L’eau est en effet au cœur de bien des enjeux climatiques et environnementaux. Dans son dernier rapport paru le 20 mars 2023, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat (GIEC) alerte : « l’influence humaine a probablement augmenté les chances de combinaison d’événements extrêmes depuis les années 1950, incluant l’augmentation de la fréquence de vagues de chaleur et de sécheresses concomitantes. »
Et c’est ce que chacun a pu constater en cet hiver particulièrement sec, mais aussi en consultant les prévisions des scientifiques : manque d’eau dans les rivières (-10 à -40 % de débit), diminution du niveau des nappes phréatiques (-10 à -25 %) et changement du rythme des pluies (-15 à -25 % de pluie en été). [1] Malgré ces constats alarmants, il est encore temps d’agir.
>>Pour en savoir plus, consultez :
notre article consacré à l’impact de la sécheresse sur l’eau potable
notre article dédié aux économies d’eau, à la maison
Les objectifs saisonniers et « à long terme » du Plan eau :
- anticiper et éviter les coupures d’eau potable, chaque été ;
- faire 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030.
Pour préparer l’été, améliorer la gestion de l’eau et anticiper les menaces liées au dérèglement climatique, le Chef de l’État a donc proposé son très attendu « Plan eau ». En 53 mesures, il ambitionne de relever les 5 défis suivants [2] :
- « accélérer la sobriété partout et dans la durée » ;
- « lutter contre les fuites » ;
- « investir dans la réutilisation d’eaux usées » ;
- « accompagner la transformation de notre modèle agricole » ;
- « mettre en place partout une tarification progressive et responsabilisante de l’eau ».
L’été 2023 marque donc le début d’une mobilisation à plusieurs niveau : ministères, représentants des secteurs de l’énergie, du tourisme, de l’industrie, élus et collectivités doivent se réunir pour œuvrer ensemble, avec une objectif de sobriété.
Pour le grand public, une campagne de communication est également prévue pour sensibiliser sur la résilience et les usages.
Enfin, le Président de la République précise l’engagement concret de l’administration de l’État puisque désormais, « les bâtiments de l’État seront équipés de mécanismes de récupération des eaux de pluie et d’équipements hydro-économes. »
Aujourd’hui, à l'échelle nationale, 1 litre d’eau sur 5 est perdu à cause des fuites. Pour les résorber en urgence, 180 millions d’euros supplémentaires seront investis dès 2024 dans :
- la modernisation du réseau des communes les plus fragiles,
- l’installation de compteurs intelligents.
L’État a déjà recensé 170 « points noirs » où les fuites sont supérieures à 50 %.
Après avoir constaté que moins de 1 % de l’eau usée est aujourd’hui recyclée, le gouvernement déclare vouloir passer à 10 % dans les 7 prochaines années, notamment grâce aux 1000 projets lancés en 5 ans pour réutiliser l’eau.
La France peut s’inspirer de ses voisins, habitués à la sécheresse. L’exemple à suivre ? L’Espagne qui utilise 15 % de ses eaux usées pour son agriculture, l’arrosage de ses parcs publics et le nettoyage de ses rues.
Premiers consommateurs d’eau, les agriculteurs, pour lesquels le « Plan eau » prévoit une aide de 30 millions d’euros, sont invités à concevoir et mettre en œuvre de nouveaux modèles agricoles plus intelligents et moins gourmands (irrigation au goutte-à-goutte, implantation de haies…) ainsi qu’à mieux planifier leurs usages de l’eau.
Le « Plan eau » propose également d’économiser de l’eau grâce aux équipements de retenue de substitution. Alors que les méga-bassines de Sainte-Soline font l’actualité, le Chef de l’État insiste sur ce type de projet pour changer significativement les pratiques, réduire la consommation d’eau mais également l’utilisation de produits phytosanitaires par les agriculteurs. Selon lui, « il ne s'agit pas de privatiser l'eau. Les nouvelles retenues devront être inscrites dans des projets de territoire, et fondées sur des projections scientifiques. »
Le plan prévoit de facturer « les premiers mètres cube (…) à un prix modeste, proche du prix coûtant. Au-delà d'un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé. »
Une mesure déjà adoptée par certaines villes. Depuis le début de l’année, la métropole de Montpellier a mis en place un modèle de facturation en 4 tranches pour lutter contre le gaspillage : de 0€ pour 0 à 15 m3 jusqu’à 2,70€ au-delà de 240 m3. À Dunkerque, depuis 2012, un baromètre progressif a permis à 80 % des foyers de faire des économies ou de voir leurs factures se stabiliser. Les 20 % restants consomment plus et payent plus.
Enfin, l’augmentation du budget des agences de l’eau, par l’investissement de près de 500 millions d’euros par an dans l’économie de l’eau, en plus des 2,2 milliards actuels, fait aussi parti des engagements du Plan Eau.
Première mesure du « Plan eau » : la mise en place de l’« Ecowatt de l’eau »
D’ici début mai, un nouvel outil « simple d’accès et d’utilisation » et calqué sur l’Ecowatt de l’énergie, baptisé l’« Ecowatt de l’eau », va permettre à chacun de mieux appréhender sa situation hydrologique et de la faire évoluer.
En fonction de votre géolocalisation, vous connaîtrez les restrictions dans votre secteur, les règles de partage, votre catégorie d’usager et les bons gestes à adopter. Objectif : responsabiliser tous les Français.
>>Vous avez envie d’agir dès maintenant ? Découvrez tous nos conseils pour réduire votre consommation d’eau
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[1]https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20250_4pages-GIEC-2.pdf
[2]https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/03/30/presentation-du-plan-eau