Schizophrénie : repérer les symptômes pour un traitement rapide
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Schizophrénie : repérer les symptômes pour un traitement rapide

La schizophrénie est une psychose, type de maladie mentale atteignant généralement les jeunes adultes. Le malade est déconnecté du réel et inconscient de ses troubles, ce qui engendre de graves répercussions sur sa vie sociale, affective ou professionnelle. Cette affection peut être liée notamment à des facteurs génétiques, comme à une anomalie dans le fonctionnement du cerveau.

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Schizophrénie : repérer les symptômes pour un traitement rapide

La schizophrénie est une psychose, type de maladie mentale atteignant généralement les jeunes adultes. Le malade est déconnecté du réel et inconscient de ses troubles, ce qui engendre de graves répercussions sur sa vie sociale, affective ou professionnelle. Cette affection peut être liée notamment à des facteurs génétiques, comme à une anomalie dans le fonctionnement du cerveau.

Points-clés

La schizophrénie se manifeste par une incapacité à discerner le réel de l’irréel.La personne touchée n’est pas consciente de sa maladie. Elle apparaît le plus souvent chez les adolescents et les jeunes adultes.

La schizophrénie donne lieu à des symptômes très variés selon les cas : délires, hallucinations, démotivation, apathie, modifications du langage, de la pensée et du comportement, etc. Elle peut être génétique ou provenir d’une anomalie dans le fonctionnement du cerveau.

La maladie est identifiée à partir de ses symptômes et des répercussions sur la vie sociale, affective, professionnelle ou scolaire du patient. Elle est traitée avec un médicament antipsychotique, et avec des programmes psychosociaux visant la réinsertion du malade.

En apprenant à connaître la maladie, les proches d’un schizophrène peuvent mieux dialoguer avec lui, suivre l’évolution des symptômes, s’assurer du bon respect du traitement et repérer d’éventuelles rechutes.

La schizophrénie, une psychose

La schizophrénie est une psychose , un type de maladie mentale qui entraîne, par périodes, une incapacité à discerner le réel de l'irréel. C'est une affection grave, qui peut avoir des répercussions dramatiques. Contrairement aux idées reçues et à ce que laisse penser l'étymologie (schizo, « fendre » et phren, « esprit »), elle n'est pas un dédoublement de la personnalité. Le schizophrène ne se prend pas pour un autre, mais il perçoit la réalité d'une manière très différente par rapport à ceux qui l'entourent. Cette psychose provoque une désorganisation du psychisme, qui entraîne :

- des hallucinations et des délires (propos irrationnels, tenus sans que leur auteur soit en mesure de les critiquer ni d'en percevoir l'étrangeté) ;
- des modifications du langage et du comportement (parfois si désorganisés que la personne est incapable de communiquer avec le monde extérieur).

L'usage de drogues ou d'alcool aggrave ces symptômes.

Le psychotique n'est pas conscient de sa maladie. Il a tendance à se replier sur lui-même, et il est impossible pour lui d'accomplir les actions nécessaires à sa vie en société. Si elles ne sont pas soignées précocement, les psychoses entraînent donc souffrance, solitude et exclusion. Elles se révèlent alors les plus invalidants des troubles psychiques.

La schizophrénie se déclare le plus souvent au début de la vie d'adulte, période où se construisent les bases d'une carrière professionnelle et d'un réseau de relations affectives durables. La maladie entrave cette évolution naturelle, empêche le jeune adulte d'acquérir son indépendance et perturbe souvent le déroulement de ses études. Entre l'apparition des premiers symptômes et la stabilisation du traitement, les schizophrènes perdent fréquemment le contact avec leurs amis, et leurs relations sociales se réduisent. Pourtant, si le diagnostic est posé tôt, les médicaments et les dispositifs de soutien permettent à de nombreux malades de rester autonomes. Ils peuvent alors mener une vie affective et professionnelle normale.

Les symptômes de la maladie

Les psychiatres distinguent :

- des symptômes dits « positifs », qui ne sont pas observés chez les personnes en bonne santé ;
- des signes dits « négatifs », correspondant à un affaiblissement de capacités psychologiques normalement présentes.

Souvent, les deux types de signes coexistent. La prédominance des uns ou des autres va influencer l'évolution de la maladie et le choix du traitement.

Cependant, quels que soient les symptômes exprimés, les schizophrènes ont beaucoup de mal à effectuer les tâches de la vie quotidienne. Leur pensée n'est pas claire, leurs rapports avec les autres deviennent difficiles, ils ont des difficultés à contrôler leurs émotions et à prendre des décisions.

Il en existe de plusieurs types.

- Les hallucinations : Le malade perçoit des sensations qui n'existent pas. Les hallucinations peuvent concerner tous les sens. Selon leur nature, on les qualifie d’auditives, visuelles, olfactives ou encore cénesthésiques (impression de courant électrique). Les manifestations auditives sont les plus fréquentes. Le patient atteint de schizophrénie entend des voix qui peuvent commenter son comportement, le juger, l'insulter, l'avertir de dangers imaginaires ou lui ordonner d'accomplir certains actes.
- Les délires : Ils surviennent ponctuellement ou sont présents en permanence. Ils s'élaborent autour de différents thèmes (persécution, mégalomanie, mysticisme, etc.), sans qu'il y ait forcément de lien entre les diverses idées délirantes. Le schizophrène croit à son délire, il est impossible de le raisonner. Dans un tiers des cas, les malades souffrent de symptômes de type paranoïde, se sentent persécutés, trompés, harcelés, espionnés, ou ont l'impression que les autres devinent leurs pensées.
- Les troubles de la pensée et du langage : Le schizophrène ne parvient pas à organiser ses idées, il n'a plus de raisonnement logique, son discours devient incohérent. Son esprit peut rester longtemps fixé sur une idée, et des pensées parasites entravent le déroulement de son raisonnement. Il peut s'arrêter net au milieu d'une phrase et en commencer une nouvelle, sans aucun rapport avec la précédente. Il peut également utiliser un langage qui ne suit pas les règles habituelles de grammaire et de syntaxe, et inventer des mots. Il arrive aussi que le malade ne parvienne plus à interpréter correctement des mots pourtant courants. Communiquer avec lui devient extrêmement difficile.
- L'agitation et les troubles psychomoteurs : Une multitude d'attitudes peuvent se retrouver chez les schizophrènes, par exemple des gestes impulsifs, des mouvements répétés (se balancer, se gratter compulsivement), des grimaces (mâchoires serrées, paupières fermées), des sourires ou des rires paradoxaux, sans rapport avec la situation. Les schizophrènes peuvent être en constant déplacement, toujours actifs, ou au contraire rester assis, rigides, silencieux et immobiles pendant des heures.

Le schizophrène peut paraître insensible, froid, distant et dépourvu d'émotions. Sa capacité à exprimer ses sentiments est fortement diminuée. Il rechigne à s'engager dans une conversation. En réalité, il est souvent en proie à des émotions intenses et à des pulsions contradictoires. Il a généralement une sensibilité exacerbée et un fort besoin d'affection, mais il existe une discordance totale entre ses émotions et la façon dont il les manifeste. Cela peut donner lieu à différentes attitudes.

- La démotivation : Le malade manque souvent d'énergie, d'initiative, et a du mal à s'engager dans toute forme d'activité. Il peut passer des journées à ne rien faire, négligeant même son hygiène personnelle. Il ne faut pas confondre ces symptômes avec de la simple paresse.
- L'apathie et le retrait social : Le schizophrène tend à se replier sur lui-même et à se protéger des conflits liés à une mauvaise communication, en se réfugiant dans la solitude. Aggravé par la démotivation, ce symptôme peut provoquer indifférence et absence totale d'intérêt pour le monde extérieur.
- La dépersonnalisation : C'est la perte du sentiment d'être soi-même, qui s'accompagne souvent d'anxiété. Le patient a l'impression que son corps est dissocié de sa personne, ou que ses membres pourraient se détacher. Cette peur peut se traduire par des attitudes d'auto-contemplation : le malade observe attentivement ses mains, passe des heures devant un miroir à regarder son visage, palpe certaines parties de son corps.

Contrairement à une idée largement répandue, les patients schizophrènes ne sont ni particulièrement violents, ni dangereux. Ils préfèrent plutôt se retirer en eux-mêmes et éviter les conflits. En réalité, du fait de leurs difficultés à gérer les relations humaines, ils sont plus souvent victimes que coupables d'actes violents.

Seuls peuvent se montrer agressifs les malades schizophrènes :

- qui avaient déjà une personnalité violente avant de développer la maladie ;
- sous l'influence de drogues ou de l'alcool ;
- atteints de délires de persécution sévères non traités.

Dans ce cas, la violence s’exerce le plus souvent envers les proches du patient, au sein du domicile.

Les différentes formes de schizophrénie

La maladie peut se présenter sous des formes diverses et de gravité variable.

Le malade manifeste une froideur affective, semble incapable d'exprimer ses sentiments, marque un désintérêt pour les autres, se complaît dans la solitude. Parallèlement, il a des comportements étranges, des croyances bizarres, et perçoit des choses inhabituelles.

Les idées délirantes sont très présentes, parfois permanentes. Cette forme de la maladie est la plus fréquente. Elle répond bien au traitement, qui permet au patient de reprendre une vie sociale et professionnelle satisfaisante.

Cette forme est caractérisée par le comportement antisocial des malades : délinquance, vols, agressions, vagabondage, toxicomanie, par exemple. Elle se rencontre fréquemment chez des personnes en rupture sociale. Le délire se manifeste par épisodes.

Elle représente 20 % des schizophrénies. Les malades concernés présentent peu de délires. Ils vivent dans un repli profond, passent beaucoup de temps au lit ou devant la télévision. Leur langage est incohérent, ils paraissent indifférents au monde extérieur malgré une forte anxiété. Ces patients refusent souvent les traitements.

La personne touchée ne répond à aucune sollicitation. Elle peut rester prostrée, en position fœtale, sans faire le moindre mouvement. Elle peut aussi répéter, comme en écho, les derniers mots des phrases qu'elle entend, ou imiter les gestes qu'elle observe chez les autres.

La personne atteinte présente des signes de schizophrénie, accompagnés de symptômes de dépression ou de manie. Cette affection ressemble aux troubles bipolaires, mais elle s'en distingue par la présence d'idées délirantes ou d'hallucinations, pendant au moins deux semaines.

Les causes et l’évolution de la maladie

La schizophrénie n'a pas de cause unique connue. Comme beaucoup d'autres affections psychiques, elle semble due à un ensemble de facteurs qui interagissent.

La vulnérabilité à cette pathologie serait transmise génétiquement. Ainsi, les membres de la famille d'un schizophrène ont dix fois plus de risque de développer la maladie que l'ensemble de la population. Mais la génétique n'explique pas tout. Chez les vrais jumeaux dont l'un est schizophrène, le second n'est touché que dans moins de la moitié des cas.

Des anomalies de l'anatomie du cerveau et de son fonctionnement ont aussi été détectées chez les patients touchés. Elles pourraient être la conséquence :

- d'une exposition du fœtus à une infection au cours de la grossesse ;
- de complications ayant entraîné une atteinte du cerveau du nouveau-né, au moment de l'accouchement.

Des formes de psychose existent par ailleurs chez les enfants, et certains scientifiques soupçonnent que des signes annonciateurs de schizophrénie pourraient être identifiés dès l'enfance. Ce phénomène semblerait indiquer une origine dans les premières années de la vie.

Le rôle de l'environnement familial dans le développement de la schizophrénie, longtemps mis en avant, semble difficile à cerner. Pour un enfant ayant une vulnérabilité biologique à la maladie, une carence affective ou une forte surprotection pourraient faire partie des facteurs influençant, plus tard, le déclenchement des symptômes.

Enfin, à l'adolescence, un fonctionnement anormal du cerveau (jusque-là peu visible) pourrait être révélé par la nécessité d'acquérir rapidement de nouveaux modes relationnels. Ceux-ci se développent par exemple en rapport avec la sexualité, l'acquisition d'une certaine indépendance ou l'importance grandissante du regard des autres.

La première manifestation de la maladie peut être une bouffée délirante, mais cette affection peut également se déclarer progressivement, sur une période de plusieurs mois. Parfois, en particulier pendant les deux premières années, la schizophrénie disparaît spontanément.

Avec un traitement adapté mis en place précocement, un patient schizophrène sur trois mène une vie normale. Ces effets bénéfiques se maintiennent au cours des années. Dans certains cas, on observe une amélioration après l'âge de 40 ans, qui permet de diminuer les prises de médicaments, voire de les supprimer peu à peu.

Sans traitement, en revanche, la maladie s'aggrave souvent. Les épisodes aigus se succèdent, les hospitalisations sont de plus en plus fréquentes et les conséquences sont lourdes. Les personnes atteintes de schizophrénie et non traitées (ou qui prennent mal leurs médicaments) s'exposent aussi à des complications. Elles peuvent souffrir de toxicomanie, d’alcoolisme, et présenter des comportements suicidaires (un schizophrène sur dix fait au moins une tentative de suicide dans sa vie).

Le diagnostic de la schizophrénie

Lorsque les premiers signes de la maladie apparaissent chez un adolescent, il n'est pas rare que ses parents les attribuent à une toxicomanie. L'usage de drogues (amphétamines, cocaïne, alcool mais aussi cannabis) peut en fait agir comme un catalyseur, révélant une schizophrénie jusque-là silencieuse, et accroître la confusion des parents.

La maladie déclarée peut également se compliquer de toxicomanie, d'alcoolisme ou d'abus de médicaments. Ainsi, la consommation de drogues ou d'alcool :

- aggrave les symptômes de la schizophrénie ;
- favorise l'expression des idées délirantes ;
- entraîne parfois des actes de violence ;
- nuit à la prise régulière des traitements.

De plus, l'efficacité des médicaments antipsychotiques est réduite par toutes les formes de toxicomanie. Sachez par ailleurs que la plus courante, chez les schizophrènes, est le tabagisme. Sa fréquence est trois fois plus élevée dans cette population que dans la population générale.

Les manifestations de la schizophrénie varient beaucoup selon les personnes atteintes. Pour qu'un médecin porte le diagnostic avec certitude, les symptômes doivent :

- être présents de façon quasi permanente pendant une période d'au moins six mois ;
- avoir des répercussions négatives sur la vie familiale, sociale, scolaire ou professionnelle.

Il est aussi important d'avoir éliminé d'autres troubles qui auraient pu provoquer des symptômes rappelant ceux de la schizophrénie (ex. : tumeurs du cerveau, problèmes de thyroïde, toxicomanie, épilepsie).

Parfois, le comportement d'un adolescent fait soupçonner une dépression ou un début de schizophrénie. Ainsi, il peut être nécessaire de l'amener consulter un médecin s'il :

- se replie sur lui-même ;
- abandonne ses activités de loisirs ;
- a des difficultés scolaires importantes et inhabituelles ;
- se passionne soudainement pour le mysticisme ou les sciences occultes ;
- a une conduite et des raisonnements étranges ;
- fait preuve d'agressivité ou de méfiance ;
- ne se lave plus.

La plupart du temps, ces comportements ne sont que les symptômes d'une puberté difficile. Il est néanmoins important de ne pas négliger ni banaliser ces signes.

Soutenir une personne schizophrène

Le rôle des proches dans le succès des traitements est fondamental. Pour aider un malade schizophrène, l'entourage peut s'impliquer de plusieurs façons, à savoir :

- acquérir une meilleure compréhension de la maladie et des soins prescrits ;
- communiquer avec la personne touchée ;
- surveiller l'apparition d'éventuelles rechutes.

Pour soutenir efficacement un schizophrène, il est indispensable de bien comprendre cette affection et ses traitements. Les activités psychoéducatives et le dialogue avec l'équipe soignante sont une bonne manière d'acquérir ce savoir. Il existe également des associations de parents et de proches de patients. Il ne faut pas hésiter à les contacter, à participer à leurs réunions et à leurs groupes de paroles. Partager ses difficultés et échanger ses expériences permet de prendre du recul, et de trouver de nouvelles ressources pour affronter la maladie.

Souvent, les malades n'ont pas conscience de leurs comportements étranges ou de leurs idées délirantes. L'entourage peut alors aider l'équipe médicale à évaluer l'état de la personne schizophrène et à trouver le traitement le plus adapté. Cela se fait par exemple en apportant des indications précieuses sur les symptômes, la tolérance aux médicaments ou les habitudes du patient, par exemple.

Les clichés sur les personnes atteintes de schizophrénie sont nombreux. Cette stigmatisation est très mal vécue par les patients, qui se replient alors davantage sur eux-mêmes. Pour lutter contre cette tendance, le rôle de la famille est primordial. Les proches doivent apprendre à mieux comprendre le schizophrène et à communiquer avec lui. Ils doivent aussi le rassurer et lui rappeler que les progrès de la prise en charge thérapeutique permettent désormais d'améliorer la vie de nombreux patients.

Parfois, l’entourage doit aussi faire face à des déclarations étranges. Dans ce cas, il est important de ne pas faire comme si de rien n'était, et de ne pas abonder dans le sens du malade. Il est préférable, tout en admettant qu'il puisse voir les choses différemment, d'exprimer clairement que l'on n'est pas d'accord avec ses conclusions. En effet, le schizophrène a besoin de repères pour distinguer le réel de l'imaginaire.

Les proches doivent aussi s'impliquer dans le traitement. Ils peuvent s'assurer que le patient prend ses médicaments conformément à la prescription du médecin, et le persuader de ne pas interrompre les prises. Ils peuvent également aider la personne atteinte à gérer les effets indésirables (par exemple, en suivant les recommandations alimentaires données) et l'encourager, en insistant sur les bienfaits à long terme d'un traitement correctement suivi.

Parce qu'ils connaissent bien la personne schizophrène, les proches sont à même de distinguer rapidement les changements de comportement qui pourraient indiquer une rechute. En identifiant des signes d'alerte précoces (modifications du rythme de sommeil, tendance accrue au repli sur soi, etc.), ils peuvent alerter l'équipe médicale. Cela permet une adaptation rapide du traitement, avant l'apparition d'un épisode aigu.

Les soins prescrits

Le traitement a pour objectif de réduire les symptômes, et de favoriser l'insertion sociale et professionnelle du patient. Il s'étend sur plusieurs années (au moins cinq ans) et comprend différents volets, indispensables et complémentaires.

Les malades et leurs proches sont souvent inquiets en envisageant la prise de neuroleptiques. Ils se demandent si ces médicaments ne vont pas « assommer » la personne traitée. Cependant, s'ils sont prescrits à une posologie adaptée, les neuroleptiques ne privent pas les schizophrènes de leur personnalité, ni de leur capacité à prendre des décisions. Même s'ils peuvent avoir des effets sédatifs (calmants), souvent recherchés au début du traitement :

- ils réduisent la fréquence des délires ;
- ils permettent au patient d'avoir une pensée plus logique et mieux organisée.

Ces substances aident donc la personne schizophrène à agir rationnellement, et à mieux communiquer avec le monde extérieur. En outre, elles ne provoquent pas de dépendance.

Les premières substances contre la schizophrénie et les psychoses ont été développées dans les années 1950. Ces médicaments **antipsychotiques, dits « classiques », font partie de la famille des neuroleptiques. Ils auraient essentiellement une action sur un des messagers chimiques du cerveau (neurotransmetteurs), la dopamine. Ils sont surtout actifs contre les symptômes dits « positifs » (ex. : délires, hallucinations), et entraînent souvent de nombreux effets indésirables, dont certains invalidants.

Plus récemment, de nouveaux neuroleptiques sont apparus. Ces
antipsychotiques, dits « atypiques », agissent simultanément sur deux neurotransmetteurs, la sérotonine et la dopamine. Par rapport aux antipsychotiques classiques, ils montrent une plus grande efficacité sur les symptômes négatifs de la maladie (démotivation, troubles de l'humeur, apathie).

Par ailleurs, les antipsychotiques
à base de clorazépine ou clozapine sont réservés aux patients ayant résisté aux autres antipsychotiques, ou ne tolérant pas leurs effets indésirables. La clorazépine est susceptible de provoquer une diminution importante du nombre de globules blancs dans le sang, ou « agranulocytose »** (baisse des défenses immunitaires). Aussi, des prises de sang doivent être régulièrement effectuées. Chaque mois, le pharmacien ne délivrera le traitement qu'après avoir vérifié le résultat récent des analyses sanguines (sur un carnet de surveillance).

Au-delà de la distinction entre « classiques » d'une part et « atypiques » d'autre part, les neuroleptiques sont classés selon leurs effets. Ils peuvent avoir :

- une action sédative, qui soulage l'angoisse et l'agitation ;
- un effet dit « antiproductif », qui traite délires et hallucinations ;
- une action désinhibitrice, qui lutte contre l'apathie et la démotivation.

Certains neuroleptiques produisent essentiellement l'un de ces effets. Toutefois, ces trois types d'action peuvent se retrouver pour une même substance, selon la dose utilisée (désinhibition à faible dose, antiproduction à dose moyenne, sédation à forte dose).

Enfin, dans les formes sévères de schizophrénie ou celles qui résistent à tous les médicaments, le traitement fait parfois appel à la sismothérapie (électrochocs).
Les schizophrènes peuvent également présenter des symptômes d'anxiété, de dépression ou de troubles de l'humeur. Dans ce cas, le médecin prescrit des médicaments adaptés à ces pathologies, en complément du traitement antipsychotique.

Avant la prise d’un neuroleptique, il est nécessaire de pratiquer des examens complémentaires, pour éviter certaines complications. Sauf en cas de psychose aiguë, le traitement est mis en place progressivement. Chaque patient réagit différemment à ces substances. Aussi, il faut du temps pour identifier la dose minimale efficace, qui provoquera le moins d'effets indésirables à long terme. Pendant cette période d'ajustement, le soutien de l'entourage est important. Sachez par ailleurs que les associations de plusieurs neuroleptiques sont rares, et réservées aux cas les plus résistants aux médicaments.

Les neuroleptiques doivent être pris de préférence pendant les repas, pour éviter certains troubles digestifs (notamment les nausées). Pendant le traitement, il ne faut jamais boire d'alcool. Les effets combinés des deux substances peuvent en effet entraîner des troubles graves du comportement. Conduire un véhicule, ou utiliser des outils potentiellement dangereux, est aussi tout à fait déconseillé.

D’autre part, il existe des risques d'interactions importants entre les neuroleptiques et d'autres médicaments (anxiolytiques, hypnotiques, médicaments contre l'allergie ou l'hypertension artérielle, certains traitements de la maladie de Parkinson et des troubles de l'érection, etc.). C’est pourquoi il est indispensable de signaler la prise de neuroleptiques à son pharmacien, comme à tout nouveau médecin consulté.

L'usage de certains neuroleptiques est possible en cas de grossesse. Il se fait en fonction du rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus. La surveillance médicale de la future mère est alors accrue. En l'absence de données scientifiques sur le passage des neuroleptiques dans le lait maternel, il est toutefois déconseillé d'allaiter lorsque l'on prend ce type de médicaments.

Les antipsychotiques, en particulier ceux dits « classiques », ont de nombreux effets indésirables :

- constipation,
- somnolence (plus marquée en début de traitement),
- troubles de l'accommodation,
- vision floue,
- sécheresse de la bouche,
- hypotension orthostatique,
- rétention d'urine,
- irrégularité des règles,
- troubles sexuels,
- troubles neurologiques (mouvements anormaux, tremblements, raideur musculaire).

Certains de ces effets nécessitent parfois d'être corrigés par d'autres médicaments.

Les neuroleptiques peuvent aussi être responsables de mouvements anormaux, appelés « dyskinésies ». Ce phénomène se produit soit dans les premiers jours du traitement (dyskinésies précoces), soit après plusieurs mois (dyskinésies tardives). Ces dernières se manifestent par des mouvements involontaires de la bouche, des lèvres, de la langue (mâchonnement), des bras ou des jambes. Elles apparaissent chez 15 à 20 % des malades traités pendant plusieurs années avec des antipsychotiques classiques. On observe également des dyskinésies tardives lors de l'arrêt d'un traitement prolongé (réactions de sevrage).

Un problème fréquent du traitement par antipsychotiques est l'apparition d'un surpoids (en particulier à hauteur de l'abdomen), associé à des taux sanguins élevés de sucre, cholestérol et triglycérides (graisses du sang). Pour cette raison, il est important que les patients traités soient suivis par un médecin généraliste, endocrinologue ou nutritionniste. Il prescrira des examens sanguins réguliers et donnera des conseils pour une alimentation équilibrée.

À ces effets indésirables s'ajoutent des événements rarissimes, qui constituent des urgences médicales :

- Le syndrome malin : Il se traduit par une fièvre inexpliquée (supérieure à 38 °C), des sueurs, des troubles de la conscience, une salivation excessive, etc. Il s’agit d’un effet indésirable très grave, qui apparaît progressivement.
- L'agranulocytose : Elle se caractérise par une baisse des globules blancs du sang, un mal de gorge, des aphtes ou une fièvre anormale.

Si la prise de médicaments est indispensable pour soulager les symptômes et permettre au schizophrène de mieux appréhender le monde extérieur, les traitements psychosociaux sont nécessaires pour améliorer sa vie sociale et professionnelle. Ils associent une prise en charge psychothérapeutique par des spécialistes de la santé mentale, et des programmes de réinsertion sociale. Ils aident le malade à retrouver sa motivation, à mieux communiquer, à affronter les tâches de la vie quotidienne, et à lutter contre la solitude et l'exclusion. On peut les classer en différentes catégories.

- Les programmes de réadaptation : Ils visent à aider le patient à retrouver une place dans la société, malgré les années perdues en termes de formation et d'acquisition de l'autonomie. Les compétences enseignées peuvent aller de tâches quotidiennes simples (prendre les transports en commun, gérer son budget, adopter une bonne hygiène, aborder une personne inconnue, etc.) à l'apprentissage d'une profession. Ces programmes sont essentiels. Ils apprennent aux malades à mener une vie active, et à s'intégrer dans un réseau de relations personnelles et professionnelles.
- La psychothérapie individuelle : Elle permet au patient de parler de ses pensées, sentiments, craintes et problèmes, dans un cadre rassurant, à un professionnel formé à l'écoute de personnes qui communiquent difficilement. Le schizophrène peut ainsi acquérir une certaine capacité à analyser et exprimer ses expériences, et à faire le tri entre la réalité et l'interprétation qu'il a tendance à en faire. Les psychothérapies comportementales et cognitives, qui apprennent à résoudre les problèmes rencontrés, peuvent être particulièrement utiles.
- La psychoéducation : Le rôle de la famille, dans la prise en charge de la schizophrénie, est particulièrement important. Il est donc essentiel de mieux connaître la maladie, ses symptômes et ses traitements, pour les proches comme pour le patient. Ce savoir leur permettra d'améliorer leurs relations, mais également de dépister plus rapidement une rechute éventuelle. Les activités psychoéducatives enseignent aussi à l'entourage les stratégies qui permettront de faire face à une question ou à une crise, et de favoriser la prise régulière du traitement.

Les psychoses non-schizophréniques

Si la schizophrénie est la psychose la plus répandue, il en existe de nombreuses autres formes. Les psychiatres les nomment « délires chroniques non-schizophréniques ». Ils apparaissent généralement après l'âge de 30 ans, souvent chez des personnes marquées par un caractère rigide, obsessionnel, méfiant et orgueilleux.

Dans cette forme de psychose, les délires semblent avoir une base logique et paraissent crédibles. Le patient se sent persécuté, victime d'un complot. Quelques exemples :

- la jalousie pathologique, le délire étant alors fondé sur l'infidélité fantasmée du conjoint ;
- la revendication, lorsque le malade est persuadé de subir de graves préjudices et qu'il veut à tout prix faire valoir ses droits.

Dans cette psychose, les hallucinations sont nombreuses et touchent tous les sens. Le délire s'organise en général autour des thèmes de la persécution, du mysticisme ou de la mégalomanie. Ce type de maladie se déclare le plus souvent chez les femmes, au moment de la ménopause. Elle peut être efficacement traitée.

Dans ce cas, le délire est riche, très imaginatif, axé sur des thèmes fantastiques, cosmiques. Mais les troubles restent discrets, et les personnes atteintes semblent souvent bien adaptées à la vie sociale.
Attention, ce que l'on appelait autrefois « psychose maniaco-dépressive » (ou « maniaco-dépression ») n'est plus considéré comme une psychose aujourd'hui. On parle désormais de « troubles bipolaires ».