54 %
de la population mondiale habite en ville, une proportion qui pourrait atteindre 70 % d’ici 2050. [1]
Suite à la révolution industrielle puis technologique, l’Homme s’est éloigné de la nature, n’ayant plus besoin d’y puiser les ressources indispensables à sa survie. De plus en plus urbain, il se coupe pourtant des nombreux bienfaits d’une vie au vert. Petit tour du monde des dernières études sur le sujet…
En avril 2023, des chercheurs de Sydney ont publié une méta-analyse, c’est-à-dire une analyse de 92 études scientifiques déjà publiées sur le lien entre santé et nature.
De nombreux effets positifs et immédiats du contact avec un environnement naturel ont été recensés, dont :
- la baisse de la tension artérielle ;
- l’atténuation des symptômes d’anxiété et de dépression ;
Vous habitez en ville ? Un tour dans un petit parc urbain ou un jardin, plutôt calmes, offrent les mêmes bénéfices qu’une marche en forêt.
Le programme national de nature sur ordonnance est dirigé par le Dr Melissa Lem, qui prescrit à ses patients 20 minutes par jour dans la nature. Et s’il peut être compliqué de prendre une « dose » de 20 minutes par jour, elle assure qu’une sortie hebdomadaire de 2 heures aurait les mêmes bénéfices.
Par ailleurs, dans son rapport, la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) détaille l’influence positive de la nature sur la santé et tous ses bienfaits :
Des bienfaits physiques
Ont été identifiés :
- la réduction significative de la fréquence cardiaque ;
- la réduction de la pression artérielle ;
- la diminution de l’activité nerveuse sympathique qui joue un rôle dans la réponse au stress ;
- l’augmentation de l’activité nerveuse parasympathique impliquée dans la relaxation ;
- la baisse du niveau de cortisol, l’une des hormones du stress, dès 5 minutes et sa chute considérable à partir de 20 minutes.
Focus cortisol : il ne doit pas rester élevé très longtemps, car il joue un rôle important dans de nombreux mécanismes de l’organisme et prévient les maladies chroniques, comme l’hypertension artérielle ou le diabète. Il est aussi le garant de l’immunité et donc de la capacité à se défendre face à un virus ou à une bactérie.
Des bienfaits psychologiques
Le bienfait établi avec le niveau de preuve le plus élevé est la réduction de l’anxiété. D’autres bénéfices sont évoqués sur la santé mentale, mais avec des effets plus modestes :
- la sensation de « réparation » ;
- la diminution de la dépression et d’émotions négatives ;
- l’amélioration de l’humeur ;
- l’augmentation de la vitalité qui induit une diminution de la fatigue.
L’influence positive sur la dépression augmente avec le temps d’exposition.
Les résultats sont intéressants à partir de 30 minutes par semaine.
Des bienfaits cognitifs
Certaines études suggèrent ces effets sur l’attention, la mémoire de travail et la souplesse cognitive. Ils nécessiteraient d’être confirmés :
- l’amélioration de la fonction cognitive ;
- la restauration de l’attention ;
- la réduction de la fatigue mentale et de la confusion.
Des résultats très attendus notamment pour prévenir voire atténuer le déclin des fonctions cognitives chez les seniors.
D’autres bienfaits ?
À date, nous manquons d’informations mais il serait intéressant d’approfondir les recherches pour vérifier ces bénéfices supposés :
- l’amélioration du bien-être spirituel ;
- le renforcement de la cohésion sociale et du soutien social ;
- la sensibilisation et comportement positif en matière d’environnement et de durabilité.
Les études à venir devraient s’intéresser au lien entre contacts sociaux et effet favorable de la nature sur la santé.
moins d’espaces verts = plus de solitude ? = moins de vie sociale ? = mal-être ?
Autant de questions qui restent à explorer, mais que chacun peut se poser pour trouver des solutions et vivre mieux, quel que soit son environnement immédiat…
Des sens en éveil
Au-delà de tous ces bienfaits, il est intéressant de vivre une balade dans un parc, dans un square ou un jardin comme une expérience immersive sensorielle qui sollicite :
- la vue : voir des arbres est associé à une réduction du stress et les couleurs bleu et vert, très présentes dans l’environnement, auraient des pouvoirs anxiolytiques ;
- l’ouïe : le calme favoriserait la relaxation ;
- l’odorat : les odeurs de la nature pourraient améliorer l’humeur et diminuer l’agressivité.
Au début des années 80, l’Agence des forêts japonaise a créé le « bain de forêt », une activité qui s’est depuis largement popularisée notamment parce qu’elle est recommandée par les professionnels de santé. Le promeneur est invité à une marche méditative. Il doit prendre son temps, se concentrer sur ce qu’il ressent, se connecter à la nature et se « couper » de son quotidien. Le sujet a donc été naturellement très étudié par les chercheurs japonais.
Au-delà de l’aspect santé, culturellement, au Japon, la forêt est plus qu’un lieu de ressourcement. C’est un lieu sacré, où vivent des divinités et l’âme des défunts.
Et en France ? Ces études pourraient encourager les professionnels de la santé à pousser chacun à passer plus de temps dans la nature et inciter les pouvoirs publics à développer un programme dédié. En attendant, et si on essayait déjà 5 minutes par jour ?
>>Pour aller plus loin, lisez notre dossier sur les professionnels de la santé mentale.