Les personnes interrogées dans le cadre de cette étude font état du ressenti d’une pression et d’un stress importants, qui ont tendance à augmenter depuis la crise sanitaire de ces dernières années. Un constat encore plus présent parmi les conducteurs de véhicule de société…
Les Journées de la Sécurité Routière au Travail, organisées cette année du 27 au 31 mai 2024, sont d’ailleurs l’occasion de sensibiliser salariés et indépendants sur les facteurs aggravant l’accidentologie spécifique aux trajets professionnels. Explications...
Le contexte de crise et la santé mentale
Près des deux tiers des Français estiment que le contexte actuel de crise impacte leur santé mentale au quotidien, se traduisant par davantage de stress et de fatigue [1].
Pour la 1re fois depuis sa création, le 19e Baromètre du comportement des Français sur la route d’AXA Prévention, publié en avril 2023, mesurait l’impact de la santé mentale sur la conduite.
Baisse du pouvoir d’achat, réchauffement climatique, situation géopolitique, crise sanitaire… L’étude révèle que les inquiétudes ressenties par les Français impactent leur concentration au volant.
Presque un an après, la situation ne s’est pas vraiment améliorée. D’après les chiffres de Santé Publique France publiés en novembre 2023 [2],
- 16% des Français montrent des signes d’un état dépressif ;
- 23% montrent des signes d’un état anxieux ;
- 71% déclarent souffrir de troubles du sommeil au cours des 8 derniers jours ;
- 10% des personnes interrogées ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année.
Sans surprise, le Baromètre 2023 d’AXA Prévention dédié aux trajets pro établit un constat préoccupant [3] :
- 67% des conducteurs qui effectuent des déplacements professionnels déclarent se sentir stressés en conduisant ;
- Parmi eux, 22% se sentent souvent voire très souvent stressés au volant, soit 2% de plus que pour l’ensemble des automobilistes.
Près d’un tiers (29%) des conducteurs de véhicules de société se sentent souvent voire très souvent stressés au volant. Ce chiffre est en forte augmentation ces dernières années : il était de 14% en 2021 et de 25% en 2022.
>>Conduite et santé mentale : quel impact sur la sécurité routière des Français ?
Le stress que subissent les conducteurs durant leurs déplacements professionnels est directement lié à leur travail, pour 56% d’entre eux. Ce chiffre est encore plus élevé pour les conducteurs de véhicules de société qui sont 66% à partager ce constat.
Les motifs de stress concernent plus particulièrement les éléments suivants :
- La peur d’être en retard à ses rendez-vous professionnels, pour 47% de l’ensemble des personnes interrogées et 53% des conducteurs de véhicules de société ;
- La crainte de ne pas réaliser ses objectifs, pour 11% de l’ensemble des personnes interrogées et 24% des conducteurs de véhicules de société ;
- La pression imposée par la hiérarchie, pour 10% de l’ensemble des personnes interrogées et 22% des conducteurs de véhicules de société.
- L’inquiétude face aux vols de fret et aux éventuelles violences associées. Ces dernières années, ces méfaits se chiffrent à près de 1800 par an, d’après une enquête France Info publiée en janvier 2024, pour des préjudices pouvant atteindre des sommes très élevées, jusqu’à plusieurs millions d’euros, selon les réseaux de malfaiteurs concernés.
Publiée en décembre 2023, une étude réalisée par des chercheurs de Corée du Sud a établi un lien entre la durée des trajets domicile-travail et le risque de dépression [4]. Plus de 23 000 salariés âgés de 20 à 59 ans ont été interrogés dans le cadre de cette enquête. L’analyse des réponses a établi que les salariés effectuant des temps de trajets quotidiens longs (60 minutes et plus) sont 16% plus exposés au risque de ressentir des symptômes dépressifs que ceux dont le trajet est inférieur à 30 minutes.
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Le stress et le climat ambiant relativement morose peuvent jouer un rôle sur les comportements au volant. Deux effets néfastes sont ici constatés :
- La baisse d’attention qui peut être en partie due aux préoccupations ou à la fatigue causées par le stress ;
- La prise de risque qui peut être liée à la crainte d’être en retard ou à la pression de devoir remplir ses objectifs, mentionnée ci-dessus.
D’après le Baromètre 2023, certains comportements à risque sont plus fréquents lors des trajets professionnels que pour l’ensemble des déplacements, à savoir :
- Téléphoner en conduisant (57% des trajets pro contre 47% du total des automobilistes) ;
- Paramétrer le GPS en roulant (46% des trajets pro contre 40% du total des automobilistes) ;
- Changer souvent de file, slalomer entre les véhicules (25% des trajets pro contre 17% du total des automobilistes) ;
- Rouler à 120-130 km/h sur une route limitée à 90 km/h (20% des trajets pro contre 13% du total des automobilistes) ;
- Circuler à 160-170 km/h sur autoroute (13% des trajets pro contre 9% du total des automobilistes).
Le stress au volant joue également sur les incivilités : un conducteur stressé va perdre son calme à la moindre contrariété et peut se montrer agressif envers les autres usagers.
Certaines techniques permettent de mieux gérer votre stress afin d’améliorer votre sécurité, celle de vos passagers et des autres usagers, par exemple [5] :
- Préparer son trajet (itinéraire, trafic, haltes…) ;
- Partir en avance si cela est possible ;
- Programmer de la musique ou un podcast que l’on aime ;
- Adopter une bonne position de conduite (le dos bien droit et les épaules détendues) ;
- Effectuer des exercices de respiration pour se relaxer.
Stress, anxiété, mal-être… Il ne faut pas hésiter à faire appel à un professionnel lorsque la santé mentale impacte les gestes du quotidien.
>>Pour en savoir plus, consultez notre article dédié à la santé mentale : vers quel professionnel se tourner ?
[1] Selon le 19è Baromètre du comportement des Français au volant d’AXA Prévention.
[3] Baromètre 2023 des Comportements sur la route lors des trajets professionnels réalisé par l’Institut Kantar pour AXA Prévention.
[4] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214140523001676?via%3Dihub