Les supposés effets antidépresseurs du chocolat sont habituellement justifiés par la présence de théobromine, mais également par son effet positif sur les taux sanguins de sérotonine (le chocolat en contient, contient une substance qui est transformée en sérotonine par l’organisme, et sa teneur en sucre et en caféine en stimule la production par le cerveau). La sérotonine est un messager chimique entre les cellules nerveuses qui est impliqué dans la régulation du sommeil et de l’humeur. Les personnes qui souffrent de dépression ont des taux sanguins de sérotonine anormalement bas (et la plupart des médicaments contre la dépression récents agissent en augmentant le taux de sérotonine dans l’espace de connexion entre les cellules nerveuses – les synapses).
Une équipe américaine a également mis en évidence que le chocolat contenait une autre substance euphorisante, l’anandamide, qui agit sur les mêmes récepteurs que la substance active du cannabis... Mais les concentrations du chocolat en anandamide sont trop faibles pour expliquer un éventuel effet antidépresseur.
En fait, très peu d’études cliniques ont exploré cet effet et aucune n’a pu montrer un effet positif de la consommation régulière de chocolat sur l’humeur ou la qualité de vie. Par exemple, une étude publiée en 2015 et menée sur environ 4 600 personnes pendant 3,5 ans n’a pas mis en évidence d’effet de la consommation de chocolat sur le bien-être physique ou psychique.
La seule étude montrant un effet positif de la consommation de chocolat sur l’humeur est intéressante car elle montre que cet effet n’est observable que si la personne le consomme en le dégustant (« mindful consumption ») ! Une consommation distraite ne produirait aucun effet. Cette étude semble indiquer que les vertus euphorisantes éventuelles du chocolat seraient davantage liées au moment festif que représente sa consommation qu’aux substances qu’il contient.
Par ailleurs, quelques études ont clairement montré que les personnes qui souffrent de dépression ont spontanément une consommation plus élevée de chocolat. De nouveau, la question se pose de savoir si ces personnes adoptent ce comportement alimentaire pour les substances contenues dans le chocolat, ou parce que croquer un morceau de chocolat est un geste de plaisir et de réconfort.
Dans tous les cas, mieux vaut ne pas oublier que 100 grammes de chocolat noir représentent environ 530 kcal, c’est donc un aliment très calorique. Se faire plaisir, oui, mais dans le cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée.
Table CIQUAL de composition des aliments
Di Tomaso E, Beltramo M & Piomelli D. « Brain cannabinoids in chocolate. » Nature. 1996 Aug 22;382(6593):677-8.
Balboa-Castillo T, López-García E et al. « Chocolate and Health-Related Quality of Life: A Prospective Study. » PLoS One. 2015; 10(4).
Meier BP, Noll SW & Molokwu OJ. « The sweet life: The effect of mindful chocolate consumption on mood. » Appetite. 2017 Jan 1;108:21-27.
Rose N, Koperski S & Golomb BA. « Chocolate and Depressive Symptoms in a Cross-sectional Analysis. » Arch Intern Med. 2010 Apr 26; 170(8): 699–703.