Il existe souvent une confusion entre deux notions : l'accoutumance et la dépendance.
C'est l'augmentation de la tolérance de l'organisme à une substance spécifique. Le corps s'adapte à l'action d'un médicament particulier et y devient moins sensible. Le maintien des effets du médicament implique alors une augmentation de la quantité absorbée. L'accoutumance est différente de la dépendance, dont les manifestations ne surviennent qu'à l'arrêt du traitement.
L'accoutumance est fréquemment observée avec l'alcool. Elle est rare avec les médicaments, même ceux contre l'anxiété, les insomnies ou la douleur.
On distingue deux types de dépendance : la dépendance physique (le corps s'adapte aux traitements et l'arrêt de ceux-ci entraîne des symptômes physiques appelés réactions de sevrage) et la dépendance psychique (la peur de ce qui pourrait arriver sans traitement). Les réactions de sevrage (nervosité, fatigue, insomnies, tremblements, difficultés à se concentrer, etc.) sont plus intenses lorsque le traitement a été long, avec des dosages élevés. Les symptômes de la maladie traitée peuvent également réapparaître. La dépendance psychique, lorsqu'elle est forte, peut inciter le patient à prolonger son traitement par crainte des conséquences d'un arrêt, renforçant ainsi l'éventualité d'une dépendance physique.
Les phénomènes de dépendance sont constatés essentiellement avec les médicaments de l'anxiété et des troubles du sommeil (benzodiazépines), ainsi que certains médicaments contre la douleur. Certains neuroleptiques et antidépresseurs peuvent également entraîner des réactions de sevrage.
Les médicaments de l'anxiété et des troubles du sommeil sont souvent impliqués dans les problèmes de dépendance aux médicaments. Pour éviter ce problème, il est important de respecter la posologie et les conditions de prise préconisées par le médecin. Le traitement ne doit pas durer plus de quelques semaines(en général entre quatre et six semaines). Il doit être ensuite réévalué par le médecin en fonction de la situation et des effets d'une éventuelle prise en charge psychothérapeutique. L'arrêt du traitement se fait par réduction progressive des doses.
Pour rappel, la prise d'un médicament contre l'anxiété ou l'insomnie implique que l'on ne boive pas d'alcool. La combinaison de ces deux substances peut en effet entraîner des troubles du comportement, de la mémoire, et augmenter les risques d'accident.
Certaines personnes deviennent dépendantes aux médicaments vasoconstricteurs en spray destinés à soulager les symptômes de la rhinite (en décongestionnant les cavités nasales). Pour cette raison, ces médicaments sont disponibles uniquement sur prescription. Si cette situation vous concerne, parlez-en à votre médecin. D'autres médicaments, moins susceptibles de provoquer une dépendance, existent qui permettent de se passer progressivement de ces vasoconstricteurs.
Contrairement aux médicaments de l'anxiété ou des troubles du sommeil, les antidépresseurs les plus couramment utilisés ne comportent aucun risque de vraie dépendance. Il faut simplement respecter la prescription du médecin et ne pas arrêter le traitement trop tôt ou brutalement, pour éviter les rechutes et les symptômes liés à l'arrêt du traitement. Certains antidépresseurs plus anciens, prescrits dans les formes de dépression résistantes aux traitements les plus courants, peuvent néanmoins provoquer des phénomènes de dépendance.
Pour éviter les symptômes liés à l'arrêt d'un traitement contre la dépression, les doses d'antidépresseurs sont réduites progressivement sur une période de un à plusieurs mois afin d'éviter un syndrome de sevrage. En effet, des effets indésirables transitoires sont parfois observés si le traitement est interrompu brutalement : anxiété, irritabilité, cauchemars, insomnie, nausées, vertiges, etc. Ces effets indésirables apparaissent dans les deux à trente jours suivant l'arrêt du traitement. Si ce type de symptômes survient, le médecin peut choisir de reprendre temporairement le traitement à pleine dose, puis de mettre en place un calendrier d'arrêt du traitement encore plus progressif.
Certains médicaments contre les douleurs modérées à sévères, voire intenses, peuvent être à l'origine de dépendance.
Les médicaments contenant de la codéine ou de la dihydrocodéine doivent être maniés avec prudence et avec l'accord du médecin. À long terme, elles peuvent provoquer une dépendance physique, en particulier la codéine.
Les céphalées par abus d'antalgiques se caractérisent par la répétition de maux de tête suite à la surconsommation de médicaments contre la douleur. Tout se passe comme si chaque prise d'antalgique était suivie par un rebond du mal de tête. Ces maux de tête incessants représentent 15 à 20 % des consultations dans les centres spécialisés dans le traitement des maux de tête. Les mécanismes de ce phénomène ne sont pas élucidés. Le traitement consiste à sevrer progressivement les personnes qui en souffrent.
Le tramadol n'est pas un dérivé de la morphine mais une molécule originale qui agit sur les récepteurs du cerveau sensibles à la morphine, ainsi que sur les récepteurs d'autres messagers chimiques du cerveau (sérotonine et noradrénaline). Son usage prolongé, à dose élevée, expose à un risque de dépendance.
L'usage de la morphine n'est plus aujourd'hui réservé aux cas extrêmes ou aux soins palliatifs. Au contraire, son utilisation est requise dans toutes les situations où les antalgiques de moindre puissance sont insuffisants, à la condition que la cause de la douleur ait été bien identifiée. Cependant, dans le cadre de douleurs d'origine non cancéreuse, son utilisation doit être d'une durée la plus courte possible et faire l'objet d'un "contrat moral d'utilisation" entre le patient et le médecin prescripteur. Aujourd'hui, les cas de dépendance à la morphine sont extrêmement rares.
Dans la plupart des cas, quelques mesures simples permettent d'éviter de devenir dépendant à un médicament.
Une prise régulière de médicament somnifère sur une longue période induit des risques importants d'accoutumance. Le produit perd alors de son efficacité et les doses doivent être augmentées pour l'obtention du même effet. De plus, s'il advient que la personne traitée ne dispose pas de son médicament, elle aura beaucoup de difficultés à trouver le sommeil : elle est devenue psychologiquement dépendante.
Pour ces raisons, un traitement somnifère ne devrait pas être pris sur une période de plus de quatre à six semaines. Au bout de vingt jours d'utilisation d'un somnifère, le pourcentage de sommeil réparateur (celui qui repose vraiment) diminue, et les risques d'accoutumance et de dépendance augmentent.
Pour les médicaments contre l'anxiété, comme pour tous les médicaments, il est important de respecter la posologie et les conditions de prise préconisées par le médecin. En règle générale, le traitement est mis en place par augmentation progressive de la posologie. L'objectif est d'identifier la dose efficace minimale pour limiter les effets indésirables et le risque de dépendance. Les personnes âgées sont souvent sensibles à des doses plus faibles. Attention, il est inutile et dangereux de prendre simultanément deux anxiolytiques.
Le traitement par un médicament anxiolytique ne doit pas durer plus de quelques semaines (en général entre quatre et six semaines). Il doit être ensuite réévalué par le médecin en fonction de la situation et des effets de la prise en charge psychothérapeutique (qui est toujours recommandée). L'arrêt du traitement se fait par réduction progressive des doses.
En cas de douleur chronique (arthrose par exemple), une prise d'antalgiques à intervalles réguliers permet de calmer la douleur plus efficacement qu'une prise à la demande, "quand ça fait mal". De plus, il est recommandé de ne pas utiliser d'antalgiques plus de cinq jours sans avis médical. N'hésitez pas à recontacter votre médecin si le traitement prescrit ne soulage pas suffisamment la douleur.
La durée minimale d'un traitement varie selon la maladie. La décision d'arrêter un traitement doit être prise en commun par le médecin et son patient. Ensemble, ils font le point sur l'évolution de la maladie, l'absence de rechutes et les effets indésirables du traitement. Si les conditions semblent réunies pour l'envisager, le médecin arrêtera le traitement.
L'arrêt d'un traitement de longue durée doit parfois se faire progressivement, en diminuant les doses par paliers successifs. C'est souvent le cas pour les médicaments susceptibles d'entraîner une dépendance physique (médicaments somnifères, médicaments contre l'anxiété, etc.). L'arrêt d'un traitement de longue durée est entrepris de préférence lorsque les conditions sont favorables (vacances, absence d'autres problèmes de santé, par exemple). Dans tous les cas, cet arrêt doit se faire progressivement. En effet, une diminution progressive de la posologie quotidienne permet de rétablir rapidement une posologie efficace en cas de rechute. De plus, cette réduction par paliers permet de limiter les manifestations liées à une dépendance physique qui aurait pu s'installer.
Si les symptômes physiques sont trop gênants, un traitement d'appoint pourra être prescrit pour les soulager. La dépendance psychique, lorsqu'elle est sévère, pourra faire l'objet d'un soutien psychothérapeutique de courte durée. Lorsqu'un patient est devenu dépendant, le traitement est si intimement lié à sa vie que son arrêt constitue forcément un événement important nécessitant un réajustement.
Un traitement somnifère doit toujours être arrêté progressivement. La diminution doit être graduelle pour éviter la réapparition des troubles du sommeil. Elle se fait en général par paliers.
La personne traitée doit être motivée pour arrêter. Le médecin propose cet arrêt, mais c'est la personne concernée qui doit prendre la décision. Il est préférable d'attendre de se trouver dans de bonnes conditions pour mettre fin au traitement ; mieux vaut le faire lorsque l'on a moins de stress, d'anxiété, de pression dans le travail ou de soucis dans sa vie personnelle.
Il est important de savoir que certains signes peuvent apparaître lorsque l'on diminue ou que l'on arrête son traitement somnifère : nervosité, difficultés à s'endormir, tremblements, problèmes de concentration ou fatigue. Dans la mesure du possible, il faut persister, car ces signes disparaissent en quelques jours.