Entre les soucis alimentés par le contexte actuel et le temps passé sur le téléphone, l’inattention semble beaucoup trop présente sur la route. À l’origine de nombreux accidents, cette baisse de la vigilance sur les temps de conduite fait partie des premiers risques routiers. Explications et analyse avec les chiffres du Baromètre 2023 d’AXA Prévention.
Pour la première fois, le 19e Baromètre du comportement des Français sur la route publié par AXA Prévention* mesure l’impact du moral sur la conduite. Covid-19, inflation, guerre en Ukraine, réchauffement climatique… Les crises successives traversées ces dernières années impactent considérablement la santé mentale des Français.
Ce climat anxiogène lié aux différentes crises s’ajoute aux multiples facteurs à l’origine du stress, de la fatigue et de la nervosité au quotidien, en particulier dans les zones urbaines.
Les personnes interrogées dans le Baromètre font ainsi le lien entre leur état de santé mentale et la conduite : préoccupés, les Français sont 51% à déclarer que ce contexte de crise augmente leur niveau d’inattention au volant.
L’anxiété constitue un facteur de risque routier supplémentaire. Elle génère potentiellement une baisse de la concentration, comme une augmentation de la fatigue. La raison à cela ? Elle vient soustraire des capacités d’attention à l’activité de conduite, elle-même source de charge mentale, le temps d’un trajet.
Le Baromètre 2023 démontre que le niveau de stress et le sentiment d’insécurité ont augmenté chez les usagers de la route :
- 20% des conducteurs se sentent souvent voire très souvent stressés (contre 17% en 2022) ;
- 51% des trottinettistes partagent ce sentiment de stress (contre 47% en 2022) ;
- 34% des automobilistes se sentent en insécurité lors de leurs déplacements (contre 30% en 2022) ;
- C’est aussi le cas de 54% des usagers d’EDPM (contre 42% en 2022) et de 56% des cyclistes (contre 53% en 2022).
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D’après la dernière mise à jour des résultats de l’étude Coviprev de Santé publique France (11 janvier 2023), la santé mentale des Français s’est significativement dégradée depuis 2020 [1] :
- 24% d’entre eux montrent des signes d’un état anxieux (+ 11% par rapport au niveau d’avant la pandémie) ;
- 17% montrent des signes d’un état dépressif ;
- 69% évoquent des problèmes de sommeil au cours des 8 derniers jours.
Le facteur numéro 1 de l’inattention au volant reste le phénomène d’hyperconnexion, pour lequel le taux record révélé dans le Baromètre 2022 d’AXA Prévention se confirme dans l’édition 2023 :
- 80% des automobilistes interrogés confient utiliser leur smartphone au volant ;
- 83% des trottinettistes et 66% des cyclistes admettent également l’utiliser en roulant.
Le stress et l’usage intensif du smartphone constituent une crise généralisée de l’attention. Qu’ils soient dans leurs pensées, en train de répondre à un appel ou de lire un SMS, de trop nombreux Français détournent leur attention de la route lorsqu’ils sont au volant.
D’après l’ONISR**, le défaut d’attention est mis en cause dans 25 à 50% des accidents corporels [2]. Selon l’Association des sociétés françaises d’autoroute (ASFA), le défaut d’attention constitue la troisième cause d’accidents mortels sur autoroute, juste après la somnolence et la consommation d’alcool ou de drogue [3].
Lorsque notre cerveau est occupé, aussi bien par le « vagabondage de la pensée » lié à ce qui nous préoccupe que par un appel, la conduite passe au second plan [4]. Le traitement des informations extérieures est ainsi limité. Notre vigilance est altérée, tout comme notre temps de réaction ou encore notre champ de vision lorsque l’on a les yeux rivés sur l’écran du téléphone.
Quelle que soit la cause, l’inattention nous empêche de percevoir correctement notre environnement, tel un piéton qui traverse, une voiture qui s’insère dans la circulation ou un cycliste qui change de voie pour tourner.
Lorsqu’il s’agit du téléphone, il est important de réussir à dépasser le besoin d’être constamment disponible et en relation avec les autres pour parvenir à s’abstenir de téléphoner, ou de lire ses messages en conduisant.
Pour ce qui est des préoccupations ou du vagabondage de la pensée, ce n’est pas si évident. Personne ne réagit à l’anxiété ni ne gère le stress de la même façon. Mais le simple fait de prendre conscience que lorsque nous sommes préoccupés, nous sommes plus vulnérables au volant, peut permettre de mieux prévenir les risques.
La technologie peut aussi nous aider à pallier le manque d’attention au volant, notamment via les systèmes d’aide à la conduite présents sur les véhicules récents.
* Étude Kantar réalisée du 11 au 24 janvier 2023 pour AXA Prévention auprès d’un échantillon de 2 287 personnes (âgée de 18 à 75 ans) représentatif de la population française.
** Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
