Face au changement climatique, il est urgent d'agir. Les experts rappellent, année après année, la nécessité de transformer nos modes de production d'énergie et de produits, principales causes du changement climatique. [1, 2]
Plus récemment, un concept émerge : celui de la sobriété. Changer nos modes de consommation, voire nos modes de vie : une tendance qui vise à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à préparer notre adaptation aux conséquences inévitables du réchauffement climatique sur notre quotidien.
C'est la part de la population française aspirant à vivre dans une société « où la consommation prend moins de place » [3]
Le changement climatique représente une « menace grave » pour « le bien-être de l'humanité et la santé de la planète ». [1] Face à l'ampleur du problème, des réponses politiques engagées et ambitieuses sont depuis longtemps attendues. Elles doivent agir sur les principales causes du changement climatique [2] :
- les modes de production d'énergie basée sur les combustibles fossiles - charbon, pétrole, gaz - responsables de 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ;
- les modes de production des biens de consommation, en particulier l'industrie manufacturière, l'exploitation minière, l'élevage et l'agriculture intensives largement responsables de la destruction des forêts. [2]
Des actions qui dépassent, certes, ce que chacun peut faire individuellement dans l'intimité de son foyer. Et pourtant, il ne peut être que positif d’inciter le plus grand nombre à changer ses habitudes de consommation.
De nouvelles pratiques destinées à réduire notre bilan carbone, mais aussi et surtout à nous adapter aux conséquences du réchauffement de la planète sur nos modes de vie.
Consommer autrement, consommer moins, consommer mieux : il convient en tout cas d'éviter la surconsommation, cause de changement climatique dans les pays développés. Le 1% le plus aisé de la population mondiale produit en effet plus de gaz à effet de serre que 50% de la population la moins favorisée ! [2]
Un concept émerge en France : celui de la sobriété. Elle aborde la question du changement climatique du point de vue des besoins de consommation et de leur impact sur l'environnement.
En remettant en question des modes de consommation, elle vise aussi à faire évoluer aussi les modes de production, et même les modes de vie, à l'échelle individuelle et collective. [3]
Consommer moins : une approche qui semble séduire les Françaises et les Français. 74% estiment en effet qu'« acheter des produits dont on n'a pas besoin est une forme de gaspillage». [3]
Un message clair contre la logique marketing, qui incite à consommer toujours plus, bien au-delà de ses besoins. Malgré tout, le modèle consumériste reste bien ancré dans nos habitudes de consommation : 60% des Françaises et des Français souhaitent en effet « pouvoir se payer plus souvent des choses qui leur font envie » et seuls 32% déclarent qu'il leur serait facile de consommer moins. [3, 6]
Cette contradiction représente un défi pour l'approche par la sobriété. Jusqu'où peut-on responsabiliser le consommateur, tiraillé entre sa conscience écologique et les injonctions permanentes de la publicité ?
« Il y a urgence à changer de comportements et la publicité a plus que jamais un rôle à jouer dans cette prise de conscience », affirme à ce sujet l'Institut national de la consommation. [4]
« Faire de la publicité un véritable levier de la transition écologique », inciter au marketing responsable : des défis qui vont de concert avec la sobriété. [4, 5] Car au-delà du consommer moins, la sobriété consiste aussi à consommer mieux.
Acheter des produits locaux, privilégier les produits sans emballage, choisir les biens ayant un impact moindre sur l'environnement... Les modes de consommation responsables s'installent peu à peu, mais concernent toujours concrètement moins de la moitié de la population française. [6]
Car changer ses modes de consommation peut également signifier changer son mode de vie : limiter sa consommation de viande, ne plus (ou moins) prendre l'avion, troquer sa voiture contre le vélo ou la marche, etc. Autant de caps à franchir à l’échelle individuelle et collective, en faveur du climat.
˃˃ En savoir plus : mieux consommer pour réduire son bilan carbone
˃˃ Pour aller pluis loin consultez le guide climat d'AXAPrévention
Au-delà d'influer sur les choix des consommateurs, l'approche de la sobriété veut agir plus largement sur les modes de vie en société. Cela suppose une action aux niveaux : [6]
- dimensionnel et structurel, pour adapter les infrastructures et les espaces collectifs à nos « besoins réels » ;
- d'usage et convivial, pour nous inciter à partager les espaces et équipements.
Les premières expérimentations collectives portent sur la question du logement. Habitat participatif dans des éco-lieux, sobriété foncière pour éviter l'étalement urbain, lutte contre l'imperméabilisation des sols... L'environnement urbain pourrait changer de visage, et nos modes de vie évoluer… jusque dans nos maisons !
Ce qu’il faut retenir : le changement climatique, incontestable, doit nous inciter à repenser nos modes de vie, et à nous interroger sur tous les aspects de notre quotidien. Les décisions institutionnelles et individuelles gagnent à aller dans le même sens… celui de la sobriété ?
[1] GIEC, février 2022, https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/resources/press/press-release-french
[2] Nations unies, https://www.un.org/fr/climatechange/science/causes-effects-climate-change
[3] Ademe, juin 2021, https://infos.ademe.fr/lettre-strategie-juin-2021/sobriete-les-donnees-cles/
[4] Institut national de la consommation, 11 mars 2021, https://octopus.saooti.com/main/pub/podcast/10291
[5] Ademe, 2013, https://communication-responsable.ademe.fr/marketing-responsable-quest-ce-que-cest/comprendre-le-marketing-responsable
[6] Ademe, 2021, https://infos.ademe.fr/lettre-strategie-juin-2021/la-sobriete-une-aspiration-croissante-pas-encore-un-projet-de-societe/