L’érosion concerne un cinquième du littoral français. L’État, qui a longtemps cherché à contenir les risques de submersion marine, opte désormais pour l’adaptation.
Le recul du trait de côte s’accentue sur le rivage français. La loi Climat et résilience de 2021 comprend de nouvelles dispositions pour les zones les plus vulnérables. D’ici la fin du siècle, 50 000 habitations devraient être concernées. Alors, quels modes d’adaptation envisager, pour les résidents des secteurs concernés ? Constats, pistes de réflexion, et ébauches de solutions : lisez plutôt…
C’est un fait, selon l’indicateur national de l’érosion côtière, 20 % des rives françaises (hors Guyane) sont touchées par le recul du trait de côte, qui symbolise la limite entre la terre et la mer. En chiffres, cela représente :
- 920 km linéaires de rivages ;
- 30 km² perdus sur les secteurs en recul en 50 ans ;
- 100 % des départements français maritimes affectés ;
- 5 d’entre eux (Seine-Maritime, Charente-Maritime, Gironde, Hérault et Bouches-du-Rhône) comptent au minimum 50 % de leurs côtes en recul.
Cela engendre une menace de submersion des espaces naturels, mais aussi des zones urbanisées. On estime ainsi que 50 000 logements pourraient être impactés par l’affaissement des côtes d’ici 2100.
Pour aborder autrement le phénomène, 126 communes (dont 41 en Bretagne, 31 en Nouvelle-Aquitaine et 16 en Normandie), « dont l’action en matière d’urbanisme et la politique d’aménagement doivent être adaptées aux phénomènes hydro-sédimentaires entraînant l’érosion du littoral », ont été placées dans une liste prioritaire.
Les nouvelles dispositions pour ces villes parmi les plus fragiles ont été annoncées par décret, figurant dans la loi Climat et résilience de 2021.
On assiste ces dernières années à un changement de parti-pris des autorités, face au recul du trait de côte.
Les constructions ou terrains aménagés durant les années 1970, soit à une époque où la loi Littoral n’existait pas et la sauvegarde des espaces naturels était peu prise en compte, ont été longtemps protégés à tout prix de l’arrivée des eaux.
Une politique jugée aujourd’hui coûteuse, et peu efficace à long terme, d’autant plus avec la récurrence des épisodes climatiques violents.
Place désormais à l’adaptation…
- à la végétalisation des dunes et des falaises,
- à la recharge en sable, plutôt qu’aux digues, aux épis ou aux enrochements.
La mise en vigueur de l’arsenal de la loi Climat et résilience va dans ce sens. Des projections de l’évolution des côtes et des stratégies à horizon trente et cent ans pour les communes classées vulnérables vont permettre d’informer sur les risques encourus et les conséquences.
Les nouvelles orientations pourront aller jusqu’à des interdictions de construire et des destructions programmées de bâtiments existants ou nouvellement construits. La création d’un bail réel d’adaptation à l’érosion côtière permettra néanmoins la poursuite de certaines activités touristiques ou économiques.
Le risque de relocalisation fait évidemment peser la potentialité d’une dépréciation des biens immobiliers, dans les zones concernées. Acheter un bien sur le littoral, qu’il s’agisse d’une résidence secondaire ou principale, doit donc s’accompagner d’une grande vigilance, car le marché immobilier affiche un certain déni vis-à-vis du danger de l’effritement des falaises, ou de la disparition des plages.
L’engouement reste intact pour des zones pourtant hautement menacées, comme le bassin d’Arcachon par exemple.
Si vous vous lancez dans la prospection, renseignez-vous attentivement sur les risques d’érosion dans votre périmètre de recherche, et vérifiez si les prix du marché immobilier tiennent compte des périls futurs. Gardez en tête que la situation pourrait évoluer rapidement d’ici quelques années, quand les aléas seront mieux connus, et les projections plus précises.
La loi Climat et résilience va là encore apporter sa pierre à la digue. Elle stipule qu’en 2023 :
- Les annonces immobilières devront signaler le risque d’érosion ou d’inondations ;
- Les annonces devront contenir une mention renvoyant vers les informations sur le recul du trait de côte ;
- L’état des risques, dans lequel figure le recul du trait de côte, devra être remis à tout potentiel acheteur ou locataire, dès la première visite.
Suffisant pour freiner le développement de nos côtes, et nous en éloigner quelque peu ? Pas si sûr : la densité de population sur les côtés est actuellement 2,5 fois plus élevée que la moyenne nationale, et la tendance d’évolution est à la hausse.
L’érosion, et le recul du trait de côte qui en découle, est pourtant un phénomène naturel, quoique boostée par les activités humaines et le réchauffement climatique. Et avec elle, c’est tout notre littoral et l’usage que nous en faisons qui sont à repenser…