En France, environ 10 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Observé le plus souvent chez des personnes âgées, ce cancer reste relativement rare (environ 2 % des cancers) même si c’est le seul pour lequel la mortalité continue de progresser.
Ne pas fumer, adopter une alimentation équilibrée, consommer peu de boissons alcoolisées et pratiquer une activité physique régulière… sont autant de mesures de prévention contre le cancer du pancréas.
Longtemps asymptomatique, le cancer du pancréas est constaté à un stade tardif dans 80 à 90 % des cas. En outre, il n’existe pas encore de test de dépistage.
Lorsque les premiers signes apparaissent, ils sont souvent liés au système digestif : maux de ventre, perte de poids massive, perte d’appétit, sensation d’estomac plein…
La quasi-totalité des cancers du pancréas sont observés chez des personnes de plus de 65 ans. Une prédisposition familiale, le diabète et le tabagisme peuvent aussi déclencher la maladie.
Le pancréas est une longue glande située derrière l'estomac. Sa « tête » est proche de l'intestin grêle et du canal par lequel la bile passe dans l'intestin. Le rôle de cette glande est double :
Elle sécrète les sucs pancréatiques indispensables à la digestion des matières grasses et des protéines (fonction dite « exocrine »).
Elle produit l'insuline et le glucagon, qui régulent le taux de sucre dans le sang (fonction dite « endocrine »).
Les sucs pancréatiques se déversent dans l'intestin grêle par le canal pancréatique. Quant à l'insuline et au glucagon, ils passent directement dans le sang.
Dans 90 % des cas, le cancer du pancréas se développe à partir des cellules qui bordent les canaux conduisant les sucs pancréatiques vers l'intestin : c'est l'adénocarcinome canalaire du pancréas. Le plus souvent (70 à 80 % des cas), ce cancer naît dans la « tête » de l’organe.
Il existe aussi d'autres formes plus rares de la maladie, par exemple :
- les carcinomes mucineux (cystadénocarcinome et carcinome intraductulaire), qui sont de meilleur pronostic ;
- l'adénocarcinome acinaire ;
les tumeurs endocrines comme le cancer des îlots de Langerhans (qui produisent l'insuline), vingt fois moins fréquentes que l'adénocarcinome canalaire.
Les cancers du pancréas demeurent longtemps sans symptômes, et il n’existe pas de test de dépistage. Aussi, la maladie est diagnostiquée à un stade tardif dans la très grande majorité des cas (80 à 90 %), ce qui peut compliquer son traitement.
En France, environ 8 000 nouveaux cas de cancer du pancréas sont diagnostiqués chaque année, la maladie occasionnant un peu plus de 7 000 décès par an. Cette affection est légèrement plus fréquente chez les hommes. L'âge moyen des patients, au moment du diagnostic, est de 75 ans pour les hommes et 80 ans pour les femmes.
Les causes du cancer du pancréas ne sont pas identifiées. Cependant, certains facteurs de risque ont été mis en évidence, à savoir :
- l'âge (la quasi-totalité des cas sont observés chez des personnes de plus de 65 ans) ;
- le diabète, qui pourrait augmenter le risque de cancer du pancréas ;
- le tabagisme, qui multiplie par 2,7 le risque de développer la maladie ;
- l'obésité (elle a été évoquée, mais sans confirmation formelle).
De ce fait, vous pouvez contribuer à prévenir l’apparition de la maladie par certaines mesures (peu spécifiques, elles concernent tous les cancers) :
- ne pas fumer ;
- adopter une alimentation équilibrée et lutter contre l'embonpoint ;
- limiter le plus possible votre consommation de boissons alcoolisées ;
- pratiquer régulièrement une activité physique.
Une prédisposition familiale intervient aussi dans 5 à 10 % des cas de cancer du pancréas. En effet, le risque est plus élevé chez les personnes souffrant de certaines affections (ou ayant un parent concerné), à savoir :
- une inflammation chronique du pancréas (pancréatite chronique), due par exemple à l'alcoolisme chronique ou à la mucoviscidose ;
- un cancer colorectal ou un cancer du sein dans leur forme héréditaire (présence d’une mutation du gène BRCA2) ;
- un syndrome de Peutz-Jeghers (maladie génétique provoquant la formation de polypes au niveau de l'intestin et de taches foncées sur la peau) ;
- un syndrome du nævus dysplasique (maladie génétique prédisposant à avoir de nombreux grains de beauté anormaux et à développer un mélanome).
Pendant les premiers mois de la maladie, le cancer du pancréas passe inaperçu. Lorsqu'elle devient symptomatique, la maladie peut provoquer une fatigue intense. D’autres symptômes sont aussi possibles.
Ils se manifestent en particulier la nuit et en position allongée, et peuvent également se traduire par des douleurs du dos. Ces douleurs abdominales sont plus fréquentes lorsque le cancer touche la queue du pancréas (à l'opposé de l'intestin grêle, soit environ 7 % des cas).
Lorsque la tumeur se situe dans la « tête » du pancréas, celle-ci compresse le canal qui évacue la bile, gênant ainsi le passage du liquide vers l'intestin. La bile s'accumule et le patient présente des yeux et un teint jaunâtres. Ses selles deviennent pâles, ses urines foncées, et il se gratte sur tout le corps.
Elle est massive, rapide et sans cause identifiable.
Elle s’accompagne de nausées et de vomissements, voire d’une sensation permanente d'estomac plein.
Chez les personnes diabétiques, le cancer du pancréas peut aussi se manifester par une aggravation subite du diabète.
Lorsque le médecin suspecte la présence d'un cancer du pancréas, il peut faire pratiquer divers examens complémentaires pour affiner son diagnostic, à savoir :
- une échographie de l'abdomen ;
- un scanner de l'abdomen (tomodensitométrie) ou une IRM ;
- une échoendoscopie. Cet examen est réalisé grâce à l’introduction d’une sonde fine par la bouche, jusqu'au duodénum (la première partie de l'intestin grêle, après l'estomac). Cette sonde permet de visualiser le canal pancréatique et le canal cholédoque (par lequel la bile passe dans l'intestin). Le médecin peut profiter de cet acte pour injecter des produits dans le canal pancréatique. Cela lui permet d'obtenir de meilleures images lors d’autres examens.
Le diagnostic définitif de cancer du pancréas est confirmé par l’observation au microscope d'un petit fragment de cet organe (biopsie). Le prélèvement du morceau de tissu analysé peut être pratiqué :
- soit à travers la peau du ventre, à l’aide d'une échographie pour guider le geste ;
- soit lors de l'échoendoscopie ;
soit lors d'une intervention chirurgicale de l'abdomen.
En l’absence de traitement, lorsque le cancer du pancréas est invasif :
- Les cellules cancéreuses envahissent progressivement le pancréas et les organes voisins.
- Elles migrent, via la circulation de la lymphe, dans les ganglions lymphatiques drainant cette région du corps.
Elles passent dans la circulation sanguine pour aller s'installer et se multiplier dans le foie, les os, etc. Ces tumeurs secondaires sont appelées « métastases ».
En fonction des résultats des examens complémentaires, le médecin peut déterminer le stade d'évolution du cancer du pancréas (ce qui conditionne son pronostic et son traitement). Pour cela, il utilise une **classification dite « TNM ». Elle prend en compte les aspects de la tumeur, la présence éventuelle de cellules cancéreuses dans les ganglions, et l'existence éventuelle de métastases. En fonction de cette classification, le cancer du pancréas est dit :
- de stade I s'il est limité au pancréas, sans atteinte des ganglions ni métastases ;
- de stade II si la tumeur a envahi les organes et, éventuellement, les ganglions voisins ;
- de stade III si la tumeur concerne les vaisseaux sanguins et, éventuellement, les ganglions voisins ;
- de stade IV si la tumeur a provoqué des métastases.
Aujourd'hui en France, cinq ans après le diagnostic d'un cancer du pancréas, le taux de survie** est d'environ 5 %. Lorsque l'ablation complète de la tumeur est possible (et suivie d'une chimiothérapie), le taux de survie à cinq ans est d'environ 20 %.
Les soins entrepris en cas de cancer du pancréas ont pour objectif la guérison du patient, l'amélioration de sa qualité de vie et la prévention des complications.
Le traitement peut faire appel à la chirurgie (pour enlever la tumeur, voire le pancréas). Une intervention chirurgicale est ainsi envisagée :
- lorsque le cancer est limité au pancréas ;
- si la tumeur n'est pas trop volumineuse ;
- si le patient n’est, par ailleurs, ni atteint d'une autre maladie, ni trop âgé.
Cette opération reste rare, puisqu'elle concerne seulement environ 20 % des patients. Après la chirurgie, une chimiothérapie anticancéreuse est administrée pendant six mois. Elle est éventuellement associée à une radiothérapie (rayons ionisants), quand l'intervention chirurgicale n'a pas permis de retirer toute la tumeur.
Lorsque, d'emblée, la tumeur n'est pas opérable, un traitement par chimiothérapie et radiothérapie peut être administré, pour essayer de réduire la taille du cancer. Cette technique permet d'opérer par la suite environ un tiers des patients inopérables au moment du diagnostic.
Dans les autres cas, le traitement repose sur la chimiothérapie. Elle est parfois associée à la radiothérapie, voire à des thérapies ciblées dans le cadre d'essais cliniques (par exemple, l'erlotinib).
Lorsqu'une chirurgie du cancer du pancréas est possible, elle impose souvent une reconstruction d’une partie de l'appareil digestif. Trois techniques chirurgicales peuvent être utilisées.
Cette intervention est pratiquée lorsque la tumeur est située dans la « tête » du pancréas. Le chirurgien enlève cette partie de l’organe, la vésicule biliaire, ainsi qu'une partie de l'estomac et de l'intestin grêle. Il peut également retirer des ganglions lymphatiques.
Elle est indiquée si la tumeur se situe dans la queue du pancréas. Le chirurgien retire cette partie de l’organe, ainsi que la rate.
Cette opération est rarement pratiquée car elle s'accompagne de l'ablation de la vésicule biliaire, de la rate, d'une partie de l'estomac et de l'intestin grêle, et des ganglions lymphatiques.
Lors de l'intervention chirurgicale, le chirurgien peut aussi réduire les symptômes provoqués par la compression qu’exerce la tumeur sur les organes voisins. En cas de cancer non opérable, une opération spécifique est parfois programmée dans ce but. Il s’agit par exemple de rétablir la bonne circulation de la bile ou des aliments, en plaçant des tubes creux (endoprothèses) qui maintiennent ouverts les canaux biliaires ou l'intestin grêle.
Après la chirurgie, la convalescence est longue, et comprend un séjour en soins intensifs. Une alimentation par voie intraveineuse ou par sonde (placée dans l'estomac) est nécessaire, ainsi qu'un suivi nutritionnel étroit. Des troubles gastro-intestinaux peuvent survenir (problèmes de transit digestif entraînant des vomissements, présence de matières grasses dans les selles). Des médicaments sont prescrits pour corriger ces effets indésirables.
Le plus souvent, une chimiothérapie est aussi administrée quatre à six semaines après la chirurgie, suite à la cicatrisation des organes.
La chimiothérapie des cancers du pancréas est administrée par voie intraveineuse au cours de séances de perfusion intraveineuse (« cures »). Parfois, il est possible d’entreprendre une chimiothérapie par voie orale (comprimés). Le choix des médicaments utilisés est fonction des caractéristiques de la tumeur et du patient.
Pour faciliter l'administration des cures intraveineuses, il peut être nécessaire de poser une chambre implantable (ou "Port-a-cath"). Il s’agit d’un boitier-réservoir placé sous la peau au niveau de la clavicule, et connecté à un tube souple (cathéter), qui délivre la chimiothérapie directement dans un gros vaisseau sanguin. Ce dispositif évite les dommages qu'une perfusion intraveineuse « normale » provoquerait au niveau des veines du bras. En effet, il suffit de piquer dans le boitier, à travers la peau, pour administrer la cure. La chambre est posée sous anesthésie locale, ou pendant l'intervention destinée à retirer la tumeur. À la fin du traitement, elle est retirée, également sous anesthésie locale.
Les effets indésirables des médicaments de chimiothérapie sont variables selon les substances prescrites. Le plus souvent, il s’agit :
- de nausées et vomissements ;
- d’une fatigue ;
- d’une anémie ;
- d’une sensibilité plus grande aux infections ;
- de la chute des cheveux et des poils.
En association avec la chimiothérapie, une radiothérapie externe peut être utilisée (rayons ionisants projetés à travers la peau de l'abdomen). Son usage est limité. Elle présente également des effets indésirables (diarrhées, maux de ventre, nausées).
Après un traitement contre le cancer du pancréas, un suivi médical rapproché est indispensable. Il permet de dépister rapidement d'éventuelles récidives (relativement fréquentes dans ce type de cancer).
Cette surveillance repose sur plusieurs examens.
Il est réalisé tous les trois à six mois.
Tous les trois mois, on recherche l'antigène carcino-embryonnaire (ACE) et la protéine CA 19-9. En effet, ces deux substances diminuent progressivement lorsque le traitement est parvenu à éliminer le cancer du pancréas. La glycémie à jeun (taux de sucre dans le sang) est aussi mesurée tous les six mois, pour dépister un éventuel diabète.
Il est assuré chez les personnes qui ont suivi un traitement chirurgical avec reconstruction du tube digestif.
Par ailleurs, certains symptômes doivent inciter les patients traités à contacter rapidement leur médecin, à savoir :
- des démangeaisons sur tout le corps ;
- une teinte jaune des yeux, du teint et des muqueuses ;
des urines foncées et des selles pâles.