccinale de 11% (31% contre les virus de type A et à 6% contre les virus de type B), mais on parle là d’éviter une hospitalisation.
Pour 2018-2019, des scientifiques américains ont prédit une efficacité moyenne du vaccin de 19 % qui reste à confirmer.
En 2018, la prestigieuse organisation Cochrane a publiée trois revues de la littérature scientifique sur l’efficacité du vaccin contre la grippe selon l’âge de la personne vaccinée. Selon ce travail croisant les résultats de très nombreux essais cliniques :
- chez les adultes en bonne santé, il faut vacciner 71 personnes pour éviter un cas de grippe avérée et 29 pour éviter un cas de syndrome grippal.
- chez les personnes âgées, la vaccination de 30 personnes évite un cas de grippe et celle de 42 personnes évite un cas de syndrome grippal.
- chez les enfants de plus de deux ans, la vaccination de seulement 7 enfants prévient un cas de grippe (12 enfants pour éviter un cas de syndrome grippal).
Ainsi, la vaccination contre la grippe semble considérablement plus efficace chez les enfants (qui n’ont pas connu beaucoup de saisons grippales) que chez les adultes.
Même si le vaccin contre la grippe n’est que modérément et variablement efficace, il reste indispensable pour les personnes vulnérables chez qui une grippe sévère pourrait entraîner le décès : personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de maladies chroniques (cardiovasculaires, respiratoires, métaboliques, neurologiques, immunitaires, etc.), professionnels de santé et médico-sociaux, entourage des nourrissons fragiles, etc.
Même avec une efficacité de 50 %, la vaccination de ces personnes prévient environ 2000 décès chaque année.
Les 3 revues croisées de l’organisation Cochrane
Les données de Santé Publique France pour 2017-2018
Les recommandations en terme de vaccination des personnes vulnérables