Cancer du sein et troubles psychiques : réduire les disparités par une prise en charge intégrée

Le parcours de soins des femmes atteintes de cancer du sein et de troubles psychiques présente des disparités préoccupantes.

Cancer du sein et troubles psychiques : réduire les disparités par une prise en charge intégrée

Le parcours de soins des femmes atteintes de cancer du sein et de troubles psychiques présente des disparités préoccupantes.

Les patientes concernées font souvent face à des délais de diagnostic prolongés, et à un accès difficile aux traitements. Une réalité qui souligne la nécessité d’une approche plus intégrée et sensible aux besoins spécifiques de ces femmes. Décloisonner les pratiques, favoriser la collaboration interdisciplinaire, sensibiliser et former les professionnels de santé est essentiel pour améliorer le parcours de diagnostic et de soins.

Diagnostic, traitement : des inégalités pour les femmes atteintes de cancer du sein et de troubles psychiques

Un parcours de diagnostic sous optimal

Pour les femmes atteintes de cancer du sein, le chemin vers un diagnostic peut comporter des obstacles, en particulier pour celles qui souffrent de troubles psychiques sévères. Une étude parue dans Le Journal of Clinical Medicine révèle des défis préoccupants que ces patientes rencontrent.

Les femmes ayant des antécédents de troubles psychiques ont moins de chances de subir les principaux tests diagnostiques recommandés, avec un taux de 81,2 %, comparativement à 89 % pour celles sans troubles psychiques et présentant un cancer du sein sans atteinte des ganglions lymphatiques.

Lorsqu’elles bénéficient de ces tests, elles sont moins susceptibles de commencer leur traitement dans les six semaines suivant la mammographie, avec un taux de 39,1 % contre 46,5 % pour leurs homologues sans troubles psychiques.

Ces retards dans le diagnostic et le traitement contribuent à une mortalité accrue parmi cette population vulnérable.

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Des traitements plus lourds

Un diagnostic tardif a des conséquences directes sur les choix de traitement. Nous en parlions plus tôt : les femmes qui subissent des retards dans le diagnostic sont souvent confrontées à des interventions plus invasives.

Les mastectomies totales, par exemple, sont davantage subies par les femmes avec des troubles psychiques graves : plus de 54% contre 37% chez celles sans antécédents,  lorsque les ganglions sont atteints.[2]

Cette décision peut entraîner des répercussions profondes, tant sur le plan physique que psychologique, et avoir un impact sur le rapport au corps et la qualité de vie des patientes.

>> Pour aller plus loin, consultez notre article sur la santé mentale

Vers une approche intégrée de la prise en charge

Des soins coordonnés : une nécessité

En France, la séparation entre psychiatrie et médecine somatique crée des obstacles significatifs. Ce cloisonnement des pratiques entraîne souvent des retards dans le diagnostic et un manque de coordination dans les soins, laissant les patientes naviguer seules entre plusieurs spécialistes. 

Or, les patientes ont besoin d'une collaboration réelle entre oncologues, psychiatres et autres professionnels de santé. Une prise en charge intégrée signifie que chaque spécialiste doit comprendre les interactions entre les maladies somatiques et les troubles psychiques. Cela nécessite une formation continue adaptée, pour que tous les intervenants puissent travailler de concert et offrir une meilleure prise en charge pour les patientes.

Un soutien psychologique systématique

À chaque étape du parcours de soins, une évaluation psychologique est toujours bénéfique. Les troubles psychiques sévères, souvent exacerbés par le cancer, nécessitent une attention particulière. Pourtant, de nombreux soignants exerçant en milieu somatique reçoivent une formation insuffisante à la pathologie psychiatrique. De la même façon, ceux exerçant en milieu psychiatrique reçoivent une formation insuffisante aux pathologies somatiques

Ce manque de préparation limite leur capacité à fournir le soutien adéquat, ce qui peut affecter l’efficacité des traitements physiques.

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Sensibilisation et formation des professionnels de santé

La stigmatisation des troubles psychiques représente un défi non seulement pour les patientes, mais aussi pour les soignants. Ce climat peut affecter la qualité des soins, rendant parfois difficile une écoute attentive et empathique.

Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel de mettre en place des programmes de sensibilisation des professionnels aux enjeux psychologiques liés au cancer. En améliorant leur compréhension des besoins spécifiques des patientes, les soignants pourront adapter leur approche, favoriser une communication ouverte et répondre de manière plus appropriée aux préoccupations exprimées.

Facteurs personnels : comprendre pour mieux agir

Les disparités rencontrées par les femmes atteintes de cancer du sein et de troubles psychiques ne peuvent être comprises sans considérer les facteurs personnels qui influencent leur parcours de soins. Voici quelques éléments clés à prendre en compte, notamment par les proches des femmes concernées... Des conseils à parcourir, et à partager !

Surexposition aux facteurs de risque

De nombreuses femmes dans cette situation adoptent des comportements de santé à risque, notamment le tabagisme, une consommation excessive d'alcool, et une mauvaise nutrition. Ces habitudes, souvent exacerbées par un mode de vie sédentaire, entraînent non seulement des problèmes de santé supplémentaires, mais favorisent également l’isolement social.

>> Consultez notre article sur la solitude et ses effets en santé mentale

Il est essentiel d’intégrer des programmes de prévention qui ciblent spécifiquement ces femmes. Par exemple, des initiatives communautaires peuvent encourager des modes de vie plus sains, tout en créant des espaces propices à la socialisation.

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Auto-stigmatisation

Les femmes atteintes de troubles psychiques sont souvent victimes d'une double stigmatisation : celle de leur entourage et celle qu’elles s'infligent elles-mêmes. Ce phénomène d'auto-stigmatisation peut se manifester par une certaine forme de fatalisme, où ces femmes estiment qu'elles ne seront pas écoutées ou que consulter un professionnel ne servira à rien.

Pour lutter contre cette perception, des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour changer les mentalités. Créer des groupes de soutien où ces femmes peuvent partager leurs expériences pourrait également renforcer leur confiance et leur sentiment d’appartenance. Se renseigner sur l’existence de tels groupes dans sa commune est peut-être un premier pas vers le mieux-être des patientes.

Difficultés d’accès aux soins

Les réticences à demander des soins sont fréquentes chez les personnes souffrant de troubles psychiques en général, en particulier lorsqu'elles ne bénéficient pas d'un accompagnement. Elles peuvent également éprouver des difficultés à exprimer leurs douleurs ou leurs préoccupations, entraînant ainsi des retards dans leur prise en charge. C’est ici qu’un soutien adapté peut faire toute la différence.

Les professionnels de santé sont un appui de taille non seulement pour reconnaître les besoins psychologiques des patientes, mais aussi pour créer un environnement de confiance qui facilite l’expression de leurs préoccupations. Un accompagnement émotionnel, en parallèle du suivi médical, est crucial pour optimiser leur parcours de soins.

>> Ensemble, travaillons à créer un environnement où chaque patiente se sent soutenue et entendue, afin qu'elle puisse bénéficier d'une prise en charge optimale.

Sources

[1] https://www.santementale.fr/2023/01/de-la-disparites-des-parcours-de-soins-pour-les-femmes-atteintes-dun-cancer-du-sein-avec-troubles-psychiques-severes/

[2] https://www.ghu-paris.fr/fr/actualites/le-parcours-de-soin-dune-personne-presentant-des-troubles-psychiatriques-et-etant