Solution la plus répandue, l’usage de la climatisation pour se rafraîchir alimente pourtant le cercle vicieux du réchauffement. Des alternatives à la clim' se développent pour faire baisser la température, autour du concept de rafraichissement urbain.
2 fois plus
de vagues de chaleur en France sont prévues d'ici 2050 [1]
Parmi les effets visibles du changement climatique, l'augmentation de la température et la sécheresse sont sans doute les plus frappants en France. En 50 ans, Météo France ne dénombre pas moins de 41 vagues de chaleur, également appelées canicules. [3]
Depuis 1970, la température a augmenté de 2,3°C en France métropolitaine. Une tendance qui va continuer à s'accélérer faute de politiques climatiques ambitieuses à l'échelle mondiale. [4] Mais ces variations de température ne sont pas identiques sur l'ensemble du territoire.
En ville, le réchauffement climatique s'accompagne d'un phénomène météorologique appelé ilot de chaleur [5]. En milieu urbain en effet, la température monte, mais peine à redescendre, en particulier la nuit.
Du fait de leur configuration, les villes ont en effet bien plus de mal à se rafraîchir : [6, 7]
- la circulation du vent est affaiblie par les constructions ;
- les surfaces artificielles comme l'asphalte ou le béton stockent la chaleur et la restituent (les matériaux urbains stockent et renvoient ainsi 15 à 30% fois de chaleur qu'en zone rurale [6]) ;
- l'activité humaine et industrielle ajoute à la chaleur ambiante (voitures, climatisation).
˃˃ Retrouver les bonnes pratiques pour limiter son empreinte carbone
La lutte contre le réchauffement urbain est un véritable enjeu de santé publique.
Parce qu'ils provoquent des excès de température de 7 à 8°C par rapport aux zones moins exposées, les îlots de chaleur augmentent la vulnérabilité des citadins et citadines. [9] Conséquences de la surchauffe en ville : les canicules y sont plus mortelles qu'en zone rurale. En 2003 par exemple, on comptait 40% de surmortalité en zone rurale contre 141% à Paris. [7]
Ce risque s'accompagne d'inégalités sociales de santé avec des personnes plus vulnérables que d'autres aux îlots de chaleur : [9]
- les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes et les personnes malades ;
- les personnes en situation de précarité socioéconomique, en lien notamment avec les conditions de logement (manque d'isolation, pas d'accès à des lieux frais comme les centres commerciaux, etc.).
Par exemple, on estime que dormir sous les toits dans un ilot de chaleur urbain multiplie par 4,1 le risque de décès par rapport à une zone non exposée ! [10]
La chaleur peut également s'accompagner de pics de pollution.
Premier réflexe en cas d'inconfort thermique dans un ilot de chaleur : allumer la clim' ! Une fausse bonne idée, puisque malgré le rafraichissement immédiat qu'elle procure, la climatisation consomme de l'énergie et génère des émissions de gaz à effet de serre.
L'enjeu est important : on prévoit en effet que la climatisation serait utilisée trois fois plus en Europe en 2050, face au réchauffement ! [2]
Pour éviter cet écueil, des solutions alternatives se développent, sous le concept du rafraichissement urbain.
˃˃ Lire notre article sur les actions des collectivités pour réduire la chaleur urbaine
Les solutions disponibles à ce jour mobilisent trois approches différentes et complémentaires [8] :
- les solutions vertes visent à ramener la nature en ville (parcs, toitures végétales, gestion des eaux pluviales, etc.). Une étude menée par l’INSA Strasbourg confirme l’adage selon lequel les arbres « rafraichissent » autant que plusieurs climatiseurs : les scientifiques démontrent qu’ils empêchent l’air de se réchauffer et contribuent au maintien de températures moins élevées au sein des microclimats urbains [8.b]
- les solutions grises concernent la modification des constructions (panneaux solaires, isolation, revêtements drainants, etc.) ;
- les solutions douces peuvent être appliquées par chacun et chacune d'entre nous (résister à la tentation de la climatisation, se déplacer avec des modes de transport doux, etc.)
˃˃ Lire notre article sur l'adaptation individuelle aux fortes chaleurs
Cumulées, ces solutions doivent contribuer au rafraichissement en ville en cas de forte chaleur, sans pour autant augmenter la consommation d'énergie. Par des techniques comme l'inertie thermique (donc la capacité d’un matériau à maintenir une température stable), la circulation du vent ou l'ombrage, on diminue l'empreinte carbone, on économise l'énergie et on réduit l'impact sur les ressources naturelles !
[1] Météo France, 2019, cité dans Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:6
[2] Agence internationale de l'énergie, 2018, cité dans Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:3
[3] Météo France, cité dans Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:6
[4] Météo France-Onerc, cité dans Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:7
[5] CNRS, Comprendre les îlots de chaleur urbains, 2021, https://lejournal.cnrs.fr/articles/comprendre-les-ilots-de-chaleur-urbains
[6] Cerema, https://www.cerema.fr/fr/actualites/ilots-chaleur-agir-territoires-adapter-villes-au-changement
[7] Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:8
[8] Ademe, Rafraîchir les villes, des solutions variées, 2021:13
[8b] Etude menée par T. Landes, INSA Strasbourg https://www.geo.fr/environnement/en-transpirant-les-arbres-rafraichissent-la-terre-213947
[9] Santé publique France, Benmarhnia Tarik, Beaudeau Pascal
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 16-17, p. 354-357, https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/fortes-chaleurs-canicule/documents/article/les-villes-et-la-canicule-se-preparer-au-futur-et-prevenir-les-effets-sanitaires-des-ilots-de-chaleur-urbains
[10] Adaptaville, https://www.adaptaville.fr/effets-d-ilots-de-chaleur-quels-impacts-comment-les-identifier