Face aux défis posés par la pollution et la sécurité, de nombreuses villes et agglomérations abaissent les limitations de vitesse pour un environnement urbain plus apaisé. Paris, avec son périphérique désormais limité à 50 km/h, marque un tournant dans les pratiques des politiques menées en France, mais les autres grandes métropoles comme Marseille et Lyon ne sont pas en reste. Et le développement des zones 30 autour des écoles illustre aussi cette dynamique.
Tour d’horizon de ces mesures conçues pour une qualité de vie et sécurité accrues…
La limitation de vitesse à 50 km/h sur le périphérique parisien, effective depuis le 1er octobre 2024, s'inscrit dans une dynamique plus large de réduction des vitesses dans les grandes agglomérations françaises.
Cette mesure emblématique vise à améliorer la qualité de vie des quelque 500 000 riverains affectés par le bruit et la pollution générés par cet axe routier emprunté quotidiennement par plus d'un million de véhicules [1].
Selon l'Observatoire régional de la santé, la pollution atmosphérique contribue à environ un décès sur dix en Île-de-France, avec un risque accru de maladies cardiovasculaires et respiratoires chez les riverains [2].
L’objectif de la mairie de Paris ? Améliorer la qualité de vie des habitants qui bordent ce périphérique à travers :
- l’amélioration de la qualité du sommeil grâce à la réduction significative du bruit
- l’amélioration de la santé des habitants - et des problèmes liés notamment aux allergies chroniques - à travers la baisse des émissions polluantes
- la transformation des habitudes en faveur de modes de transport plus doux
« Avec une limitation à 50 km/h, nous espérons un gain de 2 à 3 décibels, surtout la nuit, lorsque les bruits sont les plus nocifs pour la santé », explique Fanny Mietlicki, directrice de l’organisme Bruitparif [1].
Paris n'est pas un cas isolé. De nombreuses métropoles françaises ont emboîté le pas, adoptant des mesures similaires pour créer un environnement urbain plus sain.
À Marseille et ses environs, par exemple, la Direction Interdépartementale des Routes Méditerranée a mis en place un abaissement des vitesses sur plusieurs autoroutes (A7, A50, A55) aux abords de la ville.
Cette initiative tend à réduire la pollution atmosphérique et sonore, tout en améliorant la sécurité routière dans ces zones fortement urbanisées [3].
Le saviez-vous ? À 30km/h un piéton a près de 90% de chance de survie en cas de collision avec un véhicule, et seulement 20% à 50km/h [4].
Les initiatives de réduction de vitesse se multiplient à travers la France, illustrant une prise de conscience collective des enjeux de sécurité routière et de qualité de vie urbaine.
Ainsi, l’association Prévention Routière a récemment lancé une pétition pour généraliser la limitation à 30 km/h dans toutes les villes françaises [4].
Cette limitation réduirait de 78% le risque de décès des piétons en cas de collision. Elle rappelle également que la vitesse est impliquée dans au moins 30% des accidents mortels.
De nombreuses villes ont déjà adopté cette mesure, comme Lille, Toulouse, Quiberon et Paris. Ces données sont corroborées par des études menées dans diverses villes ayant déjà adopté des limitations à 30 km/h.
Par exemple, à Grenoble, une baisse de 24% du nombre d'accidents impliquant un piéton et de 31% pour ceux impliquant un deux-roues motorisé a été constatée après l'introduction de cette mesure [5].
Au-delà de la sécurité, la réduction des vitesses vise à améliorer la qualité de l'air et à diminuer les nuisances sonores. À Paris, comme mentionné plus haut, Bruitparif estime que la baisse de vitesse sur le périphérique pourrait entraîner une réduction de 2 à 3 décibels du niveau sonore, particulièrement bénéfique la nuit [1].
Dans la région marseillaise, l'abaissement des vitesses sur les autoroutes urbaines devrait contribuer à une diminution significative des émissions de polluants atmosphériques, notamment les oxydes d'azote et les particules fines.
Cette mesure s'inscrit dans le cadre du Plan de Protection de l'Atmosphère des Bouches-du-Rhône, pour l’améliorer de la qualité de l'air pour les 1,8 million d'habitants concernés [6].
>> Pour aller plus loin, consultez notre article dédié aux informations sur la qualité de l’air
La multiplication des zones 30 et des aires piétonnes, notamment autour des écoles, témoigne d'une évolution profonde de notre rapport à la mobilité urbaine. Ces aménagements visent aussi à encourager les modes de déplacement doux et à créer des espaces publics plus conviviaux et sécurisés.
Lyon, par exemple, a généralisé la limitation à 30 km/h sur la majorité de ses rues depuis 2022, rejoignant ainsi d'autres villes comme Grenoble, Nantes ou Montpellier. Cette tendance s'étend progressivement à de nombreuses communes françaises, couvrant désormais environ 15% de la population.
>> Focus sur le covoiturage et la web-série AXA Prévention dédiée à cette pratique montante
Le passage en zone 30 offre de nombreux avantages pour la qualité de vie urbaine. Selon l'étude d'Eco CO2 [7], cette mesure contribue à dynamiser le tissu local, avec 51% des habitants s'attardant davantage dans l'espace public en zone apaisée.
Elle permet également des aménagements complémentaires comme l'élargissement des trottoirs et la création de pistes cyclables.
De plus, la limitation à 30 km/h favorise une meilleure fluidité du trafic, réduisant paradoxalement les embouteillages.
Enfin, cette mesure encourage un meilleur partage de l'espace public entre tous les usagers, rendant la ville plus agréable et conviviale pour tous.
Quelles nouvelles évolutions en prévision, pour renforcer la sécurité routière en 2025 ?
De nouveaux radars équipés d'intelligence artificielle pourraient faire leur apparition sur les routes françaises [8]. Cette technologie avancée vise à renforcer la sécurité routière en ciblant des comportements particulièrement dangereux, responsables de nombreux accidents.
Ces dispositifs innovants seraient capables de détecter trois nouvelles infractions en plus des excès de vitesse : l'utilisation du téléphone au volant, le non-port de la ceinture de sécurité, et le non-respect des distances de sécurité. Pour détecter ces fautes, l’intelligence artificielle sera associée à la vidéo.
Plusieurs centaines de ces radars nouvelle génération pourraient ainsi être déployées, marquant une évolution significative dans la surveillance du respect du code de la route.
Le gouvernement envisagerait d'allouer une enveloppe substantielle de 46,3 millions d'euros en 2025 pour moderniser le parc de radars routiers [9]. Ce budget serait destiné non seulement au remplacement des dispositifs obsolètes par des radars de nouvelle génération plus performants, mais aussi à l'entretien et à la réparation des boîtiers de contrôle existants.
Toutefois, la mise en œuvre de ce projet reste suspendue à l'approbation parlementaire, le texte étant encore en cours d'examen et faisant l'objet de nombreux amendements déposés par des députés de tout bord.
La tendance à la baisse des vitesses dans et autour des grandes agglomérations françaises reflète une prise de conscience collective des enjeux de santé publique, de sécurité routière et de qualité de vie urbaine. Si des défis persistent, ces initiatives marquent un pas important vers des villes plus durables et plus agréables à vivre.
[2] https://www.ors-idf.org/nos-travaux/publications/mortalite-attribuable-a-la-pollution-atmospherique/
[4] https://petitions.preventionroutiere.asso.fr/30kmh-en-ville/
[5] https://www.cerema.fr/system/files/documents/2020/07/cerema_ce_grenoble_rapport_ma_3a_vfinale.pdf
[7] https://www.ecoco2.com/blog/pourquoi-passer-en-zone-30/
[8] https://www.largus.fr/actualite-automobile/telephone-ceinture-inter-distance-3-infractions-sanctionnees-par-les-radars-en-2025-30036697.html
[9] https://www.lindependant.fr/2024/10/29/une-avalanche-de-pv-telephone-au-volant-ceinture-distance-de-securite-plusieurs-centaines-de-nouveaux-radars-detecteront-trois-infractions-12290551.php