La prise en charge de la presbyacousie repose sur la mise en place précoce d'aides auditives adaptées au patient. Certains médicaments, destinés à favoriser la santé des petits vaisseaux sanguins de la cochlée et du cerveau, sont parfois prescrits mais leur efficacité est insuffisante pour traiter une presbyacousie.
Les aides auditives sont plus efficaces et mieux supportées lorsqu'elles sont mises en place précocement. En effet, leurs performances et leur confort sont plus élevés lorsque la presbyacousie n'est pas trop installée. Dans ce cas, le délai d'adaptation nécessaire pour s'habituer à l'aide auditive est assez court.
On considère qu'un appareillage est nécessaire :
- si la personne a subi une perte tonale moyenne de 30 dBHL ou plus ;
- ou, si la personne a subi une perte tonale de 35 dBHL ou plus sur la fréquence de 2 kHz ;
- ou, si moins de 80 % des mots émis à voix faible sont compris.
Malheureusement, en France, le taux d'appareillage des personnes atteintes de presbyacousie reste faible. Que ce soit par ignorance, pour des raisons de coût, de crainte du regard des autres, ou à la suite d'une mauvaise expérience, la vaste majorité des personnes presbyacousiques ne profite pas des bénéfices apportés par les aides auditives.
En termes de remboursement, les aides auditives sont dans une situation très proche de celle des lunettes : faible remboursement par l'Assurance maladie, remboursement par les assurances complémentaires de santé (mutuelles ou privées) très variable selon les contrats. Renseignez-vous au préalable.
Si vous devez payer de votre poche une part importante du coût, sachez que les audioprothésistes proposent souvent des facilités de paiement. De plus, des aides financières sont disponibles pour certaines personnes : bénéficiaires de la CMU, pensionnés militaires d'invalidité, victimes de guerre, etc. Des possibilités de déduction fiscale sont également disponibles, votre audioprothésiste saura vous renseigner sur ces aides.
Il existe une infinie variété d'aides auditives, plus ou moins petites, plus ou moins puissantes plus ou moins sophistiquées et plus ou moins chères. Depuis le passage au numérique, les aides auditives intègrent toujours plus d'innovations technologiques, permettant à la fois des progrès en terme de confort auditif et de miniaturisation.
Les derniers appareils permettent, par exemple, l'atténuation des bruits parasites (le brouhaha), l'amplification sélective de certaines fréquences (pour s'adapter au mieux aux particularités auditives de chaque patient) ou une programmation selon l'environnement sonore. Certaines d'entre elles disposent de la technologie Bluetooth (comme les oreillettes sans fil des téléphones portables) ce qui permet de les connecter directement à la source du son (par exemple, au micro d'un conférencier).
Les aides auditives peuvent être placées directement dans le conduit auditif (les intra-auriculaires), dans la conque de l'oreille ou derrière l'oreille. Les aides placées derrière l'oreille (les " contours d'oreille ") sont les plus fréquentes et les plus performantes pour les presbyacousies moyennes ou sévères. Certains " contours d'oreille " sont dits " ouverts " : ils n'obturent pas (ou pas complètement) le conduit auditif. La personne équipée entend encore les sons naturels et elle a une meilleure perception de sa propre voix.
Même s'il arrive qu'une seule oreille (la " meilleure " des deux) soit équipée, les médecins ORL recommandent d'équiper les deux oreilles. En effet, avec une seule oreille équipée, la personne aura plus de mal à localiser l'origine des sons dans son environnement, et elle parviendra moins bien à les distinguer les uns des autres.
De plus, les sons provenant du côté non équipé auront du mal à parvenir jusqu'à l'aide auditive (la tête du patient fait " ombre ").
Comme les lunettes, il est préférable de porter ses aides auditives en permanence. Ainsi, le cerveau pourra s'habituer plus rapidement aux sons tels qu'ils sont reproduits par l'appareil et le confort sera maximal. Malheureusement, très peu de personnes équipées respectent ce conseil : moins d'une personne équipée sur quatre ! Si c'est votre cas, demandez conseil à votre audioprothésiste ou à votre orthophoniste pour parvenir à les porter en permanence.
Muni de la prescription de son ORL, le patient se rend chez un audioprothésiste qui va lui proposer différents types d'aide auditive en fonction des caractéristiques de sa presbyacousie, de ses particularités anatomiques, de ses activités, de ses désirs, de son budget, etc. Une fois l'appareil choisi, une prise d'empreinte est effectuée afin de fabriquer sur mesure l'embout (pour les appareils " contours d'oreille ") ou la coque (pour les appareils " intra auriculaire ").
Le patient revient ensuite pour un rendez-vous dit " d'adaptation " où l'efficacité des aides auditives est mesurée à l'aide d'un ordinateur et de tests de compréhension. L'audioprothésiste s'assure que les aides auditives sont adaptées, il les règle et montre à son client comment les utiliser et les entretenir. Après une ou deux semaines, le patient revient pour que les réglages soient ajustés en fonction de son expérience pendant ces premières semaines. Cette phase d'adaptation peut être menée avec la collaboration d'un orthophoniste, jusqu'à ce que la personne se sente parfaitement à l'aise avec ses aides auditives et puisse les porter toute la journée sans fatigue ni frustration.
Certains audioprothésistes proposent des périodes d'essai, renseignez-vous au moment du premier rendez-vous.
Ainsi, l'usage d'une aide auditive demande une période d'adaptation de quelques semaines à quelques mois pendant lesquels le patient va s'habituer aux sons tels qu'ils sont transmis par l'aide auditive Pendant cette période, le cerveau du patient, habitué depuis des mois à entendre et à décrypter des sons modifiés, va progressivement être reprogrammé pour analyser les sons qui lui parviendront des oreilles équipées. Cette phase d'adaptation est essentielle : trop courte ou mal conduite, elle peut être à l'origine d'un rejet de l'aide auditive par le patient, frustré de ne pas entendre " comme avant ".
Les aides auditives doivent être contrôlées régulièrement et renouvelées lorsqu'elles ne sont plus adaptées au handicap (environ tous les cinq ans en moyenne).
Respectez les visites de contrôles régulières chez votre audioprothésiste.
Protégez-les des chocs, de l'eau, de la poussière et de l'humidité.
Pour les nettoyer, utilisez uniquement les produits d'hygiène vendus par l'audioprothésiste.
Essuyez systématiquement votre aide auditive avant de la mettre ou après l'avoir retirée. En effet, l'humidité provoquée par la transpiration peut être responsable de la corrosion de certaines parties de votre appareil.
Le temps d'adaptation aux aides auditives varie selon les personnes. Certains facteurs (âge, sévérité de la presbyacousie ou motivation) influencent la durée de cette période. Au début, quelques conseils peuvent vous aider à vous habituer aux aides auditives.
Parce que vous connaissez bien les sons de votre domicile, commencez à porter vos aides auditives chez vous. Ainsi, vous pourrez découvrir comment celles-ci modifient les sons les plus familiers. Éteignez la radio et la télévision, choisissez un moment où vous êtes tranquille.
Après vous être familiarisé avec les sons de votre environnement domestique, commencez à porter vos aides auditives en écoutant la radio ou en ayant une conversation avec un proche (et un seul !). Habitué aux sons ambiants, il vous sera plus facile de les éliminer mentalement pour vous concentrer sur la voix.
Discuter avec un proche dans un environnement calme est la meilleure façon de s'habituer à la manière dont votre aide auditive transforme les sons. Choisissez un thème de conversation familier et demandez à la personne de bien articuler, de parler lentement et d'employer des expressions courantes. Au début, vous pouvez vous aider en observant attentivement ses lèvres.
Faites-lui lire à voix haute le journal ou un livre, pendant que vous suivez le texte des yeux. Demandez-lui d'énoncer des mots simples qui ne diffèrent que par un seul son : gare/barre, feu/vœu, seau/chaud (au début, écrivez-les sur une feuille et demandez-lui de vous montrer le mot qu'il prononce).
Lorsque vous maîtrisez les conversations au calme, apprenez à discuter en ayant la radio ou la télévision en bruit de fond. Augmentez progressivement le volume. Pour tolérer les environnements bruyants, pratiquez un exercice simple. Seul chez vous, augmentez le volume de la radio. Lorsque le son devient inconfortable, diminuez lentement le volume jusqu'à ce qu'il redevienne tolérable. En pratiquant régulièrement cet exercice, vous augmenterez votre tolérance au bruit.
De la même manière, apprenez progressivement à avoir des conversations avec trois ou quatre personnes. Si vous êtes soudain perdu, concentrez-vous sur la personne la plus bavarde. De plus, certains audioprothésistes proposent des programmes d'entraînement auditifs pour aider les personnes appareillées à s'habituer à leurs aides auditives.
Localiser un son est plus difficile avec une aide auditive. Avec vos proches, jouez à un petit jeu : asseyez-vous, fermez les yeux et demandez-leur de se déplacer, puis de vous parler. Essayez de deviner d'où vient le son, puis ouvrez les yeux.
Une fois habitué à les porter chez vous, commencez à sortir avec vos aides auditives et apprivoisez le monde. Dans la rue, au cinéma, au théâtre, au marché? Petit à petit, avec patience et persévérance, vous parviendrez à maîtriser tous ces environnements sonores.