Exposition aux pesticides : quels sont les risques et peut-on s’en protéger ?

Malgré les réglementations en France et en Europe, les risques pour la santé associés aux pesticides demeurent, sur le territoire.

Exposition aux pesticides : quels sont les risques et peut-on s’en protéger ?

Malgré les réglementations en France et en Europe, les risques pour la santé associés aux pesticides demeurent, sur le territoire.

En cause : l’exposition multiple aux résidus de ces substances chimiques, dont les conséquences sur la santé sont de plus en plus connues et documentées. Mais alors, comment fonctionne l’exposition aux pesticides et comment la limiter ?

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C’est le nombre de tonnes de pesticides vendues chaque année en France, le deuxième plus élevé en Europe. [1]

Exposition aux pesticides : de quoi parle-t-on ?

Les pesticides recouvrent l’ensemble des produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques utilisés pour lutter contre les « nuisibles » (plantes, insectes, champignons, etc.). On les retrouve également sous le nom d’herbicide, fongicides, insecticides ou encore par typologie (glyphosate, etc.). 

Ils sont utilisés en agriculture, pour l’entretien des parcs et jardins, mais aussi à la maison (traitement des bois, jardin, antiparasitaires pour les animaux de compagnie, etc.). [1]

L’une des spécificités des pesticides est qu’après utilisation, ils subsistent sous forme de résidus. L’exposition aux résidus de pesticides nuit à la santé humaine, au point que 74 % des pesticides ont été retirés du marché au sein de l’Union européenne depuis la mise en place de procédures d’évaluation et mesures réglementaires. À ce jour, environ 400 produits restent en circulation, avec pour objectif de réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici à 2025. [1]

>> Lire notre article sur les polluants éternels

Exposition aux pesticides : les différents types de contacts

L’une des particularités des pesticides, c’est qu’ils s’imposent au vivant à travers une multi-exposition. Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Outre les expositions aux pesticides directes lors de leur utilisation, à la maison ou dans le cadre de l’activité professionnelle, on les retrouve aussi sous forme de résidus. [2] Par exemple, l’alimentation constitue la principale source d’exposition aux pesticides selon l’Organisation mondiale de la santé, par la consommation de produits exposés aux pesticides. De son côté, l’eau représente une part mineure des ingestions, et concerne en France 5 % de l’exposition alimentaire. [2]

L’autre source d’exposition la plus importante est la voie aérienne. L’ingestion est possible dans l’air intérieur par les poussières, et par l’air extérieur, notamment en cas d’épandage de pesticides par des cultures agricoles à proximité…

Des études pour mieux connaître l’exposition aux pesticides

À ce jour, l’usage des pesticides est réglementé. La quantité de résidus de pesticides dans l’alimentation est limitée par la loi et la qualité de l’eau potable est contrôlée. [1]

En revanche, il n’existe pas d’étude sur la qualité de l’air extérieur. Pour remédier à ce manque d’information, les instituts de recherche scientifique multiplient les études.

Récemment, l’Inserm a mis en évidence un risque augmenté de 10% de leucémie pédiatrique chez les enfants de moins de 15 ans vivant dans des zones à forte densité de vignes, en raison de leur exposition aux pesticides. [4]

Une autre étude est menée par Santé publique France et l’Anses dans les zones viticoles et non viticoles des régions Grand Est et Aquitaine. Elle prend en compte pour la première fois l’ensemble des sources d’exposition en mesurant des échantillons divers (air intérieur et ambiant, poussière, urine, cheveux, aliments, etc.). Les résultats seront connus en 2025.  [5]

Risques pour la santé de l’exposition aux pesticides

Au fil des études, les risques des pesticides pour la santé humaine sont de plus en plus documentés.

En effet, en raison de leurs propriétés destructrices d’autres organismes vivants, les pesticides peuvent affecter l’environnement et la santé humaine, à court ou à long terme. Les risques sont aggravés pour certains populations comme les enfants et les femmes enceintes. [3]

À effet immédiat, ils peuvent provoquer des signes d’intoxication tels que des irritations de la peau et des muqueuses, des allergies, des vomissements ou une gêne respiratoire.

À plus long terme, les pesticides sont invoqués dans des cas de cancers (sein, ovaire, prostate ou encore testicule) mais également dans des maladies neurologiques et la maladie de Parkison. Ils présentent des effets de perturbateurs endocriniens et des troubles de la reproduction, et sont associés à des pathologies de la thyroïde et à l’endométriose. [6, 7]

>> Lire notre article sur les perturbateurs endocriniens

Les pesticides représentent également des risques de troubles cognitifs et anxio-dépressifs chez l’adulte, et de troubles du développement chez l’enfant.  [6, 7]

Se prémunir de l’exposition aux pesticides : est-ce possible ?

Pour limiter son exposition aux pesticides via l’alimentation, il est possible de se tourner vers les labels bio et environnementaux.

>> Lire notre article sur les labels bio

En cas d’exposition aux pesticides relative à l’épandage, la loi protège les riverains. Il est possible de : [8, 9]

  • contacter l’exploitation agricole et/ou informer la mairie pour trouver des solutions ;
  • prévenir la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) chargé de contrôler et mettre en place des mesures de prévention ;
  • informer votre médecin, qui pourra alerter l’Agence régionale de santé.

Outre les effets directement imputés aux pesticides, l’exposition à ces produits fait partie d’un cocktail de substances chimiques auquel les êtres humains sont exposés tout au long de leur vie, et dont les effets cumulés peuvent avoir un impact sur la santé. On appelle ce phénomène d’accumulation des expositions l’ « exposome ». [3] Pour rester informé sur la santé environnementale en générale, n’hésitez pas à consulter régulièrement notre rubrique « santé ».

Sources