Le traitement a pour objectif de réduire les symptômes, et de favoriser l'insertion sociale et professionnelle du patient. Il s'étend sur plusieurs années (au moins cinq ans) et comprend différents volets, indispensables et complémentaires.
Les malades et leurs proches sont souvent inquiets en envisageant la prise de neuroleptiques. Ils se demandent si ces médicaments ne vont pas « assommer » la personne traitée. Cependant, s'ils sont prescrits à une posologie adaptée, les neuroleptiques ne privent pas les schizophrènes de leur personnalité, ni de leur capacité à prendre des décisions. Même s'ils peuvent avoir des effets sédatifs (calmants), souvent recherchés au début du traitement :
- ils réduisent la fréquence des délires ;
- ils permettent au patient d'avoir une pensée plus logique et mieux organisée.
Ces substances aident donc la personne schizophrène à agir rationnellement, et à mieux communiquer avec le monde extérieur. En outre, elles ne provoquent pas de dépendance.
Les premières substances contre la schizophrénie et les psychoses ont été développées dans les années 1950. Ces médicaments **antipsychotiques, dits « classiques », font partie de la famille des neuroleptiques. Ils auraient essentiellement une action sur un des messagers chimiques du cerveau (neurotransmetteurs), la dopamine. Ils sont surtout actifs contre les symptômes dits « positifs » (ex. : délires, hallucinations), et entraînent souvent de nombreux effets indésirables, dont certains invalidants.
Plus récemment, de nouveaux neuroleptiques sont apparus. Ces antipsychotiques, dits « atypiques », agissent simultanément sur deux neurotransmetteurs, la sérotonine et la dopamine. Par rapport aux antipsychotiques classiques, ils montrent une plus grande efficacité sur les symptômes négatifs de la maladie (démotivation, troubles de l'humeur, apathie).
Par ailleurs, les antipsychotiques à base de clorazépine ou clozapine sont réservés aux patients ayant résisté aux autres antipsychotiques, ou ne tolérant pas leurs effets indésirables. La clorazépine est susceptible de provoquer une diminution importante du nombre de globules blancs dans le sang, ou « agranulocytose »** (baisse des défenses immunitaires). Aussi, des prises de sang doivent être régulièrement effectuées. Chaque mois, le pharmacien ne délivrera le traitement qu'après avoir vérifié le résultat récent des analyses sanguines (sur un carnet de surveillance).
Au-delà de la distinction entre « classiques » d'une part et « atypiques » d'autre part, les neuroleptiques sont classés selon leurs effets. Ils peuvent avoir :
- une action sédative, qui soulage l'angoisse et l'agitation ;
- un effet dit « antiproductif », qui traite délires et hallucinations ;
- une action désinhibitrice, qui lutte contre l'apathie et la démotivation.
Certains neuroleptiques produisent essentiellement l'un de ces effets. Toutefois, ces trois types d'action peuvent se retrouver pour une même substance, selon la dose utilisée (désinhibition à faible dose, antiproduction à dose moyenne, sédation à forte dose).
Enfin, dans les formes sévères de schizophrénie ou celles qui résistent à tous les médicaments, le traitement fait parfois appel à la sismothérapie (électrochocs).
Les schizophrènes peuvent également présenter des symptômes d'anxiété, de dépression ou de troubles de l'humeur. Dans ce cas, le médecin prescrit des médicaments adaptés à ces pathologies, en complément du traitement antipsychotique.
Avant la prise d’un neuroleptique, il est nécessaire de pratiquer des examens complémentaires, pour éviter certaines complications. Sauf en cas de psychose aiguë, le traitement est mis en place progressivement. Chaque patient réagit différemment à ces substances. Aussi, il faut du temps pour identifier la dose minimale efficace, qui provoquera le moins d'effets indésirables à long terme. Pendant cette période d'ajustement, le soutien de l'entourage est important. Sachez par ailleurs que les associations de plusieurs neuroleptiques sont rares, et réservées aux cas les plus résistants aux médicaments.
Les neuroleptiques doivent être pris de préférence pendant les repas, pour éviter certains troubles digestifs (notamment les nausées). Pendant le traitement, il ne faut jamais boire d'alcool. Les effets combinés des deux substances peuvent en effet entraîner des troubles graves du comportement. Conduire un véhicule, ou utiliser des outils potentiellement dangereux, est aussi tout à fait déconseillé.
D’autre part, il existe des risques d'interactions importants entre les neuroleptiques et d'autres médicaments (anxiolytiques, hypnotiques, médicaments contre l'allergie ou l'hypertension artérielle, certains traitements de la maladie de Parkinson et des troubles de l'érection, etc.). C’est pourquoi il est indispensable de signaler la prise de neuroleptiques à son pharmacien, comme à tout nouveau médecin consulté.
L'usage de certains neuroleptiques est possible en cas de grossesse. Il se fait en fonction du rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus. La surveillance médicale de la future mère est alors accrue. En l'absence de données scientifiques sur le passage des neuroleptiques dans le lait maternel, il est toutefois déconseillé d'allaiter lorsque l'on prend ce type de médicaments.
Les antipsychotiques, en particulier ceux dits « classiques », ont de nombreux effets indésirables :
- constipation,
- somnolence (plus marquée en début de traitement),
- troubles de l'accommodation,
- vision floue,
- sécheresse de la bouche,
- hypotension orthostatique,
- rétention d'urine,
- irrégularité des règles,
- troubles sexuels,
- troubles neurologiques (mouvements anormaux, tremblements, raideur musculaire).
Certains de ces effets nécessitent parfois d'être corrigés par d'autres médicaments.
Les neuroleptiques peuvent aussi être responsables de mouvements anormaux, appelés « dyskinésies ». Ce phénomène se produit soit dans les premiers jours du traitement (dyskinésies précoces), soit après plusieurs mois (dyskinésies tardives). Ces dernières se manifestent par des mouvements involontaires de la bouche, des lèvres, de la langue (mâchonnement), des bras ou des jambes. Elles apparaissent chez 15 à 20 % des malades traités pendant plusieurs années avec des antipsychotiques classiques. On observe également des dyskinésies tardives lors de l'arrêt d'un traitement prolongé (réactions de sevrage).
Un problème fréquent du traitement par antipsychotiques est l'apparition d'un surpoids (en particulier à hauteur de l'abdomen), associé à des taux sanguins élevés de sucre, cholestérol et triglycérides (graisses du sang). Pour cette raison, il est important que les patients traités soient suivis par un médecin généraliste, endocrinologue ou nutritionniste. Il prescrira des examens sanguins réguliers et donnera des conseils pour une alimentation équilibrée.
À ces effets indésirables s'ajoutent des événements rarissimes, qui constituent des urgences médicales :
- Le syndrome malin : Il se traduit par une fièvre inexpliquée (supérieure à 38 °C), des sueurs, des troubles de la conscience, une salivation excessive, etc. Il s’agit d’un effet indésirable très grave, qui apparaît progressivement.
- L'agranulocytose : Elle se caractérise par une baisse des globules blancs du sang, un mal de gorge, des aphtes ou une fièvre anormale.
Si la prise de médicaments est indispensable pour soulager les symptômes et permettre au schizophrène de mieux appréhender le monde extérieur, les traitements psychosociaux sont nécessaires pour améliorer sa vie sociale et professionnelle. Ils associent une prise en charge psychothérapeutique par des spécialistes de la santé mentale, et des programmes de réinsertion sociale. Ils aident le malade à retrouver sa motivation, à mieux communiquer, à affronter les tâches de la vie quotidienne, et à lutter contre la solitude et l'exclusion. On peut les classer en différentes catégories.
- Les programmes de réadaptation : Ils visent à aider le patient à retrouver une place dans la société, malgré les années perdues en termes de formation et d'acquisition de l'autonomie. Les compétences enseignées peuvent aller de tâches quotidiennes simples (prendre les transports en commun, gérer son budget, adopter une bonne hygiène, aborder une personne inconnue, etc.) à l'apprentissage d'une profession. Ces programmes sont essentiels. Ils apprennent aux malades à mener une vie active, et à s'intégrer dans un réseau de relations personnelles et professionnelles.
- La psychothérapie individuelle : Elle permet au patient de parler de ses pensées, sentiments, craintes et problèmes, dans un cadre rassurant, à un professionnel formé à l'écoute de personnes qui communiquent difficilement. Le schizophrène peut ainsi acquérir une certaine capacité à analyser et exprimer ses expériences, et à faire le tri entre la réalité et l'interprétation qu'il a tendance à en faire. Les psychothérapies comportementales et cognitives, qui apprennent à résoudre les problèmes rencontrés, peuvent être particulièrement utiles.
- La psychoéducation : Le rôle de la famille, dans la prise en charge de la schizophrénie, est particulièrement important. Il est donc essentiel de mieux connaître la maladie, ses symptômes et ses traitements, pour les proches comme pour le patient. Ce savoir leur permettra d'améliorer leurs relations, mais également de dépister plus rapidement une rechute éventuelle. Les activités psychoéducatives enseignent aussi à l'entourage les stratégies qui permettront de faire face à une question ou à une crise, et de favoriser la prise régulière du traitement.