Des gestes répétitifs, le port de charges lourdes, ou encore la station debout… Pour de nombreuses salariées, l’environnement de travail encore trop synonyme d’accident ou de maladie professionnelle. Quelles sont les affections les plus fréquentes et comment prévenir les risques de façon efficace ? Réponses et analyses.
Les femmes sont en moyenne deux fois plus exposées aux troubles musculosquelettiques (TMS) que les hommes [1]. Les TMS regroupent les pathologies qui affectent les tissus mous présents autour des articulations du dos et des membres.
Les TMS se traduisent par des douleurs et une motricité réduite. Ils concernent généralement les poignets, les épaules, le rachis, les coudes, les genoux ou les pieds.
La surexposition des femmes aux troubles musculosquelettiques s’explique notamment par le fait que les travailleuses sont plus souvent concernées par des gestes très répétitifs et des postures contraignantes.
D’après une étude publiée en mars 2022 par l’Insee [2], les femmes sont aussi concernées que les hommes par la pénibilité due à la station debout ou à une posture pénible et par le port de charges lourdes.
Focus sur les risques liés à la grossesse
Des risques spécifiques concernent les salariées enceintes et peuvent compromettre le bon déroulement de la grossesse et altérer le développement de l’enfant [3]. Il faut ainsi faire attention aux éléments suivants :
- Les nuisances sonores excessives, qui peuvent altérer l’audition du fœtus ;
- Les expositions aux vibrations, à certaines positions (accroupie, penchée), ainsi qu’à des efforts répétés (port de charges…) constituent un risque d’accouchement prématuré ou de souffrance pour le fœtus ;
- La station debout prolongée, source de problèmes de circulation sanguine ;
- Le travail de nuit ;
- L’exposition à une température inférieure à 0°C ;
- Les risques chimiques et biologiques ;
- Les risques radiologiques.
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Selon une enquête de l’ANACT publiée en mars 2022 [4], les accidents du travail pour les femmes sont en hausse de 110% dans les métiers de service, à savoir :
- La santé,
- L’action sociale,
- Le nettoyage,
- Le travail temporaire.
Sur l’ensemble des métiers, une hausse globale de 41,6% des accidents du travail impliquant des salariées a été constatée, ainsi qu’une hausse préoccupante de 41% pour les accidents de travail mortels impliquant les femmes.
L’analyse de la gravité de ces accidents révèle qu’en moyenne, les femmes sont en arrêt de travail plus longtemps que les hommes : 73,8 journées pour les salariées, contre 67,9 journées pour leurs collègues masculins.
Toujours selon les données de l’ANACT, entre 2001 et 2019, les maladies professionnelles ont progressé nettement plus rapidement pour les femmes (+158,7%) que pour les hommes (+73,6%) [4].
Près de 60% des maladies professionnelles concernant les femmes (essentiellement des TMS, lire ci-dessus), sont regroupées au sein de deux secteurs d’activité :
- l’action sociale (métiers du soin, nettoyage, intérim) ;
- les services (commerces et industrie agroalimentaire, supermarchés).
Les accidents de trajet en progression pour les femmes
Plus de la moitié des victimes d’accidents de trajets professionnels (54,2%) sont des femmes. Ce type d’accident est deux fois plus élevé pour les femmes dans les métiers de service.
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En matière d’évaluation des risques en entreprise, l’article L4121-3 du Code du travail [5], impose aux employeurs de tenir compte « de l’impact différencié de l'exposition au risque en fonction du sexe ».
Comme l’a confirmé le législateur, l’approche par genre de la prévention des risques en entreprise semble en effet la plus pertinente. Dans les professions les plus féminisées et les plus exposées aux risques de TMS, des solutions peuvent être mises en place, par exemple :
- Des sièges et des repose-pieds ergonomiques pour les hôtesses de caisse ;
- Des formations spécifiques aux métiers de l’aide à domicile pour la prévention des TMS ;
- Réduire la manutention manuelle de charges lourdes pour les femmes de chambre dans l’hôtellerie, à l’aide d’équipements adaptés (cale-portes, chariots allégés, lève-lits, aspirateurs légers et silencieux…).
Anticiper les risques : les bonnes pratiques
Quelle que soit l’activité de votre entreprise, l’évaluation du risque ne s’improvise pas. Il est nécessaire de respecter quelques étapes, à savoir :
- Évaluer les risques en impliquant les équipes ;
- Établir un plan d’action par poste de travail en fonction des risques identifiés ;
- Mettre en place un suivi du plan d’actions et ajuster au fur et à mesure en fonction des besoins.
L’exemple Danois
Pour améliorer les conditions de travail des salariées, il y a beaucoup de bonnes idées à piocher du côté de nos amis Danois [6]. Le Danemark a en effet l’un des meilleurs taux de satisfaction au travail en Europe et ce pays est précurseur dans de nombreux domaines, tels que l’égalité hommes/femmes ; la conciliation entre vie pro et vie perso ; ainsi qu’en matière d’ergonomie en milieu professionnel.
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[1] https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/pdf/2016-081.pdf
[2] https://www.insee.fr/fr/statistiques/6047741?sommaire=6047805
[3] https://www.inrs.fr/demarche/femmes-enceintes/ce-qu-il-faut-retenir.html
[4] https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043893923
[5] https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/qualite-vie-travail-danemark