L’obésité atteignait alors un milliard de personnes dans le monde. La France n’échappe pas aux statistiques, avec huit millions de personnes obèses en 2025, dont 500 000 en situation d’obésité sévère. [24] Pourquoi le monde grossit, et peut-on prévenir l’obésité ?
47,3%
des Français et des Françaises souffraient de surpoids ou d'obésité en 2020 [2].
L’obésité est une maladie chronique, définie comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ».
Deux indices permettent de distinguer le surpoids de l’obésité : l’indice de masse corporelle (IMC), calculé en divisant le poids par la taille au carré, et le tour de taille. En règle générale :
- on parle de surpoids lorsque l’IMC est supérieur à 25 et/ou si le tour de taille dépasse 80 cm pour une femme et 94 cm pour un homme ;
- il peut s’agir d’obésité lorsque l’IMC atteint 30 ou plus et/ou le tour de taille dépasse 88 cm chez une femme et 100 cm chez un homme. [4, 5]
Chez les enfants, l’âge et le sexe sont pris en compte dans le calcul de l’IMC : il est préférable de se référer au carnet de santé et bien entendu, au pédiatre. [4]
Le surpoids et l’obésité pourraient concerner un adulte sur deux dans le monde en 2050, sans action immédiate [25]. En France, une personne sur deux est confrontée au surpoids et une personne sur six à l’obésité [25]. L’obésité a explosé en 20 ans, passant de 8,5% en 1997 à 18,1% en 2024.
Ces chiffres varient fortement en fonction des zones géographiques et des réalités socio-économiques. [2, 6, 20] Les personnes les plus concernées par le surpoids sont : [6]
- les hommes, avec un taux de surpoids de 53,5% contre 41,3% des femmes ;
- les personnes vivant en Outre-mer, dans les Hauts-de-France et dans la région Grand Est, avec des taux d’obésité dépassant les 20% ; [6, 7]
- les personnes âgées, avec une prévalence de surpoids passant de 23,2% pour les 18-24 ans à 57,3% à plus de 65 ans ;
- les ouvriers et ouvrières à 51,1% vs 35% des managers.
Les moins de 18 ans sont frappés par une augmentation plus rapide de l’obésité, en particulier les enfants dont les parents ont un diplôme inférieur au bac dont un quart est en surpoids [8]. L’obésité infantile morbide s’est ainsi multipliée par sept en France entre 1997 et 2020, et devrait encore s’accroître de 60 % d’ici à 2030 dans le monde. [2, 16]
L’obésité a des répercussions multiples sur l’état de santé : diabète, hypertension, risque cardiovasculaire, maladies hépatiques, rénales et respiratoires, complications dermatologiques ou articulaires, etc. [3] 18 000 nouveaux cas de cancers liés à l’obésité sont ainsi recensés chaque année. [17] L’espérance de vie mondiale devrait réduire de 2,7 ans dans 30 ans en raison de l’obésité. [21]
En France, la prise en charge de l’obésité est graduée. Les soins de premiers recours concernent le repérage et le suivi, avec notamment le médecin traitant. Les soins de deuxième recours impliquent les spécialistes de la nutrition et de l’endocrinologie, avec une prise en charge médicale voire chirurgicale dans des établissements de santé adaptés. En cas de sévérité ou de complexité de l’obésité, les soins de troisième recours sont assurés dans des centrés spécialisés d’obésité (CSO). [23]
À ce jour, aucun médicament contre l’obésité n’est remboursé par la sécurité sociale en France.
L’obésité est une maladie complexe, multifactorielle et inégalitaire.
- Certaines causes relèvent de la génétique ou de l’épi-génétique : le risque de souffrir d’obésité est deux à huit fois plus important si d’autres membres de la famille sont concernés.
- Les facteurs environnementaux jouent également un rôle : exposition à des polluants, travail de nuit perturbant l’horloge biologique, tabagisme pendant la grossesse, etc. [3]
- Les modes de vie modernes sont largement mis en cause : alimentation industrielle, substituts à l’allaitement maternel, prix élevé de l’alimentation saine, sédentarité liée aux jeux vidéo ou à la télévision, modes de déplacement ne favorisant pas l’activité physique, etc. [1, 3]
˃˃ En savoir plus sur la sédentarité
L’OMS appelle les pays à agir, pour rendre l’alimentation saine accessible à tous, limiter la commercialisation d’aliments ultra-caloriques destinés aux enfants, taxer les boissons sucrées, restreindre le marketing alimentaire, inciter aux déplacements en vélo ou à pied, faire de la prévention à l’école, etc. [1, 9]
Si l’enjeu est collectif, il est toutefois possible d’agir sur certains déterminants du surpoids et de l’obésité pour protéger sa santé. Le meilleur interlocuteur reste le médecin ! Il existe toutefois d’autres ressources utiles comme :
- le site mangerbouger.fr qui regorge d’outils pour évaluer son niveau de sédentarité ou fabriquer des menus équilibrés [11] ;
- le Nutriscore qui aide à repérer les aliments trop riches en acides gras saturés, sucre ou sel, pendant les courses [12] ;
- la ligne d’écoute de la Ligue nationale contre l’obésité pour obtenir des conseils ; [13]
- le programme national « Mission : retrouve ton cap » qui propose aux 3-12 ans un panier de soins gratuit contre l’obésité infantile pendant deux ans. 82% des petits participants ont déjà changé une habitude de vie. [10, 14]
La recherche française étudie également le poids des inégalités sociales de santé et des milieux de vie dans le surpoids et l’obésité. Des projets de prévention proposent d’encourager l’activité physique dans les collèges, activer des leviers municipaux, ou encore accompagner le choix d’aliments adaptés dans les quartiers défavorisés. [22]
˃˃ En savoir plus sur l’alimentation émotionnelle
Enfin en 2025, la Haute autorité de santé (HAS) promeut le dépistage du surpoids et de l’obésité chez la femme, à chaque étape de la vie. Parmi les dix axes identifiés, la prévention du surpoids et de l’obésité des femmes inclut une attention aux vulnérabilités sociales et aux violences, la mise en place d’un projet personnalisé avec le médecin en cas de diagnostic de surpoids, l’anticipation des grossesses ou encore l’accompagnement de la ménopause. [19]
Moins connue et pourtant ravageuse : la discrimination est un autre dommage dont souffrent les personnes obèses, en particulier dans l’espace public et dans les domaines scolaire ou professionnel.
En 2020, 36% des personnes en situation d’obésité massive et 26% en obésité sévère déclaraient souffrir ou avoir souffert de discrimination, contre 16% pour la population générale. Ces chiffres sont aggravés en fonction du genre : ils s’élèvent à 44% des femmes adultes en situation d’obésité massive, et 54% des jeunes filles obèses de 14 à 17 ans. [15]
La grossophobie a des conséquences psychologiques et sociales importantes : perte d’estime de soi, risque de dépression, désocialisation pour les adultes et la déscolarisation pour les enfants, etc. Elle peut même augmenter les troubles du comportement alimentaire. [16]
˃˃ En savoir plus sur les épisodes dépressifs chez les jeunes
La journée mondiale contre l’obésité chaque 4 mars est l’occasion de se mobiliser contre cette maladie, mais aussi tous les stéréotypes qui y sont associés !
[1] OMS, https://news.un.org/fr/story/2022/03/1115672
[2] Inserm, 20 février 2023, https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux concerne/46494/
[3] Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/obesite/
[4] Ligue contre l'obésité, https://liguecontrelobesite.org/fr/obesite-le-grand-mensonge/
[5] Assurance maladie, https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/surpoids-obesite-adulte/calcul-imc-bilan-medical
[6] Fontbonne, A.; Currie, A.; Tounian, P.; Picot, M.-C.; Foulatier, O.; Nedelcu, M.; Nocca, D. Prevalence of Overweight and Obesity in France: The 2020 Obepi-Roche Study by the “Ligue Contre l’Obésité”. J. Clin. Med. 2023, 12, 925. https://doi.org/10.3390/jcm12030925 , https://www.mdpi.com/2077-0383/12/3/925
[7] Ministère de la santé, https://sante.gouv.fr/systeme-de-sante/strategie-nationale-de-sante/priorite-prevention-rester-en-bonne-sante-tout-au-long-de-sa-vie-11031/priorite-prevention-les-mesures-phares-detaillees/article/obesite-prevention-et-prise-en-charge
[8] Programme national nutrition santé 2019-2023, https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf
[9] OMS, recommandations de l’OMS sur la commercialisation des aliments et boissons non alcoolisées aux enfants lors de la 63e Assemblée mondiale de la santé en
mai 2010
[10] Ministère de la santé, https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/lancement-par-m-francois-braun-et-m-jean-christophe-combe-d-une-mission-sur-la
[11] Manger bouger, mangerbouger.fr
[12] Santé publique France, https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/articles/nutri-score#block-322595
[13] Ligue contre l'obésité https://liguecontrelobesite.org/fr/concerne-par-lobesite/
[14] Ameli, https://www.ameli.fr/index.php/medecin/sante-prevention/enfants-et-adolescents/prevention-du-surpoids-et-de-l-obesite-infantile/mission-retrouve-ton-cap-prevention-obesite-infantile
[15] Ligue contre l'obésité, https://liguecontrelobesite.org/app/uploads/2021/03/Odoxa-pour-OBEPI-Discriminations-et-ob%C3%A9sit%C3%A9-2.pdf
[16] Sciences et avenir, https://www.sciencesetavenir.fr/sante/des-discriminations-tous-azimuts-contre-les-obeses-selon-un-sondage_152196
[20] https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/cardiologie/lobesite-une-maladie-complexe
[24] https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/prises-en-charge-specialisees/obesite/
[25] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-vert/sans-une-action-immediate-plus-de-la-moitie-des-adultes-dans-le-monde-seront-en-surpoids-ou-obeses-en-2050-selon-une-etude_7082667.html