Intox Detox : le vin est-il vraiment bon pour le cœur ?
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Intox Detox : le vin est-il vraiment bon pour le cœur ?

Oui, mais pas pour la santé en général !

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Intox Detox : le vin est-il vraiment bon pour le cœur ?

Oui, mais pas pour la santé en général !

La consommation modérée de boissons alcoolisées est liée à une diminution du risque cardiovasculaire et du risque de décès

Depuis plus de 20 ans, de nombreuses études ont montré qu’une consommation modérée de boissons alcoolisées est liée à une diminution du risque de décès ou de maladies cardiovasculaires.

Par exemple, une analyse croisée (méta-analyse) de 34 études publiée en 2006 montrait que le risque de décès toutes causes confondues est réduit de 18 % chez les femmes consommant 1 à 2 verres par jour, et de 17 % chez les hommes consommant de 2 à 4 verres par jour.

De plus, une autre méta-analyse de 84 études publiée en 2011 a montré que la consommation de 1 à 2 verres par jour était liée une réduction de 25 % du risque de décéder d’une maladie cardiovasculaire (21 études) ainsi que du risque de décéder d’un infarctus (31 études). Par contre, aucun effet sur le risque d’AVC ou de décès dû à un AVC. Dans cette méta-analyse, le nombre de décès toutes causes confondues était réduit de 13 %.

Par contre, au-delà d’une consommation modérée, le risque cardiovasculaire et celui de décès augmentent rapidement.

Les boissons alcoolisées sont-elles la cause de cet effet ?

Observer que la consommation modérée d’alcool diminue le risque cardiovasculaire ne signifie pas que les boissons alcoolisées sont responsables de cette diminution. Peut-être les personnes qui boivent modérément sont également modérées dans toutes leurs habitudes alimentaires, ou peut-être fument-elles moins. Pour être sûr de l’effet de l’alcool, il faudrait faire une étude comparative alcool/pas d’alcool sur deux groupes de personnes similaires. Difficile à envisager…

Néanmoins, divers indices semblent pointer vers un rôle protecteur des boissons alcoolisées, en particulier les effets anticoagulants de l’alcool (sur les plaquettes sanguines et sur le fibrinogène) et, parfois, un effet positif sur le cholestérol HDL (le « bon » cholestérol).

Le vin est-il plus protecteur que les autres boissons alcoolisées ?

Patriotisme oblige, cette question intéresse beaucoup les chercheurs français. En effet, plusieurs études semblent montrer un effet protecteur supplémentaire du vin comparé aux autres boissons alcoolisées, peut-être en lien avec les polyphénols qu’il contient. La plus célèbre, l’étude de Copenhague (plus de 13 000 hommes et femmes suivis pendant 12 ans), a montré que la consommation de vin est plus protectrice : elle le reste pour une consommation quotidienne qui, avec d’autres types de boissons (bière, spiritueux), produit déjà une augmentation du risque cardiovasculaire.

D’autres études ont confirmé cet avantage du vin, mais d’autres encore ne l’ont pas retrouvé. Le problème est que nous consommons en général plusieurs types de boissons alcoolisées. Aujourd’hui, les chercheurs penchent néanmoins pour un effet protecteur supplémentaire du vin en lien avec les polyphénols.

Un bénéfice qui s’évapore face aux conséquences négatives de l’alcool

Jusque-là il semble donc que la consommation modérée de vin (de 2 à 4 verres par jour selon le sexe et selon les études) soit une bonne idée pour la santé de notre cœur et de nos vaisseaux.

Mais il suffit de faire deux pas en arrière pour voir que cette bonne idée ne tient plus la route lorsqu’on considère la santé en général (et pas seulement la santé cardiovasculaire).

Une gigantesque analyse des effets de la consommation d’alcool (592 études analysées portant sur 25 années, ainsi qu’une analyse fine de la consommation mondiale pays par pays) a été publiée en août 2018 dans The Lancet, journal médical de référence.

Si cette analyse retrouve les effets positifs d’une consommation modérée sur la santé cardiovasculaire (mais uniquement chez les femmes d’un certain niveau socio-économique), elle met surtout en évidence que, dès la première goutte d’alcool consommée, des effets négatifs (accidents, cancers, risque aggravé de tuberculose, etc.) se font sentir sur la santé globale. Ces effets négatifs globaux balaient rapidement les effets positifs sur le cœur et les vaisseaux.

 

Boire ou ne pas boire, telle est la question

La conclusion de ce formidable travail est claire… comme de l’eau de source : la dose idéale de boissons alcoolisées pour rester en bonne santé globale est de ZÉRO verre par jour. Point final. Mais nous savons tous que la réalité est autre, pour peu que l’on ait une vie sociale.

Pour s’y retrouver, l’École de santé publique de l’université Harvard a publié en 2018 un texte complet sur les bénéfices et les risques de l’alcool qui se termine en donnant des conseils un peu personnalisés :

  • Les personnes qui ne boivent pas du tout d’alcool n’ont aucun intérêt à changer leurs habitudes, mais peuvent améliorer leur risque cardiovasculaire par la pratique d’une activité physique régulière.
  • Chez les personnes minces, actives, qui ne fument pas, mangent équilibré et n’ont pas d’antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires, la consommation d’alcool n’apporte pas de bénéfice sur le risque cardiovasculaire.
  • Chez les hommes qui n’ont pas d’antécédent d’alcoolodépendance et qui ont un risque cardiovasculaire modéré à élevé, la prise d’un verre par jour peut réduire ce risque, en particulier chez ceux qui ont une concentration sanguine de cholestérol HDL faible, et qui n’augmente pas avec une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.
  • Chez les femmes qui n’ont pas d’antécédent d’alcoolodépendance et qui ont un risque cardiovasculaire modéré à élevé, les éventuels bénéfices cardiovasculaires d’un verre par jour sont à mettre en balance avec la petite augmentation du risque de cancer du sein liée à l’alcool.
  • Les personnes qui boivent doivent le faire avec modération et surveiller leur apport en folates (acide folique ou vitamine B9, au moins 400 microgrammes par jour).
Pour en savoir plus

La méta-analyse de 2006 (en anglais)

La méta-analyse de 2011 (en anglais)

L’étude de Copenhague de 1995 (en anglais)

L’étude publiée dans The Lancet en août 2018 (en anglais)

Un excellent article de synthèse un peu ancien mais toujours intéressant, publié par la Nouvelle société française d’athérosclérose. 2002

Les recommandations de la Harvard University School of Public Health, 2018 (en anglais)