Un environnement de travail stressant et des horaires à rallonge peuvent constituer des facteurs de risque d’AVC pour vos équipes. Le fait de prendre en compte cette pathologie en entreprise permet de réagir rapidement en cas de problème et d’anticiper le retour d’un salarié victime d’un AVC. Explications.
Un accident vasculaire cérébral (AVC) se caractérise par une lésion d’une partie du cerveau à la suite de l’obstruction ou la rupture d’un vaisseau. Il s’agit d’une pathologie grave qui peut se décliner de trois façons différentes [1] :
- L’AVC ischémique (85% des cas) concerne une artère ou un vaisseau obstrués ;
- L’AVC hémorragique (15% des cas) est le plus souvent dû à une rupture d’anévrisme ;
- L’accident ischémique transitoire (AIT) est une forme légère d’AVC causée par l’interruption temporaire du débit sanguin dans une partie du cerveau. Il n’y a aucune séquelle et l’AIT peut passer inaperçu, mais il annonce un risque plus grave d’AVC.
Les chiffres de l’AVC
Chaque année, près de 150 000 personnes sont victimes d’un AVC en France [2]. Parmi elles, 110 000 nécessitent une hospitalisation et 30 000 en décèdent. L’AVC représente la 1re cause de mortalité chez les femmes (lire ci-dessous) et la 3e pour les hommes. Près de 70% des victimes d’AVC déclarent vivre avec des séquelles [3].
Parmi les principaux facteurs de risque, on retrouve les éléments suivants [4] :
- Le tabagisme ;
- Une importante consommation d’alcool ;
- La sédentarité ;
- L’obésité ;
- L’hypertension artérielle ;
- Le diabète ;
- Un taux trop élevé de cholestérol ;
- L’hérédité ;
- Certaines maladies cardiaques comme la fibrillation auriculaire ou atriale : trouble du rythme cardiaque ;
- La prise de certains médicaments comme la prise à long terme des traitements hormonaux de la ménopause.
- Le risque augmente également avec l’âge.
Certaines séquelles d’un AVC peuvent avoir de lourdes conséquences sur la vie quotidienne, à savoir [5] :
- Une hémiplégie (paralysie de la moitié gauche ou droite du corps) ;
- Une aphasie (perte totale ou partielle de la capacité à communiquer par le langage) ;
- Des troubles de la sensibilité (fourmillements, sensations de brûlure, insensibilité au toucher…).
Un AVC se manifeste soudainement et brutalement. Parmi les signes les plus fréquents d’un accident vasculaire cérébral, on retrouve :
- Une paralysie ou une faiblesse musculaire d’un côté du corps ;
- Une déformation au niveau de la bouche (un sourire asymétrique, par exemple) ;
- Des difficultés soudaines d’élocution ou des propos incohérents ;
- Une perte totale ou partielle de la vision ;
- Des maux de tête violents ;
- Un engourdissement ou des troubles de l’équilibre.
Si un ou plusieurs de ces symptômes apparaissent brutalement, contactez immédiatement le 15 (SAMU).
D’après Santé Publique France, l’incidence des AVC augmente auprès des populations âgées de moins de 65 ans [3]. Les employeurs doivent ainsi prévoir la prise en charge de cette pathologie au sein de leur entreprise (lire ci-dessous).
Par ailleurs, le temps de travail a une incidence sur le risque d’AVC. Selon une étude internationale menée en 2019 et publiée par la revue « Stroke » de l’American Heart Association [6], le risque d’AVC est augmenté de 29% pour les personnes qui travaillent plus de 10 heures par jour pendant au moins 50 jours par an.
Au-delà de 10 années, le risque est augmenté de 50% pour les salariés exposés à ce rythme de travail.
En France, les femmes sont particulièrement exposées au risque d’AVC. Il s’agit d’ailleurs de la première cause de mortalité féminine dans l’hexagone, avec plus de 18 000 décès constatés chaque année et 1 femme sur 4 qui sera victime d’un AVC au cours de sa vie, à partir de l’âge de 25 ans [7].
Certains facteurs de risque sont spécifiques aux femmes, notamment lors de la grossesse (le diabète gestationnel, par exemple), de la ménopause ou de la prise de la pilule contraceptive associée au tabagisme.
Sensibiliser le grand public et réduire de 80% le nombre d’AVC féminins d’ici 2030, tels sont les engagements pris par le collectif « Femmes et AVC », créé par Sophie Amarenco et Réjane Lacoste en 2021.
Pour mener à bien ses missions, le collectif mène des campagnes de prévention et fait la promotion du dépistage, en proposant un test en ligne permettant d’évaluer son niveau de risque.
>>Pour aller plus loin, consultez notre article sur la santé des femmes au travail
Comme évoqué ci-dessus, un AVC peut causer des handicaps sévères aux victimes, entrainant de façon indirecte un préjudice pour l’entreprise. Enjeu de santé majeur, la prévention de l’AVC doit faire partie intégrante de la politique de santé au travail des employeurs.
Ces derniers ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation de leurs salariés à travers différentes actions, par exemple :
- Fournir de la documentation (dépliants, brochures informatives…) sur le risque d’AVC, l’alimentation, le sommeil ;
- Inciter les équipes à pratiquer une activité physique (organisation de cours collectifs, aménagement d’un espace dédié, participation financière de l’entreprise pour des abonnements sportifs…) ;
- Mener des opérations de prévention sur les conduites addictives ;
- Mettre en place des actions visant à réduire le stress au travail.
Il est aussi primordial de sensibiliser vos salariés :
- à identifier les différents signes d’un AVC ;
- à l’importance d’une prise en charge rapide sur le lieu de travail pour réduire le risque de mortalité et de séquelles.
- Privilégiez une alimentation équilibrée avec une consommation d’alcool modérée ;
- Pratiquez une activité physique régulière ;
- Surveillez votre poids ;
- Arrêtez de fumer.
S’il n’existe pas de procédure à proprement parler, certaines bonnes pratiques permettent d’accompagner les salariés victimes d’un AVC lors de leur retour en entreprise [8].
La première étape est de maintenir un lien pendant l’arrêt maladie, ce qui facilitera la reprise du travail. Le rôle du médecin du travail est ensuite déterminant. À l’occasion de la visite de pré-reprise, ce dernier pourra évaluer l’aptitude du salarié au poste qu’il occupe et proposer des mesures adaptées, comme un temps partiel thérapeutique.
La visite de reprise auprès d’un médecin du travail est obligatoire (sous 8 jours) après une absence de plus de 30 jours.
Une reprise progressive de l’activité professionnelle permet au salarié de se réapproprier son emploi dans les meilleures conditions. En tant qu’employeur, il est essentiel de favoriser au maximum un environnement sans stress afin de réduire les risques de rechute. Prévoyez aussi des points réguliers pour ajuster ou faire évoluer les éventuels aménagements de poste mis en place.
En fonction des séquelles, il est également possible d’obtenir le statut de travailleur handicapé ou d’ouvrir un dossier de reclassement professionnel auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) dont dépend le salarié.
Gardez toujours à l’esprit qu’un AVC est une course contre la montre : une prise en charge rapide des victimes permet de réduire le risque de séquelles !
>>Pour aller plus loin, consultez les fiches dédiées aux maladies chroniques sur la plateforme « En forme au travail » d’AXA Prévention.