Jeudi 28 avril, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) orchestre la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. L’objectif consiste à favoriser l’instauration d’un dialogue positif entre les différents acteurs. Un enjeu de taille, dans un contexte fortement marqué par la crise sanitaire.
D’après l’INRS*, la prévention des risques professionnels s’appuie sur trois valeurs fondamentales [1] :
- La personne (employeur, encadrement, salariés…)
- La transparence (clarté de la communication et des objectifs à atteindre, prise en compte réelle des situations de travail …)
- Le dialogue social pour susciter l’adhésion des salariés à la politique de prévention de l’entreprise.
Le rapport 2020 de l’Assurance maladie sur les accidents de travail, de trajets et de maladies professionnelles (publié en décembre 2021) fait état d’une baisse globale des cas, liée à la pandémie [2] .
L’activité a effectivement été fortement impactée par les confinements et le recours massif au télétravail :
- Le nombre d’accidents du travail a baissé de 17,7% avec près de 540 000 cas reconnus contre plus de 655 000 en 2019 ;
- Les accidents de trajets ont quant à eux baissé de 19,7% par rapport à 2019 avec près de 74 500 cas ;
- Les maladies professionnelles étaient aussi en net recul, affichant une diminution de 19% en 2020, avec un peu plus de 40 000 cas contre près de 50 000 en 2019. 87% des dossiers instruits concernent des troubles musculosquelettiques ;
La seule hausse concerne les affections psychiques avec une augmentation marquante de 37%, soit 1 441 cas de troubles psychosociaux pris en charge en 2020.
Selon le Code du travail, tout employeur a pour obligation légale d’assurer la sécurité de ses salariés et de protéger leur intégrité physique et mentale, quelle que soit la taille de l’entreprise. Il est aussi tenu d’évaluer les risques professionnels et de mettre en place des actions de prévention, d’information et de formation à destination de ses équipes [3].
En fonction du domaine d’activité de l’entreprise, certaines spécificités doivent trouver des réponses adaptées, telles que :
- les risques de chute ;
- les risques impliquant l’utilisation de machines industrielles ;
- les risques psychosociaux liés à une surcharge de travail ou à un environnement potentiellement violent ;
- les risques chimiques ;
- les risques liés à la pénibilité (manutention, bruit, vibrations…).
En application depuis le 31 mars 2022, la loi « Santé au travail » renforce la prévention des risques en entreprise [4]. Parmi les nouveautés se trouvent une nouvelle définition du harcèlement sexuel ; l’encadrement de la visite à distance ; la mise en place d’un rendez-vous de liaison pendant l’arrêt de travail ; la visite médicale de mi-carrière (autour de 45 ans) et la visite post-exposition, destinée aux salariés bénéficiant d’un suivi individuel renforcé.
Une étude réalisée par l’association « Présance » donne la parole aux salariés des TPE-PME sur les enjeux de la santé et de la sécurité au travail [5]. Près de 3 personnes interrogées sur 4 ont ainsi le sentiment que ces enjeux sont plutôt bien pris en compte par leur employeur.
Ils sont aussi 61% à considérer que la politique de santé et de sécurité de l’entreprise doit découler de décisions collégiales entre les salariés et les dirigeants, tandis que près d’un salarié sur deux estime avoir participé à des actions de prévention ces dernières années.
Dans une autre étude, publiée en décembre 2021, la Dares** constate de son côté une baisse du suivi des salariés du privé par les services de santé au travail qui s’explique par une diminution du nombre de médecins du travail [6].
L’analyse révèle en effet que récemment, 39% des salariés affirmaient avoir rencontré un médecin ou un infirmier dans un cadre professionnel au cours des 12 derniers mois. Ils étaient 70% en 2005. Cet espacement de plus en plus grand des visites médicales se constate également auprès des personnes les plus exposées aux contraintes physiques.
Télétravail, flex-office, coworking… Les nouvelles organisations de travail ont pris une place de plus en plus importante dans la vie des salariés, notamment depuis la crise sanitaire qui a bouleversé nos façons de travailler.
Ces modèles présentent des avantages certains, mais aussi quelques dangers si les dirigeants n’anticipent pas assez leur mise en œuvre.
Généralisé au moment des confinements, le recours au télétravail comprend plusieurs risques, à savoir :
- la sédentarité,
- la sensation d’isolement,
- le sentiment d’être connecté en permanence à son entreprise à travers les outils de communication,
- l’effacement de la frontière entre vie pro et vie perso.
Plus récente, la pratique du flex-office consiste à ne plus avoir de bureau attitré. S’il représente pour l’entreprise une source non-négligeable d’économies, ce mode de fonctionnement est parfois décrié pour la dépersonnalisation des espaces de travail, source de stress, d’instabilité et de démotivation.
Première cause de mortalité au travail, le risque routier professionnel constitue une priorité en matière de prévention en entreprise.
D’après le Baromètre 2022 AXA Prévention, les mauvais comportements sur les trajets professionnels augmentent et retrouvent leur niveau d’avant la crise sanitaire après deux années d’accalmie liées aux restrictions de circulation. Ils concernent essentiellement :
- la vitesse,
- le téléphone au volant,
- la conduite en état de fatigue.
Le stress sur les trajets professionnels retrouve également son niveau d’avant la pandémie avec 66% des personnes interrogées qui se sentent stressées sur le chemin du travail, contre 62% en 2021.
Face à cette situation, près de 3 salariés sur 4 demandent aujourd’hui à leur employeur davantage d’actions de prévention et de sensibilisation aux risques routiers professionnels.
Outre la médecine du travail, différents acteurs peuvent vous apporter une aide en matière de santé et de sécurité au travail :
- votre supérieur hiérarchique ;
- la direction des ressources humaines ;
- les représentants du personnel ;
- le service social de l’Assurance maladie.
Il existe également plusieurs plateformes en ligne à destination des dirigeants et des salariés :
- Le site de l’INRS* cité ci-dessus ;
- Le site de l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) ;
- Le site Souffrance et Travail ;
Envie d’en savoir plus, et de rester informé ? Découvrez les plateformes dédiées d’AXA Prévention « En forme au travail » et « En sécurité au travail », et bénéficiez de nombreux conseils d’experts, de kits de sensibilisation, de dispositifs d’e-learning…
* Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
** Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.