La pollution sonore, ou nuisances sonores, résulte d’une exposition régulière et/ou répétée, non intentionnelle, à des bruits de volume modéré, causant des troubles auditifs et extra auditifs, c’est-à-dire allant au-delà de l’audition. [3] Elle s’inscrit ainsi dans une série de nuisances, telles que la pollution atmosphérique ou l’exposition à des fortes chaleurs.
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En France, la pollution sonore provient le plus souvent de trois sources d’exposition principales : [2]
- les transports aérien, routier et ferroviaire,
- le voisinage,
- les activités, telles que la production d’énergie éolienne ou les livraisons par exemple. [6]
L’exposition au bruit touche certains publics plus spécifiquement. Le phénomène est plus important en ville. Ainsi, 40% des personnes vivant dans des communes de plus de 250 000 habitants sont exposées à plus de 60 décibels par jour, en raison du trafic routier. [1] Par ailleurs, les enfants, personnes âgées, et les personnes socialement défavorisées seraient les populations les plus sensibles au bruit. [4]
La pollution sonore dépend pour partie de caractéristiques mesurables liées au bruit, telles que l’intensité en décibels, la durée, la fréquence en hertz. Elle dépend aussi des perceptions individuelles et subjectives : le bruit est-il subi, est-il possible d’intervenir, est-il lié à quelque chose d’utile, etc. ? [3]
En fonction de ces facteurs, il est courant de l’associer à une sensation de gêne [7].
Toutefois, au-delà de la simple « sensation désagréable », la pollution sonore constitue une réelle question de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé considère ainsi le bruit comme un facteur environnemental menaçant, engendrant une réduction de l’espérance de vie en bonne santé équivalente à 1,6 millions d’années, chaque année, pour la seule Europe de l’Ouest. [4]
Ces effets pour la santé se traduisent au niveau auditif, mais aussi extra-auditifs.
Les effets extra auditifs de la pollution sonore peuvent être objectifs, tels que des déficits cognitifs, et subjectifs, comme un changement d’attitude ou de comportement social. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) distingue des impacts immédiats, à moyen ou à long terme. [1, 4]
Parmi les impacts de la pollution sonore les plus documentés, on retrouve les perturbations du sommeil. Le bruit peut engendrer un retard d’endormissement, des éveils nocturnes, un réveil prématuré ou encore altérer les phases de sommeil. Ces perturbations se font au détriment de la fonction réparatrice du sommeil, peuvent affecter le bien-être ou l’attention et provoquer somnolence ou diminution des performances au travail dans la journée. [3, 8]
Autre risque associé à la pollution sonore, concernant principalement les enfants : le retard dans les apprentissages. Le bruit peut en effet dégrader les capacités de lecture, de mémoire et d’attention des enfants, au détriment de leur capacité à apprendre. [3]
Enfin, la pollution sonore peut avoir des effets psychologiques. Les familles exposées au bruit des transports seraient ainsi davantage sujettes à des signes de dépression et d’anxiété. [3]
Il est connu que certains métiers prédisposent au bruit ; c’est le cas des métiers ouvriers ou du secteur du BTP. Mais le développement du télétravail a également fait évoluer l’exposition à la pollution sonore au travail.
64% des télétravailleurs indiquent que l’environnement sonore moins bruyant est un facteur important pour décider de télétravailler et 75% d’entre eux indiquent être gênés par des nuisances sonores. [5, 7]
Les télétravailleurs hybrides, c’est-à-dire travaillant au moins deux ou trois jours par semaine à distance, représentent une nouvelle catégorie de travailleurs fortement exposée à la pollution sonore. En effet, l’alternance d’environnements sonores liée au mode de travail hybride peut augmenter l’exposition à la pollution sonore. 26% des télétravailleurs hybrides déclarent être gênés par le bruit. [5, 7]
Concrètement, la pollution sonore peut affecter la charge mentale des travailleurs, avec des effets concrets tels que la difficulté à suivre des conversations, la fatigue ou encore le stress, voire même dans certains cas des troubles du sommeil et de la souffrance psychologique. Enfin la pollution sonore nuirait aux relations au travail, pouvant être à l’origine de tensions ou de conflits. [5]
La loi protège les habitants de la pollution sonore provoquée par des troubles du voisinage. Au domicile, ce sont les maires qui ont la responsabilité d’assurer la qualité de l’environnement de vie des habitants. Ils peuvent aider à lutter contre les nuisances sonores liées aux voisinages, mais également aux activités (organiser des livraisons silencieuses, réglementer les horaires, etc.) [9, 10]
Au travail, la loi oblige les employeurs à évaluer et prévenir les risques associés au bruit. Les entreprises peuvent ainsi acheter des machines silencieuses, insonoriser des locaux ou encore protéger les travailleurs exposés. [11]
Préserver son audition, c’est également protéger sa santé mentale ! La recherche scientifique semble prôner les moments de silence, à même de diminuer le stress. [12] Et si c’était le moment de s’offrir… un petit instant de quiétude ?
[3] https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=ad1211013.pdf
[5] Enquête « Bruit, santé auditive et qualité de vie au travail, vague 7 », Ifop pour la JNA, 2023.
[6] https://www.bruit.fr/images/cidb/nos-publications/Guide_Le_maire_et_les_bruits_de_voisinage_2022.pdf
[7] Enquête « Bruit et santé, les décibels de la discorde », Ifop pour la JNA, 2022
[8] https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/bruit-sante/effets-du-bruit-sur-la-sante
[10] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F612