Reproduction, cancer, développement de l’enfant : les possibles impacts des perturbateurs endocriniens se connaissent chaque jour davantage. Quels sont-ils, et comment limiter son exposition aux perturbateurs endocriniens, en particulier chez les publics les plus à risque ?
160 milliards d’euros
C’est ce que les effets négatifs des perturbateurs endocriniens coûtent chaque année au système de santé européen. [7]
Les perturbateurs endocriniens sont des substances qui génèrent des interférences avec les hormones naturelles. [1] On les trouve partout : dans l’air intérieur, les produits de consommation courante, les emballages, les pesticides, la chaîne alimentaire et même l’eau.
L’exposition aux perturbateurs endocriniens peut nuire à la santé humaine. Ils pénètrent dans le corps humain par voie digestive, respiratoire, cutanée et parentérale (dispositifs médicaux). En se fixant sur les récepteurs hormonaux, ils bloquent et/ou empêchent l’action des hormones, et influent sur leur régulation et leur transport. [1, 2]
C’est pourquoi des organismes comme Santé Publique France et l’Anses en assurent la surveillance en continu. [2, 7]
Il existe de multiples perturbateurs endocriniens, dont certains sont particulièrement connus et étudiés. [1]
- Les bisphénols : retrouvés dans les plastiques, ils affectent les hormones sexuelles, la thyroïde, les fonctions cardiaque et cognitive.
- Les phtalates : présents dans les matériaux de bricolage, les cosmétiques, les jouets et textiles, ils interfèrent avec la fertilité et le développement fœtal.
- Les composés perfluorés (PFC) : toxiques pour la reproduction, la croissance et la thyroïde, ils persistent dans les ustensiles de cuisine, textiles et emballages.
- Les polychlorobiphényles (PCB) : malgré leur interdiction depuis 1987, ces polluants organiques subsistent dans l’air, les sols et les liquides biologiques. Ils sont incriminés dans l’autisme, les troubles et déficits cognitifs.
- Les retardateurs de flamme (RDF) : encore présents dans certains articles de puériculture, ils ont des effets neurotoxiques dès la grossesse.
- Les pesticides : une dizaine de pesticides sont classés perturbateurs endocriniens par l’Agence européenne des produits chimiques. L’exposition pendant la grossesse est particulièrement critique.
- Les conservateurs : les cosmétiques et les préparations alimentaires en contiennent, malgré la limitation des parabènes qui altèrent la fécondité.
L’impact des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine prend notamment la forme de maladies non-transmissibles. [1, 2]
Les effets les plus connus concernent la santé reproductive. Cela recouvre des symptômes nombreux tels que la cryptorchidie (trouble de la descente du testicule), l’endométriose, la puberté précoce et une baisse de la fertilité. On observe en France une diminution de moitié de la qualité du sperme. Un couple sur six aura besoin de recourir à la fertilité assistée. [1, 3]
D’autres effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont documentés :
- les cancers hormono-dépendants des ovaires, testicules, prostate et du sein ;
- le diabète de type 2 et l’obésité [3] ;
- les pathologies cardiovasculaires, l’hypertension et la pression artérielle ;
- les atteintes du système neuropsychique (autisme, Alzheimer, Parkinson, hyperactivité, déficit d’attention, baisse de QI, etc.) ;
- l’asthme ;
- les désordres immunitaires ;
- les perturbations de la thyroïde [3].
>> Lire notre article sur l’impact des microplastiques sur la santé
Les perturbateurs endocriniens peuvent impacter le fœtus avant même la conception et pendant la grossesse. Ils se transmettent au jeune enfant par l’allaitement. [1] Aussi, les femmes enceintes, les enfants de moins de trois ans et les adolescents en période de puberté constituent des publics à protéger de l’exposition aux perturbateurs endocriniens, du fait des modifications hormonales propres à ces périodes de la vie. [1, 5]
Chez le fœtus, les perturbateurs endocriniens augmentent les risques de naissance prématurée, de faible poids, d’obésité et de diabète. [5]
Chez l’enfant, les perturbateurs endocriniens peuvent engendrer des troubles du neuro-développement, tels que les troubles du comportement, le déficit intellectuel, et le déficit d’attention. [2]
À l’adolescence, une puberté précoce peut apparaitre, en particulier chez les filles. [5]
L’apparition des cancers du sein, de la prostate, des testicules et de l’utérus, ainsi que de lymphomes et de leucémies chez l’enfant, peut également être associée aux perturbateurs endocriniens. [2, 3]
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a par exemple confirmé le caractère cancérogène de perturbateurs endocriniens présents dans des traitements hormonaux et des contraceptifs oraux, mais aussi dans l’alimentation du fait de contaminations environnementales. [3, 5]
Outre ces effets directs, les perturbateurs endocriniens augmentent les facteurs de risque de cancer, en favorisant l’obésité ou la puberté précoce. [5]
La limitation de l’exposition aux perturbateurs endocriniens permettrait d’en réduire l’imprégnation. Il est notamment recommandé de [1, 5] :
- aérer le logement ;
- consommer des aliments d’origine biologique ;
- privilégier le « fait maison » aux produits transformés ;
- lire les étiquettes (produits ménagers, jeux pour enfants, cosmétiques) ;
- éviter de faire chauffer des aliments dans des contenants en plastique ;
- nettoyer la maison avec des produits bruts (vinaigre blanc, bicarbonate de soude, etc.) plutôt que des produits chimiques ;
- éviter les parfums et les teintures pour cheveux.
Pour en savoir plus, vous pouvez également évaluer votre niveau d’exposition aux perturbateurs endocriniens via un questionnaire disponible par QR code. [6]