Une étude menée en 2020 par notre association met en lumière certaines pratiques féminines vis-à-vis de leur santé : attendre d’« être malade » pour consulter, ne pas privilégier la prévention médicale, manquer de temps pour soigner son hygiène de vie…
Les « habitudes » féminines vis-à-vis de la santé illustrent bien souvent des disparités de genres, donc, mais aussi des inégalités sociales dans le recours et l’accès aux soins. Explications…
En matière de soins, 35 % des femmes ont l’impression de subir des clichés ou stéréotypes liés à leur sexe [3].
Et cela s’illustre dans les faits : les pathologies féminines ne sont pas diagnostiquées mieux ou plus tôt que celles des hommes. L’infarctus du myocarde, souvent associé au sexe masculin, est sous-diagnostiqué chez les femmes. Or les maladies-cardiovasculaires sont la première cause de décès des femmes dans le monde [4].
Autre exemple parlant ? Il faut neuf ans en moyenne pour diagnostiquer l’endométriose, pathologie qui touche toutefois 10 à 15 % des femmes en âge de procréer [5].
1/3 de la population française estime qu’il existe des inégalités entre les sexes autour des questions :
- de prévention,
- de dépistage,
- de traitement de certaines pathologies [5 b].
L’étude qualitative sur la santé des femmes conduite en 2020 par AXA Prévention révèle que le recours de ces dernières au système de santé était davantage axé sur la réaction à la maladie qu’à sa prévention.
Concrètement ? Les femmes reconnaissent aller consulter un médecin quand elles sont malades, c’est-à-dire quand les symptômes ou la douleur n’ont pas disparu au terme d’une période d’observation et/ou d’automédication [6].
Les femmes privilégient donc la médecine curative à la préventive. Une tendance qui peut être associée à l’image sacrée du médecin, un personnage important qu’il ne faut déranger qu’en cas de réel besoin.
Les femmes tendent aussi à considérer que la prévention est une responsabilité personnelle, qu’elles doivent gérer seules : activité sportive, alimentation, contrôle du poids, etc. [7].
Le rapport à la prévention varie en fonction des groupes socio-économiques. Les femmes issues de catégories socio-professionnelles supérieures ont davantage recours aux mesures préventives liées à la santé [8].
Et, s’il existe des disparités sociales dans l’accès aux soins hors calendrier et campagnes nationales, il a été observé que les dispositifs de prévention et les dépistages organisés par l’Assurance Maladie, notamment, tendaient à niveler ces inégalités [9].
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la bonne santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » [10]. Pourtant, « être en bonne santé » ne renvoie pas au même concept que nous soyons issus d’un milieu social favorisé, ou plus modeste.
Ainsi, selon l’étude d’AXA Prévention sur la santé des femmes, celles issues de catégories supérieures intègrent plus facilement le bien-être physique et mental à la notion de bonne santé. En parallèle, les catégories moyennes et populaires associent, elles, la bonne santé au seul fait de ne pas « être malade » [11].
Cause, conséquence ou constat parallèle : la dépression et l’anxiété sont deux fois plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Ces dernières représentant même deux tiers des personnes hospitalisées après une tentative de suicide [12].
Ayant généralement recours à la médecine quand elles n’ont plus le choix, de nombreuses femmes se sentent responsables de leur santé, à travers leur hygiène de vie personnelle. [13].
Selon l’Inserm, l’état de santé d’une personne peut être influencé par la nature de son activité professionnelle, son niveau d’étude ou son hygiène de vie [14]. Mais les deux sexes – et même les femmes entre elles – ne sont pas logées à la même enseigne…
En effet, une bonne hygiène de vie implique d’avoir du temps à y consacrer pour
- faire du sport,
- se préparer des repas équilibrés,
- dormir suffisamment…
Or, les femmes – en plus d’assumer une charge mentale importante – doivent parfois jongler avec vie professionnelle et vie du foyer où elles continuent à effectuer la majorité des tâches [15].
En outre, avec 70 % des emplois précaires tenus par des femmes en France et une majorité féminine à la tête des familles monoparentales, il semble difficile d’entrevoir pour les femmes un terrain favorable à une hygiène de vie saine et durable [16].
Le chemin vers une prévention satisfaisante en matière de santé, chez les femmes, est encore long. Contribuer à le rendre visible reste un devoir pour tous les acteurs du secteur…
Grandes oubliées des programmes de recherche, des essais cliniques et des postes à responsabilité, les femmes font paradoxalement vivre le système de santé dont elles représentent 70 % des ressources humaines dans le monde [17].
Les récents événements sanitaires ont cependant commencé à rebattre les cartes, à questionner la place des femmes dans ce système et l’importance d’une approche genrée de la santé [18]. À suivre…
[4] https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/genre-et-sante
[5] https://www.axa.com/fr/magazine/femmes-hommes-sommes-nous-egaux-en-matiere-de-sante
[6] Etude AXA Prévention sur la santé des femmes
[7] Etude AXA Prévention sur la santé des femmes
[8] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-11/intro_has_femmes_13_11_13_vf_3.pdf
[9] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-11/intro_has_femmes_13_11_13_vf_3.pdf
[10] https://www.who.int/fr/about/who-we-are/constitution
[11] Etude AXA Prévention sur la santé des femmes
[12] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-11/intro_has_femmes_13_11_13_vf_3.pdf
[13] Etude AXA Prévention sur la santé des femmes
[14] https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/genre-et-sante
[16] https://www.axa.com/fr/magazine/femmes-hommes-sommes-nous-egaux-en-matiere-de-sante
[18] https://www.unwomen.org/fr/get-involved/beijing-plus-25/generation-equality-forum