Limites planétaires : mesurer l’état de la planète, avancer vers la transition écologique

En 2023 a été réalisé le dernier bilan des limites planétaires, en France et dans le monde. Il révèle que six des neufs limites de la planète sont déjà dépassées, mettant en danger durablement l’environnement et les espèces vivantes.

Limites planétaires : mesurer l’état de la planète, avancer vers la transition écologique

En 2023 a été réalisé le dernier bilan des limites planétaires, en France et dans le monde. Il révèle que six des neufs limites de la planète sont déjà dépassées, mettant en danger durablement l’environnement et les espèces vivantes.

Changement climatique, océan, pollution, biodiversité : le point sur les limites planétaires et les réponses apportées en matière de transition écologique.

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C’est le nombre de limites de la planète déjà dépassées en 2023, sur les 9 limites planétaires. [2]

Les limites de la planète : de quoi s’agit-il ?

Conceptualisées pour la première fois en 2009 par le Stockholm Resilience Center, les limites planétaires constituent un cadre de composantes nécessaires à la préservation de la planète et des espèces qui y habitent. [5] Ces indicateurs s’inscrivent dans la continuité du rapport Meadows « Les limites à la croissance », qui alertait déjà en 1972 sur les risques pour la planète de l’exploitation tous azimuts de ressources limitées. [2]

Sur la base de la période de référence de l’Holocène, qui recouvre 12 000 ans d’histoire, les chercheurs constatent les pressions environnementales exercées par les activités humaines à partir de trois variables : la biosphère, l’atmosphère et l’hydrosphère. [5] Ils déterminent des seuils hauts et bas pour chaque composante [2] :

  • les frontières planétaires sont les valeurs basses ;
  • les limites planétaires sont les valeurs hautes ;
  • la zone d’incertitude se situe entre les deux valeurs.

Dépasser les limites de la planète impliquerait de menacer l'équilibre des écosystèmes et les conditions pour l’alimentation et la santé humaine. [1]

Lire notre article sur les polluants éternels

Six limites de la planète déjà dépassées en 2023

La dernière évaluation de septembre 2023 montre que six limites de la planète ont déjà été dépassées, mettant en danger l’équilibre de la planète et des conditions de vie sur Terre. [1, 2, 4]

  • Le changement climatique est à l’origine de la hausse des températures, des sécheresses, des catastrophes climatiques et de la montée des océans. [3] L’augmentation de 2°C de la température engendrerait la perte d’habitat de 16% des plantes et 18% des insectes (Giec). [1]  Or, la valeur limite de concentration de CO2 dans l’atmosphère a été dépassée et atteint 425 ppm en 2023. [2]
  • L’érosion de la biodiversité provoque des extinctions d’espèces. L’intégrité de la biosphère est fortement affectée, avec 100 à 1 000 extinctions d’espèces constatées chaque année.
  • La perturbation des cycles de l’azote et du phosphore est due aux activités industrielles et à l’utilisation massive d’engrais, provoquant la pollution de l’air, de l’eau et des sols. La quantité d’azote liée à l’activité humaine atteint 190 millions de tonnes par an en 2023 alors que le seuil maximum est de 82 millions, et le niveau de phosphate sur les sols agricoles culmine à 17,5 millions de tonnes par an, au-dessus du seuil maximum de 11, 2 millions. [2]
  • Le changement d’usage des sols concerne l’urbanisation massive et la déforestation, alors que les forêts constituent des puits de carbone indispensables. En 2023, seuls 60% des surfaces forestières de l’an 1700 existent encore, se rapprochant de la limite critique de 54 %.
  • Le cycle de l’eau douce est également affecté. Les perturbations concernent à la fois la pollution et la surexploitation de l’eau bleue (rivières, lacs) comme de l’eau verte (sols, plantes). Depuis 2022, plus de 15 % des sols connaissent un déficit hydrique, une valeur supérieure à la limite maximum de 11,1 %.
  • Les entités nouvelles dans la biosphère concernent l’ensemble des produits chimiques et biologiques rejetés dans l’environnement, sans évaluation du risque. Pourtant, la production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950 et celle des plastiques de 79 % entre 2000 et 2015.

Lire notre guide Climat et environnement : Comprendre & agir, version 2024

Trois limites planétaires n’ont pas encore été franchies

Trois autres limites planétaires n’ont pour le moment pas été franchies. [1, 2]

  • L’acidification des océans est mesurée par le taux d’aragonite. Alors que les océans absorbent un quart du dioxyde de carbone, l’augmentation des émissions perturbe leur équilibre et met en danger la biodiversité. Sans action concrète, la limite sera dépassée en 2050.
  • L’appauvrissement de la couche d’ozone a été dénoncé pour la première fois en 1987. Les actions menées suite au protocole de Montréal ont permis de réduire les concentrations d’ozone et les chlorofluorocarbures. [2]
  • La présence d’aérosols dans l’atmosphère cause la pollution atmosphérique et affecte le climat. Les particules fines constituent une préoccupation majeure, à l’origine de 4,2 millions de décès selon l’OMS [2].

Lire notre article sur la pollution de l’air

Limites planétaires : où en est-on en France ?

Chaque pays peut utiliser le cadre conceptuel des limites planétaires pour mesurer sa contribution et adopter des politiques adaptées. Dans le cadre de l’agenda 2030, la France publie tous les quatre ans un « rapport sur l’état de l’environnement en France » dont le dernier date de 2023. [2, 3 4] Parmi les limites planétaires concernées, on peut mentionner les données et mesures suivantes.

  • Changement climatique : dans un contexte où son empreinte carbone dépasse de 48 % la moyenne mondiale, la France vise à réduire de 55 % ses émissions d’ici à 2030, pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
  • Acidification des océans : la France veut inscrire 100 % des récifs coralliens en zones protégées d’ici 2025.
  • Perturbation des cycles de l’azote et du phosphore : face au dépassement de la valeur limite pour l’azote (55 kg/ha), la France vise à limiter la surfertilisation et la pollution des ressources en eau.
  • Présence d’aérosols dans l’atmosphère : la France souhaite mettre en place des zones à faibles émissions dans les villes de plus de 150 000 habitants.
  • Changement d’usage des sols : face aux importations de matières premières, la France a adopté une stratégie contre la déforestation importée.
  • Entités nouvelles dans la biosphère : la loi anti-gaspillage interdira les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040.
  • Érosion de la biodiversité : alors que le risque d’extinction d’espèces a augmenté de 99% au niveau national entre 2000 et 2022, contre 36% dans le monde, la France a mis en place une stratégie pour la biodiversité.

Lire notre article sur la stratégie biodiversité française

Les limites planétaires peuvent également être utilisées par les territoires dans une démarche de transition écologique. [4] En France, des initiatives existent telles que le schéma de cohérence territoriale du Sud-Loire, ou les trajectoires de transition écologique Grenoble 2040. [2, 4, 5]

Lire comment agir pour la transition écologique

Et parce que la protection de la planète est l’affaire de tous, des ressources existent pour contribuer à l’effort collectif pour la transition écologique.

Sensibiliser les enfants à la transition écologique

Sources