On distingue quatre stades de l'infection par le VIH.
Deux à trois semaines après la contamination, environ une personne sur trois développe des symptômes évoquant une grippe (fièvre, frissons, maux de tête, ganglions enflés, fatigue, rougeurs de la peau, courbatures, etc.) Ces symptômes disparaissent après quelques jours mais, dans certains cas, ils sont suffisamment sévères pour amener la personne à consulter.
Si le médecin suspecte une infection par le VIH (par exemple, si le patient déclare avoir eu des rapports sexuels non protégés), des examens complémentaires sont prescrits. En cas de confirmation d'une contamination, un traitement peut être donné de manière temporaire.
Pendant la phase de primo-infection, les défenses immunitaires se mettent en place mais ne contrôlent pas encore la multiplication du VIH. La personne infectée est particulièrement contaminante, car son sang et ses sécrétions sexuelles contiennent une grande quantité de virus.
Après la primo-infection, la contamination par le VIH ne provoque aucun symptôme pendant une longue période. En moyenne, on estime que cette phase dure une dizaine d'années (mais elle peut être plus courte ou plus longue chez certains patients). Pendant ce stade, la personne est contaminante, même si la quantité de VIH présente dans son sang et ses sécrétions sexuelles est moins importante que pendant la primo-infection. Parfois, le patient se plaint de ganglions enflés.
Après des années de contamination sans symptômes, le patient développe des signes d'immunodéficience : mycoses (infections par des champignons microscopiques) récidivantes dans la bouche ou le vagin, épisodes de fièvre modérée, diarrhées persistantes, sueurs nocturnes, zona, taches rouges sur la peau, perte de poids, etc. Ces symptômes apparaissent et disparaissent spontanément, puis récidivent de plus en plus souvent.
Liée à l'aggravation de l'immunodéficience, cette phase est caractérisée par l'apparition de maladies dites « opportunistes », qui révèlent la faiblesse des défenses immunitaires :
- des pneumonies dues notamment à un germe particulier (Pneumocystis carinii) ;
- la toxoplasmose, une atteinte du cerveau due à un parasite microscopique (Toxoplasma gondii) ;
- des infections à cytomégalovirus (CMV) qui peuvent toucher les yeux, le cerveau, etc. ;
- des infections sévères dues à des champignons microscopiques (candidoses, isosporidiose, coccidioïdomycose, histoplasmose, cryptococcose, etc.) ;
- un herpès sévère et qui ne guérit pas spontanément ;
- une tuberculose ou des infections par des bactéries proches de celle de la tuberculose (mycobactéries) ;
- des lymphomes (cancers des lymphocytes), des tumeurs des vaisseaux sanguins (sarcome de Kaposi) ou des cancers du col de l'utérus ou du rectum ;
- des troubles fonctionnels du cerveau tels que l’encéphalopathie ou la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), qui provoquent des troubles du comportement ;
- une perte de poids et de masse musculaire importante (cachexie).
Sans traitement, ces maladies opportunistes provoquent rapidement le décès de la personne malade. Aujourd'hui, les patients concernés reçoivent des traitements spécifiques, destinés à prévenir certaines de ces affections.
Malgré le bénéfice des traitements, les personnes infectées par le VIH ont une probabilité plus élevée de développer certains cancers, à savoir :
- les lymphomes non hodgkiniens ;
- le sarcome de Kaposi ;
- le cancer du poumon ;
- les cancers dus aux infections à papillomavirus HPV (pouvant toucher la gorge, l'anus, la vulve, le pénis ou le col de l'utérus) ;
- les cancers du foie liés aux hépatites B et C chroniques.
Pour cette raison, des mesures de dépistage doivent être effectuées annuellement (ex. : frottis vaginal ou rectal). De plus, il est fortement conseillé aux patients concernés d'arrêter de fumer.
Les patients touchés par le virus souffrent parfois d'autres infections ayant les mêmes modes de contamination. C'est le cas en particulier des hépatites virales chroniques B et C (on parle alors de « co-infection »). En France, on estime ainsi que :
- plus du quart des personnes porteuses du VIH sont aussi infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) ;
- 7 % d'entre elles le sont par le virus de l'hépatite B (VHB).
Cette double infection a des conséquences sur l'évolution de ces maladies. En particulier, l'hépatite C semble progresser plus vite avec la présence du VIH. Pour cette raison, les personnes atteintes des deux affections reçoivent plus précocement un traitement contre le VIH. Parfois, il est aussi nécessaire de cesser ce dernier, pour débuter un traitement contre le VHC. Dans d'autres cas, enfin, les deux thérapies peuvent être associées. Par ailleurs, il existe également des médicaments efficaces à la fois sur le VIH et le VHB.
Avant la découverte de traitements efficaces, l'évolution de l'infection par le virus était inéluctable, sauf pour une petite minorité de patients dits « non-progresseurs » (pour des raisons liées à leur patrimoine génétique, ils ne développaient pas la maladie). Aujourd'hui, avec les thérapies disponibles, l'infection par le VIH est devenue une maladie chronique, et de nombreuses personnes vivent avec depuis vingt ou trente ans.
Néanmoins, cette vision optimiste est à modérer. Les traitements prescrits contre le VIH causent parfois des effets indésirables lourds ou gênants pour la qualité de vie. De plus, ils entraînent des complications (voir ci-dessous) qui peuvent réduire l'espérance de vie des personnes sous traitement. Enfin, l'état d'inflammation chronique lié à la présence constante de VIH, même en petites quantités, semble accélérer le vieillissement des patients atteints.
Pour ces raisons, la recherche continue afin d'identifier des traitements efficaces mieux supportés, et les efforts de prévention (utilisation systématique du préservatif) ne doivent pas se relâcher.