En matière de prévention, la prise en compte des risques psychosociaux est primordiale. En plus du stress de la conduite et du respect des délais, les chefs d’entreprise du secteur des transports et les indépendants concernés doivent considérer la prévention des risques liés à l’isolement dans l’exercice de leurs métiers…
Les professionnels de la route sont exposés à plusieurs facteurs de risque, aussi bien physiques que psychologiques [1]. Parmi eux :
- Le risque routier professionnel (accident) ;
- Les troubles musculosquelettiques (TMS) ;
>>Consultez notre article dédié au TMS chez les chauffeurs et conducteurs…
- Les pathologies liées à la sédentarité (maladies cardiovasculaires, obésité, cancers…) ;
- Le stress de la conduite (délais à respecter, embouteillages…) ;
>>Consultez notre article dédié à l’impact du stress sur la conduite des pros…
- Les horaires décalés ;
- Le vol de marchandises ;
- Les incivilités et le risque d’agression ;
- L’éloignement avec les proches et le sentiment d’isolement.
… autant d’éléments susceptibles de constituer une charge mentale pour les conducteurs de trajets pro [2]. Sans moyens de prévention efficaces, cette anxiété peut être à l’origine de lourdes conséquences pour leur santé mentale et physique, à savoir :
- La dépression ;
- Des troubles du sommeil ou de l’alimentation ;
- Des ulcères ;
- Un accident vasculaire cérébral (AVC).
Même lorsque ce mode de vie et de travail a été choisi en toute connaissance de cause, nul n’est à l’abri des risques psychosociaux énumérés ci-dessus. Ces derniers peuvent apparaître de manière insidieuse, à plus ou moins long terme.
Il est ainsi important de rester à l’écoute de ses sensations et de consulter un professionnel de santé ou un responsable RH de l’entreprise dès l’apparition des premiers signes d’anxiété.
Risques psychosociaux : qui est concerné ?
Poids lourd, véhicule léger, utilitaire, autocar… Tous les professionnels de la route sont exposés aux risques psychosociaux :
- Les conducteurs de transports en commun et les chauffeurs de taxi ou de VTC sont particulièrement concernés par le risque d’agression ;
- Les routiers et les chauffeurs-livreurs sont soumis à la pression des délais de livraison ;
- Les commerciaux ont quant à eux des objectifs à remplir et des horaires de rendez-vous à respecter sur de vastes secteurs géographiques.
>>Santé mentale en entreprise : lisez notre article sur l’importance de la prévention
En matière de santé mentale, l’isolement inhérent aux métiers des professionnels de la route constitue un risque psychosocial majeur. Il représente également un facteur aggravant pour l’ensemble des risques physiques et psychologiques cité précédemment.
Selon l’INRS, le travailleur isolé réalise « seul une tâche dans un environnement de travail où l’on ne peut être vu ou entendu directement par d’autres personnes, et où la probabilité de visite est faible » [3].
Le conducteur ou la conductrice est effectivement seule(e) en cas de problème, et doit être en capacité de faire face à tous les imprévus qui peuvent survenir, de jour comme de nuit. Il s’agit d’une lourde responsabilité qui demande une vigilance de tous les instants.
La solitude peut aussi accroitre le sentiment d’insécurité : en cas de tentative de vol ou d’agression, le professionnel de la route ne peut compter que sur lui-même pour se protéger et protéger sa marchandise.
Autre enjeu majeur : en cas d’accident, l’isolement peut participer à l’aggravation des dommages physiques ou matériels.
Parmi les professionnels de la route, les chauffeurs routiers sont particulièrement exposés à la solitude et à la sensation d’isolement. Le rythme de travail intense imposé par les longues distances (conduite de nuit, les week-ends et les jours fériés) et l’éloignement avec les proches peut être vécu à la longue comme un véritable isolement social.
Le manque de contacts réguliers peut aussi constituer une source d’ennui pouvant contribuer à une baisse de la vigilance et de l’attention au volant. Afin de lutter contre la détresse psychologique, certains peuvent également se réfugier dans des conduites addictives (consommation d’alcool, de drogues, jeux en ligne…).
Les conséquences liées à la solitude découlent trop souvent d’un manque de prise en compte de l’isolement des professionnels de la route en matière de prévention des risques [3].
Il est donc nécessaire pour l’employeur d’anticiper l’isolement dans le document unique de prévention des risques professionnels de l’entreprise. Il en va de la sécurité et du bien-être de ses équipes déployées sur le terrain.
Cela passe notamment par une meilleure organisation des rythmes de travail, en aménageant des horaires plus réguliers et en informant suffisamment à l’avance le salarié de son planning. Ces dispositions vont lui permettre de mieux organiser sa vie familiale et sociale.
Selon l’article R4543-19 du Code du travail, « un travailleur isolé doit pouvoir signaler toute situation de détresse et être secouru dans les meilleurs délais » [4]. Le DATI (pour Dispositif d’Alarme pour Travailleurs Isolés) est un outil permettant d’organiser l’intervention des secours en cas de problème, soit de manière automatique, soit par déclenchement manuel. L’appareil transmet alors une alerte à une personne ou un service en charge de déclencher les secours immédiatement.
Certaines applications DATI pour smartphone sont d’ailleurs spécialement conçues pour les professionnels de la route, notamment les chauffeurs routiers. Seulement, ces dispositifs ne se suffisent pas à eux-mêmes : ils doivent être impérativement déployés dans le cadre d’une procédure d’organisation des secours établie par l’entreprise [5].
Les outils numériques et les réseaux sociaux permettent de rompre l’isolement et de garder le contact avec ses proches et d’autres chauffeurs. Attention toutefois à l’usage du téléphone au volant, qui représente un danger pour la sécurité routière !
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