Gaz Proto : un produit détourné de son usage et dangereux
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Le protoxyde d’azote : de plus en plus de pratiques à risques chez les jeunes

Le protoxyde d’azote, gaz alimentaire vendu en grande distribution, est depuis long-temps détourné de son usage initial pour être utilisé à des fins psychoactives. Ces dernières années, sa consommation a fortement augmenté chez les jeunes. AXA Prévention décrypte pour vous ce phénomène, et les risques associés.

Le protoxyde d’azote : de plus en plus de pratiques à risques chez les jeunes

Le protoxyde d’azote, gaz alimentaire vendu en grande distribution, est depuis long-temps détourné de son usage initial pour être utilisé à des fins psychoactives. Ces dernières années, sa consommation a fortement augmenté chez les jeunes. AXA Prévention décrypte pour vous ce phénomène, et les risques associés.

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Plus d'un quart

des étudiants affirment avoir déjà consommé du « proto ». [1]

Le protoxyde d’azote, c’est quoi ?

Le protoxyde d’azote est communément appelé « proto », ou gaz hilarant. Commercialisé sous forme de cartouches ou de bonbonnes, il est utilisé par les cuisiniers professionnels ou amateurs pour les aérosols culinaires comme les siphons à crème chantilly par exemple. Il s’achète facilement et pour quelques euros dans les épiceries, les supermarchés et sur Internet.

Cette même molécule, N2O, est aussi utilisée pour un usage médical à des fins anesthésiantes. Le protoxyde d’azote fait donc partie de la liste des substances vénéneuses, il est à ce titre soumis à une réglementation très stricte.

Le protoxyde d’azote détourné par les jeunes…

Les collégiens, lycéens et étudiants détournent le protoxyde d’azote de son usage alimentaire. Concrètement, ils utilisent un siphon ou un « cracker », tube qui permet de percer la cartouche, et un ballon de baudruche pour l’inhaler.

Le but recherché ? Un effet festif, rapide, éphémère et euphorisant. Le gaz peut aussi modifier les perceptions sensorielles, mettre les consommateurs dans un état de « flottement » et provoquer des fous rires incontrôlables.

Ces dernières années, les jeunes consomment de plus en plus de « proto », de plus en plus souvent, voire même quotidiennement. Et les dommages observés sont de plus en plus graves. 

Les complications liées à la consommation de protoxyde d’azote

Depuis 2021, les professionnels de santé et les structures de veille sanitaire recensent des dizaines de cas graves suite à l’inhalation de gaz.

Le nombre de cas évalués par le réseau d’addictovigilance a été multiplié par 10, depuis 2019. [2]

Les troubles physiques et psychologiques

De nombreux symptômes ont été observés immédiatement après consommation : des nausées, des maux de tête, des vomissements, des diarrhées, des crampes abdominales, de la somnolence, des acouphènes… Ils disparaissent généralement au bout de 15 minutes.

À forte dose, les troubles sont beaucoup plus importants : asphyxies, pertes de connaissance, brûlures par le froid du gaz expulsé, pertes de repères, vertiges ou encore chutes. Plus de cinquante décès ont également été constatés.

Près de 76% des appels reçus par les centres antipoison relatifs à ce produit concernent des atteintes neurologiques avec parfois des séquelles persistantes nécessitant une rééducation. [3]

D’autres effets à plus long terme peuvent survenir, comme des troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques. Et si le gaz est consommé avec d’autres substances (alcool ou drogues), les risques sont encore plus accrus.

Si vous observez des symptômes suite à l’inhalation de gaz hilarant, appelez le 15 ou le 18.

Autre conséquence néfaste : la carence en vitamine B12, responsable des affections de la moelle épinière à l’origine d’anémie et de troubles neurologiques comme les fourmillements, les engourdissements, la difficulté à marcher, la faiblesse musculaire, la perte d’équilibre, les sensations de décharge dans la nuque... L’arrêt du « proto » et un traitement à base de vitamine B12 permettent un retour à la normale.

Les dommages environnementaux

Les jeunes ont tendance à jeter dans la rue les cartouches métalliques et les ballons en caoutchouc ou en latex. Non seulement, ils mettent des mois à se décomposer naturellement, mais ils peuvent aussi être ingérés par des animaux. Cet argument écologique peut toucher les jeunes, de plus en plus concernés par le dérèglement climatique. 

Déposer illégalement des déchets, ordures et autres matériaux sur la voie publique est passible d’une amende.

Le protoxyde d’azote : que dit la loi ?

En 2021, une loi de prévention des usages dangereux du protoxyde d'azote a été adoptée et interdit notamment la vente du produit aux mineurs qui est aujourd’hui passible d’une amende de 3750€ (loi n°2121-695 du 1er juin 2021) et proscrite dans les débits de boisson et de tabac.

En avril 2023, une proposition de loi visant à en interdire la consommation a été déposée pour proscrire totalement la vente, la détention et la consommation du protoxyde d’azote pour les particuliers.

Et chez nos voisins ?

  • aux Pays-Bas, la possession et la vente de protoxyde d’azote sont interdites depuis le 1er janvier 2023 ;
  • aux UK, le gouvernement a annoncé l’interdiction du « proto » et dénonce des consommateurs « à un comportement antisocial » qui « saccagent les espaces publics ».

Pour en savoir plus :

  • Pour rester informés, téléchargez la plaquette de prévention des Hospices civils de Lyon et suivez les réseaux sociaux de la MILDECA (Twitter, Facebook, LinkedIN). Vous pouvez aussi partager ces contenus pour sensibiliser votre entourage.
  • Si un jeune souhaite se sevrer, il est indispensable qu’il se fasse accompagner par un médecin généraliste ou un addictologue. Il peut aussi se rendre sur le site DroguesInfoService ou téléphoner au 0 800 23 13 13 de 8h à 2h, 7 jours sur 7 (service et appel anonymes et gratuits). Il existe également des Consultations Jeunes Consommateurs.

>>Découvrez notre article pour savoir vers quel professionnel de santé mentale se tourner.

>>Pour aller plus loin, parcourez notre guide des addictions

Sources

[1] site Service Public

[2] site Préfecture de Police

[3] Bilan des centres antipoison / Bilan des centres d’addictovigilance https://ansm.sante.fr/actualites/protoxyde-dazote-des-intoxications-en-hausse (publié le 16/11/2021)