La dépression est un état de détresse profonde et durable. Elle se manifeste par une perte de motivation et une tritesse constante, au-delà d’un simple « coup de déprime ». Cette affection concerne 10 % des hommes et 20 % des femmes. Les moins de 45 ans sont les plus touchés, mais la maladie peut aussi atteindre les jeunes mères, les enfants, les adolescents et les séniors.
Outre ses signes psychiques, la dépression donne lieu à des manifestations physiques (fatigue, sommeil perturbé, maux de dos, perte d’appétit, troubles digestifs, etc.) Elle peut être liée à la fois à des éléments biologiques et génétiques, et faire suite à un événement de la vie traumatisant.
L’entourage du malade joue un rôle primordial dans le diagnostic de la dépression, parfois difficile à déceler. La maladie est traitée par la psychothérapie, associée à la prise d’antidépresseurs voire d’anxiolytiques, selon sa gravité et sa nature.
Pour guérir et prévenir les récidives de dépression, un suivi scrupuleux des prescriptions médicales est essentiel. L’accompagnement de l’entourage, qui peut apporter écoute et soutien moral, est aussi très important.
Contrairement à la déprime passagère, la dépression (ou « dépression nerveuse ») est un état de profonde détresse qui dure. Elle se caractérise par l'association durable de plusieurs symptômes comme une modification importante de l'humeur (tristesse permanente), une perte de motivation, une souffrance parfois insupportable et un ralentissement des gestes de la vie courante. Cette maladie génère aussi un sentiment d'inutilité et d'impuissance, avec des idées morbides, voire suicidaires.
Affection aux multiples facettes, la dépression est parfois difficile à déceler. La personne qui en souffre refuse de voir ses symptômes, ou en sous-estime l'importance. Elle ne veut pas se plaindre, se dit que « ça va passer ». C'est la raison pour laquelle l'entourage peut jouer un rôle primordial dans le diagnostic.
Certains changements peuvent alerter : la personne n'a plus envie de pratiquer des activités qui lui plaisaient auparavant, ne fait plus de projets, est d'humeur instable, montre une agressivité inhabituelle ou présente des difficultés de concentration. Elle dort moins ou au contraire beaucoup plus, mange très peu ou grignote sans arrêt, est constamment fatiguée. Elle énonce aussi des idées sombres : « Je suis dans une impasse, je n'y arriverai jamais, j'ai tout raté dans ma vie, je porte la poisse, je rends les autres malheureux. » Si ce discours revient sans cesse, il faut absolument l’inciter à consulter.
Parfois, la dépression prend des formes dites « masquées ». Cela se traduit par des manifestations physiques difficiles à associer, dans l'esprit de la personne touchée, avec l'image qu'elle se fait de cette pathologie : troubles du sommeil et/ou digestifs, fatigue, agitation, vertiges, maux de dos, de ventre et/ou de tête, etc.
Ils peuvent être multiples :
- cafard, tristesse permanente pendant au moins deux semaines, envie incontrôlable et fréquente de pleurer, pensées morbides qui reviennent souvent ;
- irritabilité ;
- perte totale d'intérêt pour les activités ordinairement agréables ;
- baisse de l'estime de soi ;
- sentiment de culpabilité ;
- anxiété ou inquiétude excessive ;
- difficultés de concentration, pertes de mémoire ;
- incapacité à prendre des décisions ;
- agitation ou ralentissement des gestes du quotidien ;
- perte d'énergie, fatigue, sommeil perturbé (insomnie ou envie de dormir excessive) ;
- diminution ou augmentation de l'appétit, troubles digestifs, maux de ventre ;
- maux de tête ;
- diminution du désir sexuel ;
- douleurs diffuses, mal de dos.
Avoir un « coup de cafard » est une manifestation naturelle du psychisme. Une déprime se caractérise par un sentiment de tristesse passagère, qui peut être lié ou non à des raisons précises. Cependant, si l'état psychologique ne s'améliore pas après environ deux semaines, il est important de consulter, car il s'agit peut-être d'une dépression qui s'installe.
Perte d'un être cher, problèmes professionnels, soucis financiers, déception amoureuse, conflits familiaux ou autres… Tous ces événements font hélas partie, à un moment ou à un autre, du quotidien. Notre psychisme, mais aussi notre corps, réagissent à ces situations. Nous nous sentons tristes, fatigués, sans énergie, ou alors énervés, tendus. Souvent, nous décrivons cet état comme un « coup de déprime ».
Il peut aussi nous arriver de broyer du noir sans raison particulière, sans qu'aucun changement ne soit intervenu. C'est parfois le signe d'une insatisfaction vis-à-vis de notre mode de vie.
Ces manifestations, que même les plus optimistes connaissent, sont tout à fait normales. Les médecins les considèrent comme des troubles d'adaptation, des états dépressifs mineurs non caractérisés. Ils ne doivent pas être confondus avec une maladie dépressive caractérisée, et ne justifient donc pas la mise en place d'un traitement antidépresseur.
Aussi curieux que cela puisse paraître, ces moments de déprime nous servent à nous adapter aux aléas de la vie. Nous interagissons de façon permanente avec notre environnement. Confronté à une perturbation, l'organisme réagit, permettant à l'individu de modifier son comportement et ses pensées par rapport aux contraintes du monde qui l'entoure.
Dans d'autres cas, ces manifestations peuvent amener à s'interroger sur sa vie, à redéfinir ses priorités pour trouver du sens à son existence. Parfois, elles conduisent à prendre des décisions ou à provoquer un changement (déménagement, recherche d'un nouvel emploi, séparation, etc.). Une période de déprime peut ainsi être le déclencheur d'une évolution, et déboucher sur un mieux-être.
Même si les symptômes observés ne correspondent pas aux signes dépressifs les plus courants, il convient de rester vigilant. Si un « coup de cafard » devient permanent et incompatible avec la vie quotidienne, il peut signifier qu’une dépression s'installe. Il ne faut donc pas hésiter à consulter un médecin :
- si l'état psychologique ne s'améliore pas ;
- si des troubles physiques apparaissent (douleurs au ventre ou au dos, migraines).
Dans tous les cas, le dialogue avec un médecin permet de mettre des mots sur ses difficultés, ce qui suffit parfois pour prendre du recul et se sentir mieux. D'autre part, seul un professionnel de santé est à même de faire la différence entre un « coup de blues » et une dépression. En effet, si cette maladie est complexe, ses symptômes sont relativement bien connus.
Les personnes atteintes de troubles bipolaires (appelés aussi « maniaco-dépression », « psychose maniaco-dépressive » ou « dépression bipolaire ») connaissent des variations de l'humeur disproportionnées dans leur durée et leur intensité. Ainsi, la gaieté devient euphorie exagérée, et la tristesse se mue en dépression profonde.
Les troubles du comportement qui accompagnent ces phases désorganisent profondément la vie de la personne, et dégradent ses relations familiales et professionnelles. Cette maladie ne doit pas être confondue avec la dépression, et nécessite des traitements particuliers.
« Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Suis-je responsable de cette situation ? » Ces questions assaillent généralement les personnes qui souffrent de vraie dépression. Pourtant, le malade n'est pour rien dans ce qui lui arrive. Sa situation ne correspond pas à un laisser-aller, au fait de « trop s’écouter » ou de s’apitoyer sur son sort.
Au contraire, la dépression est souvent déclenchée par des événements extérieurs. On sait désormais qu'il n'y a pas une cause unique à l'apparition d'une dépression, mais que la maladie résulte le plus souvent d'une conjonction de facteurs.
Chez les malades dépressifs, on constate un déséquilibre de la chimie du cerveau, en particulier une baisse de l'efficacité de certains neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline, dopamine). Or, le cerveau constitue le centre de contrôle de tout notre corps. Il est également responsable de nos émotions, de notre mémoire et de nos pensées. Cette perturbation de nature chimique entraîne progressivement un dérèglement de l'humeur et des fonctions intellectuelles et physiques.
Les personnes ayant des parents proches qui ont souffert de dépression sont davantage susceptibles d'en être elles-mêmes victimes. De nombreuses recherches ont tenté d'identifier un gène de la dépression. On pense aujourd'hui que plusieurs gènes peuvent avoir une influence sur la survenue de cette affection. Globalement, ils ne déclencheraient pas nécessairement la maladie, mais transmettraient seulement une prédisposition.
Le surmenage, la solitude, des événements difficiles ou traumatisants (problèmes financiers ou professionnels) peuvent favoriser une dépression. Souvent, son apparition suit un deuil, une séparation ou le départ d'un enfant du domicile des parents, par exemple. Elle peut aussi faire suite à un changement d'état : perte du sentiment de jeunesse et d'une certaine insouciance, perte partielle ou totale de son autonomie, etc.
Personne n'est à l'abri de la dépression. On peut avoir apparemment tout pour être heureux et souffrir d'une forme sévère de la maladie. Le mode de vie a une influence. Ainsi, la solitude affective (veuvage, divorce, séparation) constitue un facteur de risque, surtout pour les hommes, de même qu'un environnement professionnel générateur de stress (licenciement, chômage, pression dans le travail, surmenage). D'autre part, certains moments de la vie (adolescence, grossesse, accouchement, survenue d'une maladie grave) fragilisent l'individu, le rendant plus vulnérable à la dépression.
Cette pathologie peut toucher tout le monde à tout âge, même si elle est plus fréquente chez les adultes jeunes (sept dépressifs sur dix ont moins de 45 ans). De plus, hommes et femmes ne sont pas égaux devant la maladie, qui touche en moyenne un homme sur dix et une femme sur cinq. La raison en est peut être que les dépressions féminines sont mieux dépistées, car les femmes demanderaient de l'aide plus facilement que les hommes. De plus, les hormones sexuelles pourraient jouer un rôle, ce qui expliquerait la plus grande fréquence de la dépression féminine durant certaines périodes de fluctuations hormonales (accouchement, ménopause).
Il ne faut pas confondre les deux. Huit femmes sur dix ressentent les symptômes du célèbre « baby blues », entre le deuxième et le dixième jour après l'accouchement. Ces troubles dépressifs passagers (crises de larmes, vague à l'âme) ne durent que deux ou trois jours, et disparaissent spontanément. Ils sont dus aux bouleversements hormonaux provoqués par l'accouchement, à la fatigue et à la prise de conscience du nouveau rôle de mère.
Moins fréquente, la dépression du post-partum touche une femme sur six. Elle se déclare quelques semaines après l'accouchement, avec des symptômes dépressifs classiques (tristesse, perte d'intérêt et de plaisir, difficultés de concentration, troubles du sommeil). D’autres sentiments peuvent aussi se manifester :
- une culpabilité sur une supposée incompétence maternelle ;
- une anxiété injustifiée quant à l'état de santé de l'enfant ;
- un rejet du bébé.
Le traitement par antidépresseurs, associé à une psychothérapie, est alors efficace. Dans les cas de dépressions postnatales sévères, une hospitalisation peut être envisagée. Il existe en France quelques unités spécialisées dans l'accueil des nouvelles mères sévèrement dépressives.
La dépression chez les séniors est souvent sous-estimée. En effet, une idée répandue voudrait qu'avec l'âge, il devienne normal d'être triste, fatigué, abattu. Pourtant, cette maladie est assez fréquente chez les personnes âgées, et peut s'exprimer par :
- une agressivité,
- une irritabilité,
- des insomnies,
- des symptômes parfois confondus avec des signes de démence ou de sénilité (pertes de mémoire, confusion).
Si la dépression est diagnostiquée, ces manifestations disparaissent avec le traitement.
Des symptômes dépressifs peuvent se manifester chez les enfants, et surtout chez les adolescents. Pour ces jeunes patients, un diagnostic de dépression justifie systématiquement une prise en charge psychothérapeutique. Dans certains cas particulièrement sévères, un recours aux médicaments antidépresseurs est justifié.
Les conseils de bon sens sont souvent efficaces pour retrouver du tonus et un meilleur moral : adopter une alimentation équilibrée, pratiquer une activité sportive, penser à soi, se faire plaisir, voir des amis, sortir pour se changer les idées ou prendre quelques jours de vacances.
De plus, en France, le millepertuis a obtenu une autorisation de mise sur le marché comme traitement à court terme des manifestations dépressives légères et transitoires. L'usage de ces médicaments ne doit pas excéder quelques semaines. Par ailleurs, bien qu'ils ne contiennent qu'un extrait de plantes, ils peuvent provoquer des effets indésirables et interagir avec d'autres substances.
Sachez aussi qu’il ne faut jamais prendre de médicaments psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques ou somnifères) sans avis médical. Ne partagez en aucun cas la prescription d'un ami !
La dépression hivernale est une forme particulière de la maladie, qui apparaît en automne ou en hiver et disparaît au printemps. Elle est due au déficit de soleil et de lumière naturelle. En Europe, 2 % des adultes souffrent de cette affection, en particulier dans les pays du Nord. Les femmes sont quatre fois plus concernées que les hommes.
Le traitement consiste à exposer le visage du patient à une lumière spéciale, intense et blanche, pendant environ trente minutes par jour : c'est la luminothérapie. Dès les premiers jours, l'horloge biologique se règle à nouveau et l'état s'améliore, puis les troubles s'estompent en quelques semaines.
La luminothérapie se pratique surtout en milieu hospitalier, dans des services spécialisés. Des cures à domicile sont également possibles, mais les lampes « anti-déprime », vendues en pharmacie, sont chères et d'efficacité mal établie. Notez par ailleurs qu’une consultation médicale, comprenant un examen des yeux, est indispensable avant l'utilisation de telles lampes.
Cette affection nécessite la mise en place rapide de soins adaptés. La prise en charge psychothérapeutique et la prescription d’antidépresseurs sont les deux types de traitements complémentaires préconisés par les médecins. Les modalités de prise des médicaments varient selon la sévérité et l’origine des symptômes, et prennent en compte les préférences du patient.
Différents types de soins sont possibles, selon la forme de la maladie.
- Face à une dépression légère ayant peu d'impact sur la vie quotidienne, un médecin généraliste recommande plutôt un soutien psychothérapeutique.
- Si l'épisode dépressif est plus gênant, tout en restant modéré, il prescrit un antidépresseur et éventuellement une psychothérapie.
- Si l'épisode est plus caractérisé (symptômes nombreux, intenses et durables), le praticien donne un traitement antidépresseur, exerce un soutien psychothérapeutique et conseille parfois une psychothérapie.
- Si le contexte est complexe, si la dépression semble résister aux traitements, si la personne malade le désire ou si elle a déjà connu des troubles psychiatriques, le médecin généraliste peut adresser son patient à un psychiatre.
- Si des hallucinations ou des idées délirantes sont associées à la dépression, des médicaments neuroleptiques peuvent être prescrits.
L'hospitalisation est réservée aux cas où le risque de suicide est réel, aux formes très sévères avec symptômes physiques importants, ou lorsque le patient est très isolé.
Elle est scientifiquement et cliniquement prouvée pour certaines catégories de dépression. Il faut insister sur le fait que ces médicaments sont réellement nécessaires en cas de dépression caractérisée, d'intensité modérée à sévère, mais pas dans les formes mineures.
Certains malades refusent encore ce traitement, car ils pensent que leur volonté peut suffire à aller mieux, ou parce qu'ils ont peur de devenir dépendants du médicament. Ces deux idées sont fausses. En effet :
- la dépression est une maladie et dans la majorité des cas, il est très difficile de s'en sortir seul. Lorsque nous sommes atteints d'une autre affection quelconque, nous n'hésitons pas à nous faire soigner ;
- contrairement aux médicaments de l'anxiété, les antidépresseurs ne comportent aucun risque de vraie dépendance. Il faut simplement respecter la prescription du médecin et ne pas arrêter le traitement trop tôt ou brutalement, pour éviter les rechutes et symptômes liés à l'arrêt.
Parfois, les médicaments donnés restent sans effet. Le médecin peut alors essayer une nouvelle substance, plus adaptée au patient. Il existe cependant des dépressions dites « résistantes », contre lesquelles les traitements médicamenteux sont peu ou pas efficaces. Des séances de sismothérapie (électrochocs) sont parfois nécessaires.
Cette démarche permet de travailler sur les aspects psychologiques et sociaux qui peuvent être liés à l'épisode dépressif. Les psychothérapies occupent une place importante dans le traitement, notamment lorsque la personne se sent plus motivée grâce à l'action positive des antidépresseurs sur l'humeur. Dans les dépressions légères à modérées, les séances seules semblent être aussi efficaces que l'association « psychothérapie et antidépresseurs ».
Plusieurs types de psychothérapies peuvent permettre de prendre conscience des mécanismes psychiques qui se trouvent à l'origine de la souffrance mentale. Certaines sont plus indiquées dans le traitement d'une dépression :
- Les psychothérapies cognitives et comportementales : Elles représentent un traitement à court et moyen terme, très orienté sur la gestion de la crise en cours. Elles visent à modifier les pensées et comportements qui déclenchent ou perpétuent des épisodes dépressifs. Ces thérapies, qui durent quelques mois, peuvent aider les personnes qui souffrent de dépression légère ou modérée à sortir de leur maladie. Parfois, elles contribuent aussi à prévenir les rechutes.
- Les psychothérapies d'inspiration psychanalytique : Elles vont permettre d'appréhender ce qui, dans l'enfance et l'éducation, a stoppé l'évolution harmonieuse de l'individu et entraîné un schéma de vie inadapté. En comprenant ces événements, la personne malade peut, avec l'aide de son entourage, changer d'attitude. Ces thérapies sont plus longues que les précédentes et visent un objectif qui va au-delà de la résolution de la crise en cours. Elles sont généralement initiées lorsque la phase aiguë de la dépression a été soignée.
Lorsqu'on est déprimé, il est important de pouvoir parler à un professionnel, dont le regard extérieur et l'écoute attentive contribuent à soulager la souffrance. Les personnes qui refusent de voir un psychothérapeute (ou qui n'en disposent pas dans leur voisinage) peuvent néanmoins bénéficier de l'écoute de leur généraliste. En effet, les praticiens de médecine générale voient de nombreuses personnes souffrant de symptômes dépressifs. Souvent, ils possèdent une solide expérience dans l'écoute et le soutien de ces patients.
Les antidépresseurs sont prescrits pour soulager les symptômes de la dépression, en particulier la tristesse et le ralentissement moteur qui caractérisent cette maladie. Ce ne sont pas des médicaments euphorisants, et ils restent sans effet sur les personnes ne souffrant pas de troubles dépressifs. D’autre part, leur usage ne se justifie que si les symptômes permettant de caractériser une véritable dépression entraînent un handicap ou un risque pour le patient (et ce, en complément d'une prise en charge psychothérapeutique).
Certains antidépresseurs sont également utilisés :
- pour le traitement de certaines formes d'anxiété ou de la boulimie ;
- pour corriger des troubles émotionnels, dans le cadre d'autres affections psychiques.
Par ailleurs, leurs effets bénéfiques ne se font sentir qu'après deux à six semaines de traitement. Pour cette raison, des anxiolytiques d'action plus rapide sont souvent prescrits au départ. Ils sont progressivement arrêtés, lorsque les effets des antidépresseurs commencent à se faire ressentir.
Rien ne peut remplacer un médicament antidépresseur pour soigner certaines dépressions. Dans la phase initiale du traitement, la souffrance dépressive est telle que toutes les choses habituellement agréables ne peuvent être ressenties.
En revanche, lors de la phase d'amélioration, de meilleures conditions et une bonne hygiène de vie peuvent favoriser la réussite du traitement. Les personnes qui font régulièrement du sport, par exemple, répondent parfois mieux et plus vite aux antidépresseurs que celles qui n'ont pas d'activité physique.
Sachez aussi qu’il faut se méfier de l'alcool, dont l'effet euphorisant est trompeur. Les premiers effets de l'ivresse passés, boire peut aggraver l'état dépressif, et la consommation d’alcool est tout à fait déconseillée pendant un traitement antidépresseur.
En raison des mécanismes d'action des antidépresseurs dans le cerveau, il faut souvent un laps de temps de quelques semaines pour en ressentir les effets bénéfiques. Il est donc assez fréquent que le médecin prescrive en parallèle, en début de traitement, un anxiolytique de la famille des benzodiazépines. Deux raisons principales peuvent le justifier :
- si la souffrance du malade est très grande, l'anxiolytique peut agir en quelques heures sur certains symptômes, comme l'anxiété et l'insomnie, et ainsi soulager rapidement le patient ;
- si la personne dépressive a de fortes tendances suicidaires, la prise d'un anxiolytique permet de minimiser le risque de passage à l'acte, en attendant que les antidépresseurs fassent leur effet.
Toutefois, cette prescription doit être temporaire. En effet, les anxiolytiques ne soignent pas la dépression et ne doivent pas être pris plus de quelques semaines. Au-delà, leur action est diminuée, et le risque de dépendance est réel.
Enfin, dans les cas où la dépression est compliquée par des troubles anxieux persistants, le médecin peut choisir de prescrire un antidépresseur actif également contre ces problèmes.
Il arrive que des personnes souffrant de dépression guérissent spontanément, sans traitement, après plusieurs mois ou années. Cependant :
- des épisodes similaires auront de grandes probabilités de se répéter chez les deux tiers de ces personnes, et quelques-unes connaîtront un état dépressif permanent ;
- l'autre tiers n'en sortira pas totalement indemne. La très grande majorité souffrira toute sa vie de symptômes invalidants (anxiété, troubles du sommeil, mauvaise estime de soi). Ces personnes éprouveront aussi des difficultés à s'intégrer dans la société et à mener une vie équilibrée et heureuse ;
- certaines développeront une alternance de phases d'euphorie et de dépression (troubles bipolaires).
Le principal risque d'une dépression non traitée ou mal traitée est le suicide. Sur dix personnes ayant mis fin à leurs jours, sept étaient des malades dépressifs, pour la plupart non soignés. Chaque année, en France, 8 400 morts seraient ainsi causées par la maladie. Le risque de suicide est considérablement augmenté si la personne dépressive souffre en même temps de troubles anxieux persistants.
Ils sont importants, surtout si le traitement n'a pas été correctement suivi lors du premier épisode dépressif. Ainsi, une personne qui a déjà présenté une dépression a une chance sur deux d'en avoir une autre au cours de sa vie. Dans la moitié des cas, la rechute survient dans un délai de deux ans. Par la suite, généralement, les rechutes se multiplient et s'accélèrent : la durée des intervalles entre deux épisodes dépressifs diminue avec le temps.
Ce phénomène peut être évité par un traitement à long terme et le suivi régulier d'une psychothérapie. Il ne suffit pas d'aller voir un psy deux ou trois fois, puis de se dire : « C'est bon, j'ai fait le tour de la question, je n'en ai plus besoin. »
Quatre malades sur dix ne respectent pas la stratégie thérapeutique décidée avec leur praticien, et arrêtent les médicaments après moins de 3 mois, sans lui en parler. En cas de rechute, celle-ci se manifeste rapidement, le plus souvent dans les 2 mois qui suivent l'arrêt prématuré des prises. Un manque d'information sur l'intérêt d'un suivi correct du traitement, et sur la fréquence des rechutes, est certainement responsable en partie de cette situation.
Il existe également des facteurs de risque qui favorisent les rechutes. Si une personne est vulnérable psychiquement, le fait de suivre une psychothérapie peut lui permettre d'apprendre à affronter les aléas de la vie. En l’absence d’un tel soutien psychothérapeutique, l'apparition d'un nouvel événement douloureux ou perturbant pourra déclencher un nouvel épisode dépressif. Là encore, les femmes sont les plus mal loties. Il y a 22 % de récidives chez elles, contre 13 % chez les hommes. Par ailleurs, les personnes âgées subissent davantage de dépressions chroniques, et leurs rechutes sont plus fréquentes.
En revanche, l'entourage affectif et social joue un rôle important dans la prévention des rechutes. Les malades divorcés ou veufs, et les personnes ayant peu de relations sociales, font davantage de récidives que celles qui bénéficient du soutien de leur entourage.
Les personnes ayant connu plusieurs épisodes de dépression peuvent bénéficier d'approches complémentaires pour éviter une récidive, à savoir :
- un traitement médicamenteux au long cours (éventuellement sur plusieurs années), avec certains antidépresseurs particulièrement indiqués pour la prévention des récidives ;
- une thérapie cognitive pour apprendre à reconnaître des pensées négatives dites « automatiques » (qui apparaissent de manière quasi-réflexe face à certaines situations) et à leur substituer une vision plus positive des choses ;
- éventuellement, si le patient en a le désir, une démarche de type psychanalytique, visant à identifier les causes profondes et anciennes qui contribuent à l'apparition des symptômes dépressifs.
Si vous pensez qu'un de vos proches est dépressif, soyez vigilant et parlez-en avec lui. Suggérez-lui de consulter un médecin, en vous montrant compréhensif et à l’écoute. Si vous êtes à court d'arguments, pourquoi ne pas lui faire lire ces pages pour le convaincre ? Il sera peut-être soulagé de reconnaître les symptômes de sa maladie, et de mettre enfin des mots sur son mal-être.
La dépression bouleverse la vie du patient, mais aussi celle de son entourage. Vivre avec un dépressif, c'est souvent se sentir impuissant face à sa souffrance, démuni, inquiet pour sa santé, parfois pour sa vie. Cette affection est parfois un voyage au long cours. La famille et les amis peuvent néanmoins jouer un rôle important pour aider la personne concernée à sortir de sa maladie.
Si un proche dépressif a besoin avant tout d'une aide médicale, vous pouvez l'épauler, tout d'abord pour qu'il ou elle accepte de se faire soigner. Vous pouvez ensuite le soutenir pendant cette période de traitement :
- en manifestant un soutien moral ;
- en faisant preuve d'écoute et de compréhension ;
- en encourageant cette personne à prendre régulièrement ses médicaments (on peut insister sur l'intérêt des antidépresseurs et l'absence de dépendance à ce type de produits) ;
- en surveillant l'évolution de la maladie.
Par ailleurs, vous devez accepter vous-même que votre proche soit atteint. C'est parfois difficile, car l'entourage se culpabilise souvent, se sentant en partie responsable de cette situation. Évacuez ces questionnements : la priorité est le mieux-être du malade.
Voici quelques conseils pour aider au mieux une personne souffrant de dépression :
- Les dépressifs ne peuvent pas agir sur leur état. Il est donc inutile de faire appel à leur volonté pour s'en sortir. « Bouge-toi, remue-toi, tu n'as qu'à te secouer » sont des phrases inutiles et dangereuses. Par de tels comportements, on peut même aggraver la situation, car le malade se sentira incompris ou coupable, ce qui augmentera sa souffrance.
- N'essayez pas non plus de minimiser son état de souffrance en lui disant, par exemple : « Mais non, tu n'as pas l'air si mal que ça. C'est un petit coup de blues, ça va passer. » Vous ne feriez que le détourner de son traitement. Rappelez-vous que les dépressions sont des maladies graves, pas un caprice ni une simple déprime.
- Il est préférable d'éviter au malade des changements importants (par exemple un déménagement) au cours de sa dépression. Les personnes dépressives éprouvent de grandes difficultés à prendre des décisions. Certaines en sont même incapables, et leur demander de faire un choix peut les placer dans un désarroi total.
- Lorsque la personne suit un traitement, il ne faut jamais l'approuver si elle confie son désir d'arrêter ses médicaments. L'entourage doit au contraire tout faire pour l'en dissuader.
- N'hésitez pas à discuter ouvertement du risque de suicide avec une personne dépressive. En parler est le meilleur moyen d'évaluer le danger. Ne cherchez pas à remettre en cause ces idées de mort, contentez-vous de montrer à la personne que vous la comprenez. Parfois, le silence vaut mieux qu'une litanie de conseils impossible à suivre.