Véritable pari socio-économique, la bonne gestion de la santé des Français au travail est un enjeu majeur pour l’entreprise. Ce sujet s’invite au cœur des préoccupations de ses dirigeants. Certains secteurs comme la santé ou le travail temporaire se révèlent être particulièrement exposés aux risques professionnels et aux arrêts de travail.
La prévention est donc le défi à relever par les institutions et les employeurs, chacun à leur niveau, pour minimiser les risques liés, entre autres, aux substances dangereuses et aux troubles psychosociaux.
- En 2022, 564 000 accidents du travail (- 6,7% par rapport à 2021) et près de 90 000 accidents de trajets professionnels (stable par rapport à 2021) ont été enregistrés, selon le dernier rapport de l’Assurance Maladie sur les risques professionnels publié fin 2023 [1] ;
- En 2022, 44 217 cas de maladies professionnelles ont été reconnus (- 6,4% par rapport à 2021) [1] ;
- Près de 1 salarié sur 2 (48%) déclare se trouver en situation de détresse psychologique, selon le Baromètre 2023 d’OpinionWay réalisé pour le cabinet Empreinte Humaine [2].
Certaines données n’auront pas échappé aux chefs d’entreprise attentifs : l’augmentation régulière des arrêts de travail en France révèle une dégradation de la santé des employés, mais aussi une prise en compte plus attentive de certains troubles par les instances de la médecine du travail.
La hausse des prestations sociales pour les arrêts de travail et les maladies professionnelles se poursuit en 2022, avec une augmentation de près de 6%. Les arrêts maladie représentent, toujours pour l’année 2022, 72 millions de journées non travaillées [1].
La multiplication de ces arrêts maladie dessert souvent l’organisation des équipes.
La question du remplacement des personnes absentes est à placer en tête des préoccupations des dirigeants, afin de prévenir la charge supplémentaire de travail qui pourrait s’appliquer aux équipes en place, pour pallier l’absence de certains collaborateurs.
Afin de mieux les anticiper et les prévenir, il est utile de bien connaitre les principaux risques professionnels en entreprise, à savoir [3] :
- Le risque routier professionnel ;
- Le risque de chute de hauteur, représentant la 3e cause de mortalité au travail et d’incapacité permanente en 2021 ;
- Les chutes de plain-pied ;
- Les risques liés à la manutention, à l’origine de la moitié des accidents du travail ;
- Le risque « machines », notamment dans le cadre du travail en usine ;
- Le risque électrique ;
- Les risques liés à la chaleur ;
- Les risques psychosociaux (RPS) liés à la santé mentale des salariés.
Chacun des principaux risques mentionnés peut facilement être associé à un secteur d’activité précis. Voici les principaux secteurs à risque en fonction du nombre d’accidents du travail, selon l’Assurance Maladie [4] :
- La santé, le nettoyage et le travail temporaire (29% des accidents du travail en 2022) ;
- L’alimentation (17%) ;
- Les transports (15%) ;
>>Pour aller plus loin, découvrez nos chroniques radio :
- sur les addictions et leur impact sur la sécurité des trajets professionnels
- sur le stress au volant
- sur l’usage du téléphone en conduisant
- Le BTP (14%).
En dehors des risques physiques, certaines situations de travail associées notamment aux nouvelles organisations des entreprises sont à l’origine d’une extrême fatigue chez les salariés. Le télétravail, dont le recours a explosé à l’occasion de la crise sanitaire, a fortement accentué le risque d’hyperconnexion.
Résultat : de nombreux salariés déplorent un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée, le travail empiétant de plus en plus sur le temps libre.
Selon les chiffres de la Drees [5], la part des salariés souffrant d’une maladie chronique ou d’« affection de longue durée » (ALD) augmente d’année en année. Entre 2008 et 2021, la part des nouveaux malades chroniques est passée de 14,6 à 17,8%. En 2021, 12 millions de patients étaient atteints d’ALD.
L’organisation du travail et notamment la sédentarité sont particulièrement pointées du doigt. Ces maladies sont aussi trop souvent source de discrimination dans l’emploi pour les personnes malades [6].
La démarche autour de la qualité de vie au travail (QVT) s’inscrit justement dans cette volonté d’une meilleure prise en compte des actions de prévention pour la santé des salariés et de leur entreprise. Un projet gagnant-gagnant…
L’objectif est en effet de faire converger les intérêts des salariés et ceux de l’entreprise : améliorer les conditions de travail pour gagner, aussi, en efficacité.
>>Chefs d’entreprises, découvrez le Passeport prévention
L’employeur est responsable de la mise en application des règles de santé au travail. Son rôle est donc de garantir et de protéger la santé physique et mentale des salariés.
Depuis 2001, l’employeur doit établir et mettre à jour chaque année un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUER), en termes de santé et de sécurité [9].
Si vous dirigez une entreprise, ce document constitue la base de votre plan d’action interne. En tant que salarié, vous pouvez demander à le consulter et échanger sur son contenu avec vos représentants du personnel et managers, par exemple.
La formation continue des salariés sur les sujets de santé-sécurité, une optimisation de l’organisation des équipes de travail et de l’ergonomie des postes sont autant de pistes de réflexion en vue d’une amélioration du bien-être au travail.