Les accidents mortels impliquant la consommation de stupéfiants bénéficient d’un large écho médiatique ces dernières années. Au-delà de la rubrique faits divers, il s’agit d’un véritable fléau qui rattrape petit à petit l’alcool en matière de mortalité routière.
Selon la Sécurité routière, plus d’un accident mortel sur cinq implique un conducteur sous emprise, représentant chaque année près de 700 décès. Cette statistique monte à 1 sur 3 la nuit et pendant les week ends.
Le cannabis est la drogue la plus fréquemment retrouvée lors des accidents mortels. Cela se vérifie dans 6 cas sur 10. Selon le dernier Baromètre AXA Prévention (lire ci-dessous), il s’agit également de la drogue la plus consommée avant de prendre le volant par les 18-35 ans.
>>Sécurité routière : le bilan ONISR de l’accidentalité en 2024
Pour sa 21e édition, le Baromètre 2025 du comportement des Français sur la route analyse la consommation de drogues sous l’angle de la sécurité routière. L’usage de stupéfiants, en augmentation en France, a des répercussions très graves en matière d’accidentalité, comme indiqué ci-dessus.
Le Baromètre révèle que 7% des Français ont déjà conduit sous l’emprise de la drogue. Un quart des répondants indiquent par ailleurs connaître au moins une personne qui a déjà pris le volant après avoir consommé des stupéfiants.
Les jeunes âgés de 18 à 34 ans et les conducteurs de véhicules professionnels sont les catégories les plus exposées à la conduite sous stupéfiants avec respectivement 12% et 14% d’entre eux qui admettent avoir déjà conduit sous l’influence de la drogue.
Plus grave encore : 43% des consommateurs âgés de 18 à 34 ans pensent que les substances ont un effet bénéfique sur leur conduite…
Les jeunes âgés de 18 à 34 ans constituent la catégorie la plus exposée au risque mortel dans un accident mêlant conduite et usage de stupéfiants. 58% d’entre eux sont en effet concernés, d’après les chiffres de la MILDECA, la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives [3].
Autres statistiques marquantes, toujours selon la MILDECA : 65% des accidents mortels impliquant un conducteur sous l’emprise de stupéfiants concernent des automobilistes. Ces derniers sont très majoritairement des hommes (91%).
Au même titre que l’alcool, la consommation de drogues représente un véritable risque sur la route. Parmi ses conséquences, on peut citer l’augmentation du temps de réaction et de décision du conducteur, ou encore l’altération de la conscience de son environnement [1].
Les effets sur la conduite peuvent être différents selon les drogues consommées et ils apparaissent souvent méconnus auprès des Français : seulement 54% d’entre eux pensent être suffisamment informés sur leurs effets d’après le 21e baromètre AXA Prévention.
Quelques chiffres
La prise de cannabis multiplie par 1,65 le risque de causer un accident mortel. La nuit, au cours des week-ends, la consommation de stupéfiants est à l’origine d’un accident sur trois, contre un sur cinq le reste du temps. Le mélange drogue et alcool multiplie par 29 le risque de provoquer ou d’être victime d’un accident routier mortel. [1]
L’usage de stupéfiants étant strictement interdit en France, le fait de conduire après avoir consommé de la drogue est tout aussi illégal, quelle que soit la quantité ingérée. S’il s’agit d’une logique implacable au regard de la loi, cela ne constitue pas forcément une évidence pour tous les usagers.
Le nombre de délits routiers liés à la consommation de drogues est en effet en augmentation constante ces dernières années, en lien avec un renforcement des contrôles effectués par la police en zone urbaine et la gendarmerie en zone rurale.
D’après une enquête menée par France Info, le nombre de ces délits a plus que doublé en 6 ans [4]. En 2017, 55 398 délits liés à la conduite sous l’empire de la drogue avaient été enregistrés, contre 126 526 en 2023.
Cette augmentation est liée à la multiplication des tests de dépistage – notamment salivaires - réalisés sur le terrain, à la demande du ministère de l’Intérieur. Près d’un million de tests ont été pratiqués en 2023, soit 200 000 de plus qu’en 2022.
Il y a toutefois une bonne nouvelle par rapport à ces opérations de dépistage : le taux de contrôles positifs est en baisse avec 13,7% de tests positifs constatés en 2023 contre 16% un an auparavant.
Rappelons que le dépistage de drogue est obligatoire en cas d’accident mortel ou corporel de la route.
>>La prise de médicaments peut aussi avoir des effets à risque sur la conduite, consultez notre article
Les peines encourues pour conduire après avoir consommé de la drogue peuvent aller jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 4500 € d’amende. Votre permis de conduire est quant à lui délesté de 6 points [5].
Vous encourez également les sanctions suivantes :
- 3 années ou plus de suspension du permis de conduire ;
- L’annulation du permis et jusqu’à trois ans d’interdiction de repasser l’examen ;
- Une peine de travail d’intérêt général ou de jours-amende ;
L’interdiction de conduire certains véhicules pour une durée de 5 ans ou plus ;
- La confiscation de votre véhicule ;
- Le financement, à vos frais, d’un stage de sensibilisation.
Dérivé du cannabis, le CBD (cannabidiol) est en vente libre en France. De ce fait, aucune réglementation n’interdit aux automobilistes de prendre le volant après en avoir consommé [6 et 7].
Cependant, il existe deux points de vigilance à observer lorsque l’on s’apprête à utiliser son véhicule sous CBD. La première est d’attendre environ six à sept heures avant de conduire en raison de l’état de somnolence que peut provoquer la prise de CBD.
Le deuxième concerne les traces de THC – substance contenue dans le cannabis dont la consommation est interdite en France - qui peuvent subsister dans le CBD. Ce dernier est considéré comme légal, à condition que la teneur en THC soit inférieure à 0,3%. En cas de contrôle, un test salivaire peut donc se révéler positif au cannabis, même s’il s’agit de CBD !
Le protoxyde d’azote (ou gaz hilarant) constitue quant à lui un véritable fléau, notamment auprès des jeunes, qui en consomment de plus en plus. Sans parler des dommages très graves que cette drogue peut avoir sur la santé (étourdissements, perte de connaissance, troubles neurologiques et psychiatriques, risque d’AVC…), les conséquences sur la conduite sont alarmantes.
Selon le dernier baromètre AXA Prévention, 9% des 18-34 ans a déjà consommé du protoxyde d’azote avant de conduire, soit quasiment 1 jeune sur 10.
Les conducteurs ayant consommé sont ici exposés au risque de perdre le contrôle total de leur véhicule, mettant en danger leur vie, celles de leurs passagers et des autres usagers de la route. Aujourd’hui, le principal problème est sa détection qui reste difficile lors de contrôles.
Pour en savoir plus autour des stupéfiants et de ses dangers sur la conduite, écoutez notre podcast dédié sur le sujet.
Vous êtes automobilistes ou usagers de mobilités : pour adopter les bons réflexes, découvrez également notre nouveau module de formation dédié à la conduite responsable.
Enfin, consultez notre nouveau guide publié avec Michel Lejoyeux « reconnaissance et prévention des addictions » au sein de notre rubrique « guides gratuits ».
[1] https://www.securite-routiere.gouv.fr/dangers-de-la-route/la-drogue-et-la-conduite
[2] https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/etudes-et-recherches?field_theme_target_id=623
[5] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2886
[6] https://www.drogues.gouv.fr/le-cbd
[7] https://www.40millionsdautomobilistes.com/fiche-pratique/cbd-et-conduite-quels-sont-les-risques

